Paris la Défense, établissement public gestionnaire et aménageur du quartier d’affaires, a pour projet à long terme de redéfinir les usages de l’Esplanade de la Défense en la végétalisant et en la faisant devenir un parc urbain. Cet axe historique du quartier d’affaires, imaginé il y a près de 50 ans par le paysagiste américain Dan Kiley, devrait donc se transformer dans les prochaines années.

En attendant de construire ce nouveau projet, Paris la Défense a réaménagé deux espaces appelés Coeur Vert et Nouveaux Paysages. Des espaces imaginés en concertation avec les usagers depuis 2019 et qui représentent des lieux de tests pour le projet à venir, notamment pour cibler les végétaux qui s’adaptent le mieux à cet environnement.

Des nouveaux lieux de vie pensés avec et pour les usagers qui se sont rapidement appropriés les lieux et surtout à la sortie des confinements qui se sont succédés en France. Des espaces qui permettent également de dévoiler de nouveaux outils pédagogiques aux habitués pour leur offrir une meilleure connaissance de leur environnement.

Début 2020, Cœur Vert a vu le jour. Situés au plus près du bassin Takis, 1 000 m² d’espaces ont été végétalisés pour marquer l’entrée de l’Esplanade.

« Le Parc, c’est la transformation progressive de l’Esplanade de la Défense en un espace plus végétalisé, d’où son nom », explique Marion Denis, chef de projet pour Paris la Défense, en charge du « projet du Parc » lors d’une visite des lieux vendredi 11 juin.
Cet axe historique a été imaginé et pensé par un paysagiste américain dans les années 70, Dan Kiley, lors de l’émergence du quartier d’affaires.

Situé entre la fontaine Agam et le bassin Takis, l’Esplanade avait été imaginée par Dan Kiley comme : « Un espace qui s’inscrit dans la continuité des Champs Elysées, des grandes avenues parisiennes ». Après 50 ans d’existence, l’espace doit évoluer pour répondre aux besoins des usagers de la Défense, tout en gardant son esprit d’origine, rappelle Marion Denis : « L’idée n’est pas de tout effacer. Au contraire, nous avons souhaité nous appuyer sur l’existant, le transformer, le faire évoluer par rapport aux usages actuels, tout en préservant les forces du projet de Dan Kiley ».

Redéfinir l’Esplanade de la Défense est un projet qui a mûri dans l’esprit des équipes de Defacto, gestionnaire du quartier et l’Epadesa, aménageur du quartier avant même la fusion qui avait permis en 2017 de créer un établissement public unique de
gestion et d’aménagement du quartier d’affaires, Paris la Défense.

« Les espaces verts étaient entretenus, mais il n’y avait pas forcément de grandes nouveautés, raconte la chef de projet. Les équipes de gestion de l’ancien établissement, Defacto à l’époque se sont dit « il y a quand même quelque chose à faire », et donc ils ont commencé à travailler pour redonner de la couleur, redonner une présence plus forte au végétal notamment dans le bas de l’Esplanade ».

Le travail sur l’axe a donc commencé dès 2017 avec la végétalisation de la place Basse. Après la fusion, les réflexions se sont poursuivies en réunissant les forces des deux anciens organismes pour redéfinir les autres espaces de l’axe historique. L’étape suivante a été la création et la mise en œuvre du projet Coeur Vert début 2020. Situés près du bassin Takis, 1 000 m² d’espaces ont été végétalisés pour marquer l’entrée de l’Esplanade. « Ce « cœur vert » s’articule autour d’un large jardin, encadré d’allées pour flâner, s’allonger, faire une pause. Sous les tilleuls, les deux bosquets arborés aux essences mixtes viennent compléter la séquence. Ils constituent des réservoirs de fraîcheur en période estivale », résume Paris la Défense sur son site internet.

« Avec ses paysages insolites pour un quartier d’affaires, l’allée centrale offre désormais une agréable promenade au fil de l’eau qui traverse ainsi différents jardins », souligne Paris la Défense.

Tout cela a un objectif, offrir dès à présent de nouveaux espaces aux usagers en attendant de pouvoir lancer le projet plus durable. L’établissement public souhaite ainsi créer un :
« Un espace de respiration pour la Défense et un espace de biodiversité », précise Marion Denis. Paris la Défense a désigné un groupement composé de l’agence de paysagistes Michel Desvigne et de trois bureaux d’études spécialisés. Ce groupement travaille sur l’Esplanade du futur, qui devrait progressivement voir le jour jusqu’en 2026.

Le projet appelé Nouveaux Paysages répond à cette problématique et a été livré en plusieurs étapes. D’abord, les espaces sous les platanes où sont par exemple installés les hamacs avaient pu être livrés avant l’édition 2020 des Extatiques. Entre novembre 2020 et avril 2021, les jardinières qui créaient une nouvelle circulation des flux ont pu être installées suivies par la plantation au mois de mars. « Avec ses paysages insolites pour un quartier d’affaires, l’allée centrale offre désormais une agréable promenade au fil de l’eau qui traverse ainsi différents jardins, eux-mêmes connectés, via des allées secondaires, aux parterres ombragés aménagés sous les platanes », souligne Paris la Défense.

Au cœur des platanes, quatre espaces ont été réimaginés. Le stabilisé rouge a été remplacé par de nouveaux matériaux qui ont permis la plantation de nouvelles espèces végétales. « L’idée, c’était de planter non pas des arbres comme on l’entend dans l’imaginaire type platane ou chêne, mais des végétaux de plus bas niveaux, des très jeunes pousses d’arbres de strates intermédiaires, afin d’observer comment ils évoluent à côté des platanes, comment tout cela vit ensemble et si justement, on arrive à créer un milieu plus favorable à la biodiversité » raconte Marion Denis.

Au milieu, grâce à la concertation menée en 2019, Paris la Défense a décidé d’installer des hamacs pour créer un espace de détente et de repos. Sur l’axe central, ce sont des jardinières hors-sol, en tout 13, qui ont été construites. Un moyen de créer également de nouveaux espaces d’assises sur les rebords de ces jardinières. Les anciens bancs du quartier vont eux bénéficier d’une remise à neuf pour être réinstallés prochainement.

« La forme des jardinières, a été pensée dans un esprit de déambulation. L’espace est bien défini quand vous regardez est-ouest avec cinq bandes de flux parallèles, une première bande de flux, puis une bande constituée d’espaces de repos, ensuite un espace de flux plus lents au milieu, de nouveau une zone de repos puis une dernière bande de flux plus rapides, analyse Marion Denis. L’idée était de conserver cette logique de déambulation centrale voir de l’accentuer en ajoutant des éléments qui incitent à la pause. Tout cet espace au milieu accompagne également les promenades des Extatiques ou des
illuminations de Noël ».

Pour donner une dimension pédagogique au projet, des panneaux ont été affichés sur le cheminement. Ils permettent de s’informer sur les espèces présentes.

Ce sont désormais plus de 45 espèces végétales qui cohabitent sur l’Esplanade. Pour imaginer le futur projet de Parc, ces espèces sont surveillées. « Ça préfigure les usages futurs du parc et effectivement, c’est un peu un laboratoire, précise Élodie Larcher, chargée de communication projets urbains pour Paris la Défense. Nous testons ici des essences végétales, il y en a, à peu près une cinquantaine qui sont en tests avec des relevés deux fois par mois, […] pour identifier celles qui s’adaptent le mieux ».

Pour donner une dimension pédagogique au projet, des panneaux ont été affichés sur le cheminement. Ils permettent de connaître et de s’informer sur les espèces présentes. À partir de cet été, les données relevées par Paris la Défense pour voir l’évolution des végétaux devraient également être disponibles.

« Il y avait dès le démarrage de la Mise en parc, la volonté d’associer les riverains dans le projet, explique Élodie Larcher. Des ateliers ont été organisés, des balades urbaines. Les ateliers de plantations qui devaient suivre ont malheureusement été stoppés en raison du contexte sanitaire. Mais, nous conservons cette idée de participation du public ».

Depuis la livraison des différents espaces, les habitants, salariés, étudiants et les quelques touristes se sont rapidement appropriés les lieux. « On a des retours très positifs des riverains qui nous écrivent, envoient des photos, ils sont très contents », réagit Élodie ­Larcher. « Nous sommes ravis de ­retrouver sur l’Esplanade, un public plus familial, de riverains. Avec la limite des 10 km à la sortie du confinement, de nombreuses familles qui se sont appropriées cet endroit » insiste de son côté Marion Denis.

Des prochaines étapes du projet, Paris la Défense indique que le groupement sélectionné devrait présenter un projet pour le Parc en fin d’année. Ensuite, un planning devrait être mis en place pour pouvoir débuter les travaux sur les différents espaces avec une priorité pour Nouveaux Paysages. Du déroulé des travaux, Marion Denis précise : « L’idée ce n’est pas de bloquer l’Esplanade pendant cinq ans, de toute façon ce n’est pas possible, en raison des flux, […] L’idée c’est vraiment de procéder par étapes ».

CRÉDITS PHOTOS : LA GAZETTE DE LA DÉFENSE