Attention, cet article évoque des sujets sensibles qui pourraient heurter la sensibilité de certaines personnes.

Elles sont trente-deux. Trente-deux femmes qui témoignent contre la même clinique, un établissement privé détenu par le groupe Ramsay Santé et situé à Antony (Hauts-de-Seine). Toutes déclarent, dans leur témoignage recueilli par le collectif Stop VOG, avoir été victime de violences obstétriques. Quinze d’entre-elles citent un seul et même gynécologue obstétricien. Dans le passé, d’après Le Parisien, ce médecin avait déjà été accusé d’« agression sexuelle », par une jeune femme de 34 ans. En juillet 2016, il avait, pour ces faits, été condamné par le tribunal correctionnel de Nanterre à 8 mois de prison avec sursis.

C’est une bien sombre histoire qui a été mise en lumière d’abord sur le réseau social Instagram . Sur sa page, le collectif Stop aux violences obstétriques et gynécologiques publiait, en mai dernier, des premiers témoignages glaçants. « La sage-femme me dit de pousser et d’écouter le docteur, mais il ne me parlera jamais. (…) Il utilise les forceps avec une telle brutalité que j’ai failli mourir de douleur. (…) J’ai vécu “une expérience de mort imminente” », raconte une femme, venue accoucher dans la clinique en question en 2015.
Sept ans plus tard, une autre future maman raconte une expérience étrangement similaire : « La sage-femme a à peine le temps de me dire que ma fille Louise a besoin d’aide pour sortir qu’il m’enfonce les spatules des forceps avec une telle violence que je me mets à hurler. […] Heureusement que je suis infirmière, que je connais le bruit des forceps et que je sais ce qu’est une épisiotomie, car le gynécologue ne me parle toujours pas. »
« Un vieux de la vieille »

Des pratiques d’un autre âge pratiquées par un homme que ses collègues surnomment, d’après les témoignages, « le boucher », reconnaissant que « c’est un vieux de la vieille. » Un médecin à l’ancienne donc, mais jugé très compétent par certains, comme se souvient une femme. Après une « grossesse non évolutive » (elle était enceinte d’un œuf clair), cette patiente et son mari consultent le gynécologue pour savoir s’ils peuvent recommencer à essayer de concevoir. Ce dernier aurait déclaré, s’adressant au mari : « Votre femme, vous la violez quand vous voulez ».

Lorsque deux ans plus tard, la même femme revient pour donner naissance à un enfant, elle refuse que le gynécologue en question s’occupe de son accouchement. L’infirmière présente ce jour-là comprend, mais prend la défense du médecin, « [elle] m’a même dit qu’il était humainement désagréable mais qu’il était capable de sortir des bébés dans n’importe quel sens ».

Faire naître des bébés, est-ce la seule chose qu’on demande à un gynécologue obstétricien ? Celui-ci semble s’en contenter, à en croire les témoignages : procédures effectuées sans anesthésie et / ou sans consentement, propos racistes et déplacés, violence sur un bébé, manque cruel d’empathie… Les violences et les témoignages s’accumulent. Mais l’homme n’est pas le seul 0 être montré du doigt par certaines anciennes patientes. Dans les témoignages, il est aussi question d’infirmières entravant une patiente, d’une erreur de perfusion… Bref, des accusations lourdes qui ont déjà eu des répercussions.

En effet, Le Parisien rapporte que la direction de la Clinique a fait part du départ, le 30 mai, du médecin accusé de violences. Elle ajoute : « Nous adressons à toutes les mamans, qui ont témoigné de violences ressenties lors de leur accouchement, nos profonds regrets et nous restons à leur entière disposition pour échanger sur ces ressentis et faire tout ce qui sera possible pour améliorer les soins apportés ». Et d’ajouter se pencher sur de « nouvelles actions », notamment « de nouvelles formations des professionnels soignants sur les postures professionnelles et la bientraitance. »

L’une des femmes ayant témoigné auprès du Collectif Stop VOG a porté plainte pour « viol et torture » en novembre 2021. Elle évoque son accouchement, survenu en 2015, qui l’a laissée dans un état de « stress post-traumatique pendant quatre ans ». Pour rappel, le 29 juin 2018, un rapport du Haut Conseil à l’égalité des femmes et des hommes, consacré aux violences dans le suivi gynécologique et obstétrical, avait suscité de vives réactions. On y apprenait que 6 % des femmes interrogées (soit 50 000 femmes) se déclaraient insatisfaites du suivi de leur grossesse ou de leur accouchement.

CREDIT PHOTO  : LA GAZETTE DE LA DEFENSE