Officiellement annoncée lundi 18 février par l’aménagement public gestionnaire et aménageur du quartier d’affaires, Paris La Défense, l’opération de transformation de l’esplanade de la Défense n’a rien d’une broutille. Elle s’attaque en effet à un périmètre de 7 ha, allant de la fontaine Agam au bassin Takis, quelque 700 m plus bas, avec un processus de consultation qui a débuté dès le mardi 19 février par une réunion publique.

Pour lancer ce grand projet, qui durera six ans et dont le budget demeure inconnu à cette heure, Paris La Défense marche sur des œufs, car l’établissement doit concilier des attentes aussi différentes que le jour et la nuit. Le jour, pour les travailleurs qui semblent être en faveur d’une concentration des activités, et la nuit, pour des habitants qui luttent contre les nuisances sonores, ont-ils exprimé à la réunion publique comme à une balade de concertation proposée le jeudi 21 février.

Une première balade publique était proposée jeudi 21 février, sur les 15 m de dénivelé et près de 700 m de longueur qui séparent la fontaine Agam du bassin Takis.

Des travailleurs « contents » mais des riverains qui veulent protéger leur quiétude : un « éternel dilemme auquel on est confronté », confie le service aménagement de Paris La Défense. « Les habitants nous reprochent des problèmes de gestion ou de nuisances sonores pour des situations qui ne sont pas toujours de notre ressort, note-t-on au service aménagement. Il y a aussi une question de civisme, sur laquelle, forcément, nous n’avons pas prise. »

Car les habitants du quartier d’affaires tiennent à leur tranquillité. « La Défense est un lieu attractif, mais ne doit pas devenir un parc d’attraction ! », tonne ainsi l’un d’eux, présent lors de la première réunion publique, mardi 19 février. Proposée dans la tour Cœur Défense, siège de Paris La Défense, elle a été largement dominée par la parole des riverains. Ces habitants du quartier d’affaires souhaitent conserver le plus de calme possible devant leurs fenêtres.

« Surtout, ne nous refaites pas le coup des balançoires », prévient Stéphane, qui habite place des Reflets, d’un épisode passé de l’aménament du quartier : « On en garde un mauvais souvenir, heureusement que vous vous êtes rendus compte que c’était une mauvaise idée, et que vous les avez retirées, il ne faut pas oublier qu’il y a des gens qui vivent ici ! »

L’architecte Philippe Hamelin échangeait avec les habitants, mardi 19 février lors d’une réunion de consultation organisée dans les locaux de Paris La Défense.

« Et pourquoi pas installer un skatepark ? » s’interroge une dame âgée qui vit dans le quartier depuis 15 ans. « Parce qu’honnêtement, on est gênés, les skateurs viennent avec leur musique, ils utilisent les rampes : nos dimanches ne sont pas calmes ! » Où ? « Plus loin, sur l’esplanade… », glisse-t-elle avec un mouvement de la main. « Ah certainement pas, c’est là où j’habite ! » lui est-il aussitôt rétorqué dans la salle.

« Nous ne sommes pas contre l’idée d’une aire de jeux », indique ce soir-là Clémentine Roméo, urbaniste en charge du projet chez Paris La Défense, sous les râles de la salle. Sous le flot de remarques, le service aménagement de Paris La Défense montre patte blanche. Le projet n’en est encore « qu’à ses débuts », est-il précisé.

Si une étude a été menée par le groupement de l’architecte Philippe Hamelin, présent dans la salle, l’établissement gestionnaire et aménageur du quartier d’affaires insiste sur la « concertation » et l’« importance » de l’avis des usagers de la dalle piétonne. Sur les premières ébauches de l’étude présentée, une « séquence plateau de jeux » est prévue entre la place des Trois arbres et la place Moretti. Entre le bassin Takis et la place Moretti, une « séquence de vie quotidienne », et entre la place des Trois arbres et le bassin Agam, « une séquence cultivée et végétale ».

La transformation de l’esplanade en parc urbain passe par une inversion de la tendance actuelle, de 60 % de minéral et 40 % de végétal sur l’esplanade (périmètre en violet ci-dessous, Ndlr).

Pour faire « émerger le potentiel écologique » du site, la transformation compte inverser la tendance actuelle, de 60 % de minéral et 40 % de végétal sur l’esplanade. Elle vise également à favoriser la mise en place de « lieux de vie confortables et multi-usages ». Un objectif très surveillé, et largement commenté par des riverains peu avares de leurs remarques, lors de la balade publique organisée le long du tronçon de l’esplanade, jeudi 21 février à 12 h 30.

« Le problème, c’est que Paris La Défense a de très bonnes idées, mais ils ne savent pas les gérer sur le long terme », résume Mireille, qui habite dans l’immeuble Neuilly-Défense depuis 30 ans, du passif de l’établissement public issu créé en 2018 par fusion de l’aménageur d’État, l’Epadesa, et le gestionnaire public, Defacto.

« Par exemple, les bancs installés, certes confortables, sont squattés par les SDF l’été, détaille-t-elle de ses reproches d’habitante regrettant un trop-plein d’animation. La petite place en face de chez moi est occupée par des jeunes qui viennent danser en mettant les enceintes à fond, où qui regardent les matchs de foot sur le téléphone et font plein de bruit : il faut penser aux gens qui vivent ici le soir. »

Cette balade, organisée pendant le déjeuner, avait également attiré des travailleurs du quartier d’affaires. L’avis de ceux interrogés par La Gazette est globalement positif à l’égard des transformations de l’établissement gestionnaire et aménageur de la dalle, et plutôt, eux, en recherche d’animations extérieures. « C’est très bien ce qu’il y a déjà, je trouve que Paris La Défense est très actif, et j’ai hâte de voir ce que ça va donner ! », loue ainsi cette jeune trentenaire qui travaille tour Neptune, et venue par « curiosité ».

Deux mois pour récolter des idées, puis un an d’expérimentation

La consultation de Paris La Défense, l’établissement gestionnaire et aménageur du quartier d’affaires, autour de la transformation de l’esplanade du quartier d’affaires a débuté mardi 19 février par une réunion publique suivie d’une balade deux jours après. Cette concertation comprend encore deux ateliers participatifs et une balade commentée sur site, ainsi que l’implantation d’un stand permettant de poser des questions, les jeudis 14 et 21 mars à la station de métro Esplanade.

Le calendrier prévoit ensuite, en avril, une analyse et une sélection des idées proposées. La restitution de la concertation doit être faite en mai prochain, avant une «  mise en œuvre des idées retenues » à partir de cet été. Les propositions seront expérimentées « pendant une année » et seront « soit abandonnées, dupliquées ou pérennisées afin de constituer le futur parc », expose le site internet de cette consultation.

Balades et ateliers sont accessibles sur inscription à consultation-leparc@parisladefense.com. Un formulaire en ligne disponible sur le site internet ladefense.fr permet également de s’exprimer, d’indiquer sa volonté de participer à un atelier participatif, voire de devenir « metteur en parc » en s’impliquant plus fortement « dans les dispositifs avec les équipes de Paris La Défense ».

Mardi 12 mars à 19 h 30, Paris La Défense propose deux balades sur site avec ses équipes. « Découvrez le périmètre du futur parc, exprimez vos avis », enjoint l’établissement. Jeudi 21 mars à 12 h et samedi 30 mars à 10 h, les usagers du quartier sont invités à deux ateliers afin de discuter des « futures activités du parc ».

CREDIT PHOTO : PARIS LA DEFENSE – LA GAZETTE DE LA DEFENSE