Le 15 octobre dernier, Paris La Défense Arena fêtait ses un an. Inaugurée en grande pompe par les Rolling Stones, la salle multimodale de 40 000 places a, depuis, fait son petit bout de chemin. Un an après la naissance de ce projet réprésentant 350 millions d’euros d’investissement dont 180 millions d’euros issus de la vente des bureaux attenants au conseil départemental des Hauts-de-Seine, ses dirigeants ont toujours une ambition très forte.

« On veut que la salle se positionne au niveau mondial », déclare Damien Rajot, directeur général de la Société d’exploitation de l’Arena, à l’occasion de la conférence de presse de son premier anniversaire. « Nous avions à cœur de signer le naming avec Paris La Défense qui est un partenariat structurant sur dix ans, ce qui offre une visibilité internationale. » Cet investissement représente 3 millions d’euros par an pendant dix ans pour Paris La Défense, l’aménageur et gestionnaire public du quartier d’affaires (voir encadré).

Pour la première saison, d’octobre 2017 à juin 2018, la structure a accueilli environ 500 000 spectateurs et une quarantaine d’évènements, dont 16 matchs du Racing 92, son club résident. La nouvelle et première saison, pleine cette fois-ci, a débuté en juillet dernier, et ses gestionnaires en attendent en conséquence un meilleur bilan.

Le modèle économique de Paris La Défense Arena reposerait sur sa polyvalence d’offres, et donc de sources de revenus. « On a besoin d’avoir une programmation très forte et des partenaires marketing très forts » souligne Damien Rajot. Pour sa première année d’existence, la salle a atteint un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros. « On travaille beaucoup sur nos revenus liés aux entreprises, sur ce qui est « hospitalités » (salons ou loges loués par des sociétés, Ndlr) », explique le directeur général.

Le projet représente un investissement de 350 millions d’euros, dont 180 millions d’euros issus de la vente des bureaux attenants au conseil départemental des Hauts-de-Seine.

Plus qu’une simple salle de concert, Paris La Défense Arena propose également d’accueillir des conventions et séminaires, et dispose d’un restaurant, Le comptoir gourmand. « Nous proposons aussi des activités hors event, pour s’impliquer sur le territoire », précise Olivier Rajot. Le bâtiment possède une concession automobile Toyota, ainsi qu’une crèche interentreprises, Les petits chaperons rouges, « qui va se transformer en halte-garderie en soirée pour les parents qui pourront déposer leurs enfants pendant les concerts », informe-t-il.

« C’est une plateforme de lieu de vie, et c’est essentiel pour notre modèle économique, car il y a une grande concurrence dans le domaine », poursuit-il. L’équipement offre 40 000 places, et se situe entre une salle de concert classique de 20 000 places, et un stade de 80 000 places. « On est une cinquantaine pour gérer cette enceinte, explique aussi le directeur général. La structure doit être très souple, l’équipe peut se gonfler ponctuellement pour des gros évènements. »

« Il a fallu convaincre », résume Bathilde Lorenzetti, vice-présidente de l’équipement, dont le père, Jacky Lorenzetti, préside la holding propriétaire du Racing comme de l’édifice. « Chaque production a été un cas d’école, se rappelle-t-elle. On a créé énormément de configurations tout au long de l’année, ce qui nous a permis d’avoir des records incroyables. » Entre autres, la jauge a compté 15 220 spectateurs pour le basket avec le Nanterre show, et même sept millions de téléspectateurs pour le match de football de l’équipe de France 98, vingt ans après sa victoire.

La célèbre productrice Jackie Lombard, aussi présente à cette conférence de presse anniversaire, se remémore le concert inaugural des Rolling Stones, le 19 octobre 2017, et rappelle qu’elle a fait signer le groupe alors que le bâtiment n’avait pas encore de toit. « Je me demande même comment ça se fait que les Stones aient accepté, je n’en reviens toujours pas, confie-t-elle. Le Stade de France s’était positionné au cas ou l’Arena n’aurait pas pu être prêt à temps. »

Paris La Défense Arena accueille en son sein ces concerts, des séminaires, des matchs de rugby, mais aussi du sport à vocation de spectacle, comme le supercross.

Paris La Défense Arena accueille en son sein concerts, séminaires, rencontres sportives de compétitions mais aussi de « sport-spectacle », comme le supercross. « Fort de cette capacité de propositions, on a un programme qui s’étoffe », souligne Bathilde Lorenzetti. De nombreux artistes sont à l’affiche pour les mois à venir, avec entre autres Mylène Farmer, Pink, le groupe Kassav’, Patrick Bruel, Soprano, et Paul McCartney dans un mois : « La billetterie a été vendue en une journée » rappelle la vice-présidente.

Une des originalités de l’équipement est d’accueillir à l’année un club de rugby résident, le Racing 92. « On a fait environ 20 000 spectateurs en moyenne pour la saison 2017/2018, informe Bathilde Lorenzetti, mais on a multiplié par trois le nombre de spectateurs par rapport à l’ancien stade de Colombes. » Le directeur général rappelle que la saison sportive commence en août, et que la salle n’avait pu accueillir le club qu’à partir de mi-octobre.

Pour le moment, la salle de concert est ouverte aux visites pour les entreprises, tout au long de l’année, mais ses gestionnaires entendent développer l’offre : « On s’oriente vers des visites thématisées, quatre à cinq fois dans l’année », confie Damien Rajot. Les visites qu’il souhaite « grosses » pourraient être encore une autre source de revenus pour la décidément boulimique Paris La Défense Arena.

Le contrat de parrainage validé par le préfet d’Île-de-FranceE

En mai dernier, la U Arena devenait la Paris La Défense Arena, du nom du nouvel établissement public de gestion et d’aménagement du quartier d’affaires qui versera 30 millions d’euros sur dix ans. Ce « naming » par un établissement public, une première en France, a fait couler beaucoup d’encre, y compris celle du sénateur altoséquanais Pierre Ouzoulias (PCF) : il s’est interrogé sur sa légalité dans une question posée au gouvernement début juin. Le préfet d’Île-de-France n’a rien trouvé à y redire après examen, lui a récemment répondu le ministère de la cohésion des territoires.

Dans sa question écrite envoyée le 7 juin, le sénateur des Hauts-de-Seine affirmait que le conseil d’administration de Paris La Défense serait une « chambre d’enregistrement de décisions prises par le président du département des Hauts-de-Seine (Patrick Devedjian, LR, Ndlr) ». Les représentants du conseil départemental constituent plus de la moitié du conseil d’administration, aux côtés de ceux des communes voisines, de la Région, de la Métropole du Grand Paris et de l’État.

« C’est exactement ce qui vient de se passer, les administrateurs de Paris La Défense ayant appris par la presse l’accord entre Paris La Défense et la U Arena, avant même la réunion du conseil d’administration (un communiqué de presse avait été envoyé par l’établissement et l’Arena, Ndlr) », déplore-t-il. Pierre Ouzoulias demande au ministère de se pencher sur la légalité de « cette opération qui ressemble plus à un financement déguisé d’un équipement privé par un opérateur public, qu’à un investissement en faveur de l’intérêt général ».

Dans une réponse écrite apportée le 4 octobre, le gouvernement indique avoir transmis le dossier au préfet d’Île-de-France pour examiner la légalité de la convention passée entre Paris La Défense et la Société d’exploitation de l’Arena. « Il en est ressorti qu’aucun motif d’illégalité manifeste n’est apparu, qui serait de nature à justifier un déféré préfectoral », indique le ministère de la cohéstion des territoires.

Il note bien de Paris La Défense que « la mission qui lui est dévolue en matière de promotion porte sur le seul territoire couvert par l’opération d’intérêt national de la Défense », qui ne comprend pas la parcelle nanterrienne sur laquelle est bâtie l’Arena. Cependant, « il peut tout à fait exercer la compétence afférente en dehors de ce territoire pour développer l’attractivité du site ». Enfin, estimant « patent » que « seule la société gestionnaire » de l’Arena « pouvait fournir ce service », le gouvernement valide le passage de ce marché public « sans publicité ni mise en concurrence ».