Romain L. avait déjà été condamné en 2008 pour détention d’images pédopornographiques, rappelle Le Parisien. Il était d’ailleurs interdit d’entrer en contact avec des mineurs, chose qu’ignorait l’association de la Croix-Rouge. Cette fois, l’ancien formateur n’y coupera pas : son nom sera inscrit au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles et violentes.

D’ailleurs, à la suite de son procès, qui s’est déroulé en début de semaine dernière devant la 20e chambre du tribunal correctionnel de Nanterre, l’ex secouriste a été condamné à cinq ans de prison, dont trois fermes.

En mars 2019, rappelle France Inter, après plusieurs avertissements et une première accusation survenue en 2014 (qu’il reconnait), l’un des directeurs de l’antenne de la Croix-Rouge d’Antony (Hauts-de-Seine) finit par rapporter à la police les comportements suspects de Romain L. Trois ans plus tard, l’homme est reconnu coupable d’avoir agressé sexuellement, entre juin et mars 2019, cinq bénévoles de la Croix-Rouge.

Des jeunes hommes âgés de 16 ans à 19 ans, qu’il invitait parfois dans des bars ou chez lui, à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine). Avec ceux qui acceptent une invitation à dormir, il reconnaît le rituel du « câlin du soir », mais évoque seulement « une forte complicité » et « des papouilles réciproques ».

En août 2021, France Inter rapporte le témoignage d’une autre victime, qui a fini par trouver le formateur un peu trop présent et tactile. Le jeune homme finit par prévenir son formateur par message : « Pour que je revienne faire dodo chez toi, tu sauras qu’il ne faudra pas refaire la même chose ! ». Il met à nouveau le holà, deux mois plus tard : « Les câlins, les bisous, les petites caresses et j’en passe, ça me gave. »

Pour Romain L., il n’y a jamais eu ni contrainte ni emprise. Pourtant, une des victimes s’est confiée au Parisien, évoquant « une relation exclusive et toxique ». Le jeune homme, à l’époque âgé de 18 ans, explique : « il était parvenu à rentrer dans ma tête et j’étais devenu son pantin ».

Dès 2021, l’avocat de l’ancien secouriste évoque « une zone grise » dans laquelle il est difficile de « déterminer s’il y avait consentement, pas consentement, s’il y avait contrainte ou pas contrainte ». La semaine dernière au tribunal de Nanterre, Me Violaine Faucon-Tillier, avocate de l’un des plaignants, a souligné le « stratagème » élaboré par Romain L. pour se rapprocher de ses proies. « L’image de la toile d’araignée est très parlante, déclare-t-elle, une fois tombées dedans, les victimes ne parvenaient plus à s’en extirper ».

Il y avait les petits surnoms affectueux, les nombreux cadeaux, l’intérêt et le soutien… Mais aussi des vagues incessantes de messages. Pour l’un des jeunes hommes se portant partie civile, on parle tout de même de quelque 6 000 messages reçus en 18 mois, soit une dizaine par jour.

L’homme qui a déjà passé huit mois en détention provisoire, avait été libéré en février 2020, avait repris un travail et a avoué, lors de son procès, être terrorisé par la prison. Qu’à cela ne tienne, il a été à nouveau incarcéré dès le 24 mai au soir. Selon l’avocat de la Croix-Rouge, Romain L. a démontré une « absence totale de remise en question ». À l’avenir, il ne pourra plus travailler avec des enfants.

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