« Ça devient une tradition » s’est réjoui Laurent Hottiaux, le préfet des Hauts-de-Seine, mercredi dernier à La Paris la Défense Arena. Au côté de l’ancien sportif de haut niveau et politique français, Jean-François Lamour, il a lancé le « Mois des gestes qui sauvent ». La salle était pleine, ce 26 avril, à l’occasion du lancement de cette initiative pensée en 2016 par le ministère de l’Intérieur, suite aux attentats de Paris.

La Croix-Rouge, le général Jean-Marie Gontier, nouveau patron des pompiers de Paris, et quelques uns de ses hommes, des policiers de tous grades, la protection civile… Tous et toutes étaient venus pour parler de secourisme aux élèves du jour. Des élèves un peu particuliers, ambassadeurs de cette campagne qui a permis, depuis sa création, la formation de « près de 4 000 personnes », a révélé, fier, le Préfet.

Dans cette Paris La Défense Arena, le grand public vient généralement voir « l’excellence sportive » a rappelé Jean-François Lamour. Cette fois, si une partie des rugbymen du Racing 92 sont sur la pelouse, c’est pour apprendre les gestes de premiers secours. Et ils ne sont pas seuls : en tout, c’est une cinquantaine d’athlètes qui est venue apprendre consciencieusement à sauver des vies ; dont le vice-champion du monde de patinage artistique de 1994, Philippe Candeloro. Au programme : comment mettre une personne inconsciente ou un blessé en PLS (position latérale de sécurité), comment faire un garrot ou un massage cardiaque, que faire en premier lorsqu’on est témoin d’un accident ou d’un attentat…

Mais formés ou pas, « les gens ont une image faussée du secourisme », se désole Julien Touquoy, bénévole de la Protection Civile. « Ils pensent que c’est difficile et dangereux, pour la victime mais aussi pour eux… Ils ont peur de faire une erreur. On réalise que même les gens formés aux premiers secours n’osent souvent pas intervenir ».

Du 26 avril au 22 mai, 60 formations aux gestes de premiers secours vont être menées, gratuitement, dans tout le Département des Hauts-de-Seine. La liste des initiatives proposées par commune est disponible en ligne, sur le site internet de la Préfecture.

« Vous êtes les fers de lance de ces formations », a déclaré Laurent Hottiaux aux sportifs présents qui, de par leur rayonnement, devraient inciter les citoyens à « devenir acteurs de leur propre sécurité et de celles des autres. ». Jeunes athlètes du club d’escalade de Suresnes, de celui d’athlétisme du stade de Vanves, sportifs de haut niveau valides ou atteints de handicap… Ils étaient donc là pour montrer l’exemple en suivant une formation officielle de secourisme. Une formation qui peut être suivie gratuitement, du 26 avril au 22 mai, par les Altoséquanais et Altoséquanaises qui le souhaitent.

Le 14 mai 2022 dans la mairie de Levallois et au sein de l’unité locale de la Croix Rouge de Rueil-Malmaison (20 Rue Michelet), le 22 mai 2022 à la Maison des Associations de Garches (59 rue du Dr Debat) ou encore le 21 mai 2022 dans l’école élémentaire Les Peupliers à Vaucresson… Toutes les sessions de formation organisées durant ce « Mois des gestes qui sauvent » sont répertoriées en ligne, sur une carte interactive disponible sur le site du Département.

En France, en 2020, on estimait que seul 20 % des citoyens étaient formés aux gestes de premier secours. Même Jean-François Lamour s’est confié lors de la conférence de presse : « C’est la première fois que je vais apprendre ces gestes qui sauvent ». Le double champion olympique et porte-drapeau de la délégation française de 1992 ne se rappelle en effet pas avoir eu, durant sa scolarité ou lors de sa journée d’appel, en 1977, une formation de secourisme.

« Ça devient une tradition » s’est réjoui Laurent Hottiaux, le préfet des Hauts-de-Seine (à droite), mercredi dernier à La Paris la Défense Arena. Au côté de l’ancien sportif de haut niveau et politique français, Jean-François Lamour (à gauche), il a lancé le « Mois des gestes
qui sauvent ».

Pas forcément une question d’époque à en croire les chiffres, mais peut-être une question de contexte, à en croire Fabien Sanconnie, troisième ligne aile du Racing 92, qui se souvient avoir été plusieurs fois formé à ces gestes salvateurs « grâce au rugby ».

Du haut de ses 1,95 m et de ses 114 kilos, le sportif de haut niveau est bien content de n’avoir jamais eu à faire ces gestes-là. Il persiste et signe, « c’est bien je trouve de sensibiliser les gens, je pense même qu’il faudrait faire une campagne de rappel tous les ans ! Parce qu’on ne sait jamais. ». Un rappel car en principe, chaque citoyen est supposé avoir reçu la formation PSC1 (Prévention et secours civique de niveau 1), lors de sa Journée d’Appel et de Préparation à la Défense (JAPD).

Mais formés ou pas, « les gens ont une image faussée du secourisme », se désole Julien Touquoy, bénévole de la Protection Civile. « Ils pensent que c’est difficile et dangereux, pour la victime mais aussi pour eux… Ils ont peur de faire une erreur. On réalise que même les gens formés aux premiers secours n’osent souvent pas intervenir ». Un constat inquiétant quand on sait, comme l’a rappelé Laurent Hottiaux, que chaque année, il y a « 50 000 malaises cardiaques en France, la plupart sur la voie publique ».

Si on ne sait pas à quelles fréquence et rapidité effectuer un massage cardiaque, on peut s’aider en fredonnant Stayin’ Alive des Bee Gees.

Petite astuce confiée à la rédaction de La Gazette de la Défense par un ancien pompier de Paris : si on ne sait pas à quelles fréquence et rapidité effectuer un massage cardiaque, on peut s’aider en fredonnant Stayin’ Alive des Bee Gees. En effet, le tempo de cette chanson est très proche du rythme recommandé pour une réanimation cardio-pulmonaire efficace.

Tous les gestes comptent dans ces cas-là, car chaque minute sans prise en charge, c’est 10 % de chance de survie en moins. « En France, grâce à ces gestes, on sauve 8 à 10 % (des victimes de malaises cardiaques, NDLR). Dans les pays d’Europe du Nord, c’est 40 à 50 %. On a donc de gros progrès à faire… », constate le préfet des Hauts-de-Seine.

Pour Julien Touquoy, de la sécurité civile, pas de doute : « Il faut se lancer, car de toute façon, dans le cas d’un arrêt cardiaque, on ne peut pas faire pire ». En 2019, lors de la dernière édition du « Mois des gestes qui sauvent », 1 378 personnes se sont formés gratuitement aux gestes de premiers secours. Pour trouver le lieu de formation le plus proche de chez vous, rendez-vous sur le site www.hauts-de-seine.gouv.fr.

CREDITS PHOTOS : LA GAZETTE DE LA DEFENSE