Une vaste campagne de soutien a été lancée en ligne et à Nanterre, pour soutenir Kai Terada, professeur de mathématiques au lycée polyvalent Juliot-Curie. L’enseignant a été suspendu quatre mois sans que ne lui soit communiqué le motif de cette suspension. Selon Le Parisien, le rectorat de Versailles explique avoir pris cette décision « pour garantir un fonctionnement serein du lycée ». Militant syndical historique de l’établissement, Kai Terada y enseigne depuis 2007 et est également co-secrétaire départemental (Sud Éducation) dans les Hauts-de-Seine. « Tout ce que je sais, c’est qu’il ne s’agit pas d’une sanction disciplinaire », a-t-il raconté à notre consœur du Parisien.

Suite à cette suspension dont l’enseignant a pris connaissance, trois jours après la rentrée, trente-huit de ses collègues du lycée Juliot-Curie se sont mis en grève, dès le lundi 5 septembre. Figures de proue du mouvement « Touche pas ma ZEP » pour la défense de l’éducation prioritaire dans les lycées, Kai Terada est également un membre actif du Réseau éducation sans Frontières (RESF), « qui défend les droits des mineurs non accompagnés et des jeunes sans papiers ». Maxime Pouvreau, également professeur de mathématiques et militant CGT, se désole : « On a l’impression qu’on s’en prend à un de nos collègues qui s’est toujours battu pour les autres. »

Sur les réseaux sociaux, les messages de soutien affluent. Sur Youtube, une vidéo a même été publiée, dans laquelle des professeurs chantent pour Kai. « On l’a vu faire sa rentrée plein de volonté, puis il a reçu une lettre lui disant d’arrêter », entonnent-ils sur l’air de Siffler sur la colline de Joe Dassin. Avant de continuer en chœur : « Ensemble, mettons fin à cette injuste répression, nous voulons son retour sans aucune condition. » Une pétition a également été lancée dans laquelle on apprend que « même la direction du lycée n’en était pas informée (de la suspension du professeur, Ndlr) ». Dans le texte de présentation de la pétition, Maxime Pouvreau dénonce l’« inacceptable » décision du rectorat de Versailles, « dans le contexte actuel de désaffection du métier d’enseignant·e ». Le personnel du lycée réclame donc « que Kai Terada soit rétabli dans ses fonctions et que le motif de la suspension lui soit communiqué ». Actuellement, la pétition a déjà récolté 5 036 signatures sur les 7 500 espérées. Une cagnotte a également été créée, intitulée « Non à la répression, soutien à Kai Terada », sur laquelle se trouve déjà 7 228 euros qui serviront à « alimenter une caisse de grève ».

Pour les défenseurs du professeur suspendu, pas de doute : « En sanctionnant Kai, la hiérarchie veut faire taire les luttes ». De son côté, le rectorat de Versailles évoque au Parisien des « situations de tension au sein du lycée ». Pour comprendre, il a mandaté une mission de l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR). Plusieurs inspecteurs devraient ainsi rencontrer des représentants de parents d’élèves, des élèves et les équipes pédagogiques. Les arguments avancés par l’Académie ne convainquent pas. Avant-hier, lundi 12 septembre, quelques parents d’élèves et enseignants se sont réunis devant le lycée nanterrien, pour manifester. Sur Twitter, la manifestation est présentée par William Gaune, enseignant, comme une lutte « contre cette abjecte répression syndicale qui est à peine déguisée ». Sous les mêmes hashtag « #soutienaKaiTerada » et « #soisprofettaistoi », une autre enseignante s’inquiète dans un tweet : « Qui sera le prochain ou la prochaine ? ». Si comme nous vous l’apprenions la semaine dernière, la rentrée scolaire s’est bien passée dans certains établissements scolaires du Département, elle aura clairement été mouvementée au lycée Juliot-Curie.