Journées européennes du patrimoine : tous aux parcs !

Les 39e journées européennes du patrimoine (JEP) auront lieu les 17 et 18 septembre 2022. À cette occasion, les Villes organisent de nombreuses animations et visites inédites. L’occasion pour les citoyens de (re)découvrir le patrimoine de leur ville, et plus largement du territoire français et européen, mais aussi de visiter des lieux habituellement fermés au public.

Les journées du Patrimoine, on y participe volontiers sans jamais vraiment savoir l’origine de l’événement. L’aventure commence en 1984, lorsque Jack Lang, alors ministre de la Culture sous François Mitterand, lance une « Journée portes ouvertes dans les monuments historiques ». À l’époque, organisé le troisième dimanche de septembre, l’événement est seulement national. Depuis 1999, sous l’impulsion conjointe du Conseil de l’Europe et de la Commission européenne, le projet devient paneuropéen. Celles qu’on appelle aussi les « European Heritage Days » sont célébrées dans les cinquante États signataires de la Convention culturelle européenne, et voient chaque année plus de 70 000 événements s’organiser à travers l’Europe. À l’échelle nationale, c’est bien le ministère de la Culture qui gère l’événement. Sur le territoire francilien, il est mis en œuvre par la DRAC Île-de-France. Justement, pour l’édition 2022, pas moins de 2 200 évènements ont été organisés dans plus de 1 200 lieux à travers la région. Pour Laurent Roturier, Directeur régional des affaires culturelles d’Île-de-France : « Le programme de cette 39e édition, particulièrement riche avec 125 nouvelles participations en Île-de-France, vous invite à voir ou revoir les joyaux franciliens, mais aussi à vous laisser surprendre par un patrimoine de proximité au foisonnement insoupçonné. »

En effet, tous les ans, une thématique différente est choisie pour les JEP. Pour la 39e édition, c’est le « Patrimoine durable » qui est mis en avant. Sur le site du Conseil européen, on peut lire : « Dans le cadre du changement de l’environnement, le thème commun de la diversité du patrimoine culturel européen et des objectifs de développement durable des Nations Unies à l’horizon 2030 portera sur les personnes et les lieux, la continuité et les enseignements tirés des traditions, les mesures que les organisateurs et les visiteurs peuvent prendre pour être plus respectueux de l’environnement, ainsi que sur la manière dont le patrimoine bâti et naturel contribue à un avenir plus durable ».

Le « Patrimoine durable » fait forcément écho au concept de développement durable… Mais c’est quoi, exactement ? Selon la Commission des Nations Unies pour l’environnement et le développement (CMED), il définit « la satisfaction des besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins ». Une notion qui concerne, à l’échelle départementale, aussi bien les bâtiments historiques que les espaces verts. D’un côté, l’occasion de s’interroger sur « le rôle qu’ils pourraient jouer dans un avenir durable », comme expliqué sur le site www.europeanheritagedays.com. En effet, les monuments qui ont traversé l’Histoire ont un impact « sur la préservation des identités locales », il est donc important de questionner leurs restaurations et nouveaux usages. Un bâtiment comme le château de Malmaison par exemple, dont la construction a débuté au XVIIe siècle, peut-il faire l’objet d’une rénovation tournée vers un urbanisme et des matériaux durables ? À chaque municipalité de s’interroger sur la place de ses bâtiments remarquables dans l’avenir. D’un autre côté, ces journées européennes du patrimoine sont l’occasion de se pencher sur le patrimoine naturel des communes et régions. Dans un environnement très urbanisé, quelle place est laissée à la nature et à la biodiversité ?

Dans les Hauts-de-Seine, la préservation de ce patrimoine naturel a débuté il y a une vingtaine d’années, mais s’est intensifiée l’année dernière. La ferme des Chanteraines à Villeneuve-la-Garenne. L’arboretum de la Vallée-aux-Loups, situé sur la commune de Châtenay-Malabry et classé à l’inventaire des sites pittoresques. Le parc départemental du Chemin de l’Île, à Nanterre. La promenade bleue, créée en 2006, entre le pont de Colombes et Rueil-Malmaison, par le Conseil départemental, dans le cadre du Schéma départemental de gestion durable de la Seine. Le « parc et promenade » départemental Jacques-Baumel à Suresnes… Les espaces naturels des Hauts-de-Seine qui valent le détour et accueillent chaque année des milliers de visiteurs sont nombreux. Le Département est ainsi fier d’annoncer sur son site internet que « un tiers de son territoire » est végétalisé, et que « la moitié de ces espaces de nature présente un intérêt patrimonial ». Le 2 avril 2021 , l’assemblée départementale a approuvé une stratégie dont l’objectif est « de mettre chaque habitant à moins de 15 minutes à pied d’un espace de nature et le connecter à une trame éco paysagère de plus de 3 300 hectares de parcs, jardins, promenades et forêts. » Une plateforme a été créée à l’intention des Alto-séquanais, pour en savoir plus sur les espaces verts déjà existants et « initier une demande de partenariat à la création d’un espace de nature ou d’une liaison verte » près de chez vous. Depuis quelque temps, on voit les acteurs locaux redonner peu à peu de la place à la nature, à l’image du projet pensé pour la dalle de la Défense, « le Jardin », que nous vous présentions en juillet. Aujourd’hui, face aux défis climatiques auxquels fait face la planète entière, le département des Hauts-de-Seine est plus que jamais un territoire en transition.

Pour les journées européennes du patrimoine, c’est donc vers les espaces verts que les Villes vous invitent à vous diriger, entre deux visites de bâtiments historiques. Du côté de Colombes par exemple, le parc Lagravère accueille, le dimanche de 14 h à 18 h, la compagnie de théâtre Acta Fabula. La Seine Musicale, à Boulogne-Billancourt, organise également une journée spéciale 100 % gratuite, le samedi 17 de 11 h à 18 h, « entre architecture et Art contemporain ». Six œuvres des Extatiques, le parcours artistique à ciel ouvert qui a investi l’Esplanade de la Défense depuis le 22 juin et jusqu’au 2 octobre, s’invitent à la fête ! Du côté de Nanterre, c’est aux archives départementales des Hauts-de-Seine que vous attend une expérience inédite ! Une plongée dans l’histoire organisée le dimanche 18, de 11 h à 18 h. Une journée qui sera également rythmée par un Escape game « Archivez-moi ; Archives et moi ; Archives émois », pour « Tout public non claustrophobe et n’ayant pas peur du noir », à partir de 7 ans. (Sur réservation uniquement, au 01 41 37 11 02). À Saint-Cloud aussi, c’est l’histoire – passé et futur – qui est mise en avant, avec une visite guidée du chantier de fouille archéologiques préventive, sur le site du futur musée du Grand Siècle, le samedi 17.

Des événements qui devront évidemment faire attention à leur empreinte carbone, « tout en encourageant les visiteurs à faire des choix éclairés ». Comme indiqué sur le site de l’European Heritage Day, « le Patrimoine durable aborde l’avenir de notre patrimoine culturel commun en examinant les décisions et les choix responsables que nous pouvons tous faire aujourd’hui. » Participer aux JEP 2022, c’est non seulement en apprendre plus sur notre patrimoine culturel départemental, national et européen… Mais aussi prendre conscience de l’importance de notre patrimoine naturel. C’est en se reconnectant à la nature qu’on comprendra l’urgence de sa préservation. « Le développement durable, dans le contexte du patrimoine culturel, est un concept aussi bien social et politique que territorial et économique », affirment les Nations-unies. C’est donc bel et bien une question centrale, que les animations et visites prévues dans le département le week-end prochain, devraient nous inviter à nous poser.

Pour en savoir plus sur le programme des journées européennes du patrimoine, rendez-vous sur www.journeesdupatrimoine.culture.gouv.fr et sur www.hauts-de-seine.fr