Jeudi 25 août, 15 h 30. Les premiers festivaliers récupèrent leur bracelet, et se ruent aussi vite que possible aux devants des cinq scènes disséminées dans le domaine de Saint-Cloud. Quelques heures plus tard, on se rend compte de l’ampleur de l’événement : plusieurs dizaines de milliers de personnes, massées devant la « mainstage », attendent de pied ferme le groupe Arctic Monkeys, tête d’affiche de cette 18ème édition de Rock en Seine.

Une chose est sûre : après deux années d’absences dues au ­Covid-19, le public a répondu présent. Et les chiffres le confirment. 150 000 personnes ont tenu à être de la partie, pour le retour d’un festival plus long (cinq jours avant l’annulation de la journée du lundi, contre trois habituellement), et plus ambitieux (un budget doublé). Les concerts proposés jusqu’au dimanche 28 août en valaient la chandelle : Nick Cave & the Bad Seeds et Tame Impala, pour ne citer qu’eux, ont délivré des performances « qui marqueront l’histoire du festival », souligne-t-on du côté des organisateurs. Entre des scénographies à couper le souffle et une communion vibrante avec le public, difficile de leur donner tort.

150 000 personnes étaient de la partie, pour un festival qui se voulait plus long et plus ambitieux.

Cependant, tout ne fut pas tout rose lors de ces quatre jours de fête. Oui, les files d’attentes pour atteindre le bar et les toilettes sont monnaies courantes en festival. Cependant le phénomène fut particulièrement exacerbé lors de cette édition, en particulier le premier jour, dont l’organisation a fait grincer des dents. C’est surtout la fameuse « golden pit » qui aura marqué les esprits. Et pas dans le bon sens.

Contre un supplément de 20 euros, chaque festivalier pouvait avoir accès à une zone réservée, aux premières loges devant la grande scène. Rien de choquant jusque là, le phénomène étant déjà démocratisé dans d’autres festivals ou concerts. Seulement voilà, cette fameuse « fosse VIP» occupait la moitié avant de la « mainstage », de quoi donner un contraste curieux entre les fans massés sur la gauche, et les quelques VIP parqués dans un enclos à droite. De quoi ­déclencher l’ire des détenteurs d’un billet classique, à l’image de Thomas, déçu que « les riches et les influenceurs se retrouvent devant et les autres derrière ». « C’est vraiment du gâchis, peste de son côté Emma. Ça casse l’ambiance d’avoir une fosse à moitié vide, surtout dans un festival de rock ». Si les organisateurs y voyaient une façon de « proposer une expérience plus ambitieuse pour un certain nombre de spectateurs », pas sûr que le système soit reconduit lors de la prochaine édition, du 25 au 27 août 2023.

Crédits photo : Christophe Crénel-26