« Nous souhaitons inscrire l’Esplanade de la Défense comme le troisième grand jardin parisien ». Le paysagiste Michel Desvigne ne manque pas d’ambition au moment d’évoquer « Le Parc », projet d’aménagement de la dalle piétonne du quartier d’affaires. Après plusieurs années d’études, Paris La Défense, établissement public gestionnaire et aménageur du quartier d’affaires, a présenté en détail la transformation de l’Esplanade qui deviendra, d’ici 2026, un parc végétal de 5 hectares entre la fontaine Agam et le bassin Takis.

C’est au sein de la tour Cœur Défense, le 28 juin dernier, que le voile a été levé sur l’un des projets récents les plus ambitieux du quartier d’affaires. Et son nom, « Le Parc » ne laisse que peu de place au doute : l’Esplanade de la Défense et son espace piéton vont bien se mettre au vert, en passant de 35 % de végétalisation à 60 %. « En 2019, après avoir mené une consultation auprès des habitants du quartier, Paris La Défense a pris une décision forte, celle de métamorphoser l’Esplanade pour l’inscrire pleinement dans notre siècle », a déclaré Georges Siffredi, président de Paris La Défense et du département des Hauts-de-Seine.

Ce projet s’inscrit pleinement dans le grand plan d’investissement de modernisation de l’espace public, amorcé lors du transfert de compétence d’aménagement de l’État aux collectivités locales. L’idée est simple : préserver les rangées de 450 platanes et tilleuls et refaire tout le reste, dans le but de désartificialiser l’espace en remplaçant les carreaux de béton par des parterres végétaux. « Ce sera une première démonstration de ce que l’on veut faire, appuie Pierre-Yves Guice, Directeur général de Paris La Défense. Nous souhaitons réaménager les espaces, et introduire de la végétation et du mobilier urbain conformes avec les attentes des visiteurs et des salariés d’aujourd’hui ».

Pour connaître leurs attentes, justement, une expérimentation est menée depuis 2017 dans le cadre d’une démarche de transformation progressive. Après la végétalisation de la place Basse, une consultation a été engagée auprès des habitants, qui ont manifesté leur souhait de voir une esplanade réinventée. Dès 2020, de nombreuses jardinières y ont été installées afin de tester l’épanouissement ou non des différentes variétés dans cet environnement singulier. « Ces expérimentations sont un support formidable, car on sait ce qui va marcher ou pas, se réjouit Michel Desvigne. C’est une situation privilégiée, on a une bonne connaissance du lieu sans avoir besoin de plusieurs années d’essais. On sait également que le projet répond aux attentes des riverains ».

« Nous sommes excités à l’idée de révéler un lieu assez méconnu en région parisienne, de créer un jardin qui existe, mais qu’on ne pratique pas », a déclaré le paysagiste Michel Desvigne.

Le paysagiste de renommée mondiale, à qui l’on doit le réaménagement du Vieux-Port de Marseille ou le littoral de Doha au Qatar, a fait part de son enthousiasme à travailler sur le projet, tout en affirmant sa volonté de respecter l’héritage de Dan Kiley, qui avait conçu la dalle de la Défense il y a de ça 40 ans. « C’est un grand paysagiste américain qui a su avoir un regard sur les jardins classiques et sur le classicisme, ajoute Michel Desvigne. Il s’agit désormais de transformer la modernité et le désir qui entouraient ces constructions ».

Sa volonté est de créer un jardin avec des « strates végétales multiples », en gardant la ligne de platanes, et en ajoutant des arbres de plus petite taille et des parterres végétaux « innovants ». Le tout devra alors donner une dimension « vivante et organique » au lieu, et ainsi s’inscrire dans la lignée des grands jardins parisiens, à l’image du jardin du Luxembourg ou des Tuileries. « Nous sommes excités à l’idée de révéler un lieu assez méconnu en région parisienne, de créer un jardin qui existe, mais qu’on ne pratique pas, poursuit-il. Je crois en l’usage du végétal et en l’idée de transformation, avec une méthode fidèle à son auteur Dan Kiley. Il faut faire apparaître ce lieu aux yeux de tous. C’est un grand jardin parisien que nous sommes en train de mettre à jour ».

Si le paysagiste préfère la « beauté d’un grand jardin » à un « catalogue à usage », ce jardin de 600 mètres de long comprendra des espaces de promenade, de jeu, ainsi que des pièces d’eau afin de créer un environnement convivial et adapté aux loisirs récréatifs et sportifs.

Mais le Parc a avant tout une ambition responsable par rapport à l’environnement, avec la création d’îlots de fraîcheur, un sol plus perméable, mais aussi une biodiversité renforcée, et par rapport à ses publics, avec une accessibilité améliorée pour les personnes à mobilité réduite. La circulation entre Puteaux et Courbevoie devrait également être améliorée.

C’est au sein de la tour Cœur Défense, le 28 juin dernier, que le voile a été levé sur l’un des projets récents les plus ambitieux du quartier d’affaires.

La future Esplanade fera de la place aux mobilités douces, mais seulement avec des « accès d’agrément » et pour la « desserte de proximité », selon Pierre-Yves Guice. « Le trafic de vélos de transit pose des questions de cohabitation avec les piétons, explique-t-il. On va faire en sorte de le remettre sous la dalle. On est en train de mettre en travaux la voie des sculpteurs et des bâtisseurs, pour pérenniser et améliorer la piste cyclable ».

Si le futur aménagement de l’Esplanade est d’ores et déjà imaginé en détail, ses extrémités donnent encore du fil à retordre à Michel Desvigne, qui considère que « le plus difficile » est de savoir, concernant « Le Parc », « comment l’intégrer à l’environnement ». Ainsi, les aménagements autour de la fontaine Agam et du bassin Takis restent encore à définir. Mais pas d’inquiétude : la finalisation du projet doit intervenir d’ici la fin de l’année, tandis que les travaux ne débuteront qu’en 2024. Les véhicules ne pouvant pas accéder à la dalle, les travaux du chantier devrait être long : les « premières livraisons perceptibles » seront échelonnées à partir de 2026, afin de réduire au maximum les nuisances pour les riverains et les salariés.

Une enveloppe d’une trentaine de millions d’euros

Un projet d’une telle ampleur a un coût. Bien que des études techniques soient toujours en cours, la transformation de l’Esplanade de la Défense nécessite une enveloppe d’une trentaine de millions d’euros. Celle-ci sera financée par les collectivités locales, conformément à l’accord initial concernant la décentralisation et le transfert des compétences d’aménagement de l’État aux collectivités locales.

CREDIT PHOTO UNE : MDP – Paris La Défense

CREDITS PHOTOS : LA GAZETTE DE LA DEFENSE