Le 19 avril dernier, Elisabeth Delagreverie, Directrice des soins de l’hôpital Louis-Mourier (178, rue des Renouillers) à Colombes, recevait un préavis de grève rédigé par le syndicat Union Syndicale Assistance Publique CGT. Le dit préavis a été publié sur les réseaux sociaux et annonçait une grève à compter du 25 avril. Depuis la semaine dernière donc, une grève illimité a été mise en place, valable « pour l’ensemble des personnels du services des urgences adultes de l’hôpital ».

L’objectif est clairement affiché, « voir s’ouvrir de véritables négociations, en vue de la satisfaction des revendications portées par l’action de ces personnels ». Sont remis en cause par le syndicat et les grévistes : le salaire mensuel des paramédicaux des Urgences, c’est-à-dire tous les brancardiers, secrétaires médicales, assistantes sociales, etc. Ces derniers demandent une augmentation de 300 € net, mais aussi le paiement et la majoration de leurs heures supplémentaires.

Autre problématique soulevée par le Usap-CGT : les sous effectifs. Le manque de personnel dans les hôpitaux français est une réalité qui n’est pas nouvelle, mais qui s’est accrue et installée depuis la crise de la Covid-19. Interviewé sur France Info le 27 avril, Martin Hirsch, patron de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, avouait le manque de « 8 % d’infirmières ». Il affirme que la pandémie a eu un impact sur la motivation des soignants Français, parlent même d’un « ras-le-bol ».

Résultat, du personnel sursollicité, obligé de travailler dans de mauvaises conditions, mais aussi de nombreux lits fermés. « D’habitude, on a à peu près 4 % ou 5 % de nos lits qui ne sont pas ouverts, parce qu’il y a un problème ponctuel ou parce qu’on désinfecte. Depuis six mois, ça oscille entre 14 % et 16 %. », a déclaré Martin Hirsch. Un problème systémique selon le patron de l’AP-HP, pour qui le modèle originel « n’est plus adapté ».

C’est le même scénario qui se joue depuis des mois à Louis-Mourier, d’où la grève qui a débuté lundi 25 avril 2022. Devant l’hôpital de Colombes, les malades sont désormais accueillis par une large banderole sur laquelle on peut lire :
« URGENCES EN GRÈVES conditions de travail dégradées, soignant.e.s & patient.e.s en DANGER ». Une élue CGT, aide-soignante depuis 21 ans à Louis-Mourier témoigne sur le site www.sante.cgt.fr, « on manque de tout. Le plus grave, c’est que ceux qui partent ne sont pas remplacés ».

Pour régler ce problème, les grévistes réclament « le respect des effectifs minimums », mais aussi « l’affectation de brancadiers au SAU », le passage en 10 h « avec 5 ETP (Équivalent Temps Plein, NDLR) supplémentaires » et, en cas de sous-effectif, « la fermeture de l’UHCD », le service qui accueille les patients en provenance des Urgences. Le personnel de l’hôpital Louis-Mourier ne veut plus avoir à soigner des patients obligés de rester sur des brancards, à défaut de lits ouverts.

L’Usap-CGT demande également à avoir plus de matériel et une réadaptation des locaux. Enfin, les grévistes souhaitent que l’organisation de l’hôpital change drastiquement.
Le préavis de grève fait notamment référence à « la communication des plannings à l’avance », la « prise en compte de la fatigue et de la souffrance au travail », mais aussi la « mise à contribution des internes/médecins » pour pratiquer des opérations comme les IRM ou les prises de sang. L’objectif final : améliorer les conditions de travail mais aussi la prise en charge des patients.

À la fin du mois, aucune réponse de la direction de Louis-Mounier. Une assemblée générale est prévue demain, le 5 mai, à 14  h. Pour rappel, cet hôpital accueille quotidiennement des patients venus des villes de Colombes, Bois-Colombes, La Garenne-Colombes, Nanterre, Gennevilliers et Villeneuve-la-Garenne.

CREDIT PHOTO : FACEBOOK/USAP-CGT