Avec Les Fossoyeurs, Victor Castanet a mis un grand coup de pied dans la fourmilière. Dans ce livre-enquête, le journaliste dénonce la maltraitance que peuvent vivre certains résidents, au sein des établissements d’Orpea, leader mondial des Ehpad et des cliniques privées, dont le siège est basé à Puteaux, près du quartier d’affaires.

Après trois ans d’enquête, Victor Castanet a levé le voile sur de grandes défaillances au sein du groupe, critiquant l’obsession de la rentabilité, qui a amené à « rationner » des personnes âgées, parfois laissées sans soin pendant plusieurs jours. Et ce alors que les séjours sont facturés au prix fort. Depuis la publication du livre, une avocate rassemble différentes plaintes de familles pour lancer une « action collective conjointe », d’ici à quelques semaines contre Orpea. Mais il se trouve que les autorités avaient déjà le groupe dans le viseur, avant même que le scandale éclate.

Une enquête préliminaire avait été ouverte en 2020 pour des faits d’homicide involontaire, concernant une résidente de l’établissement du groupe baptisé « Les bords de Seine », à Neuilly-sur-Seine. L’ARS Île-de-France et le conseil départemental des Hauts-de-Seine, qui financent chacun une partie de l’activité des Ehpad, ont mené une inspection dans l’établissement en question, le vendredi 28 janvier dernier. D’après l’enquête de Victor Castanet, les mauvaises pratiques y étaient monnaie courante.

Ces révélations ont poussé Orpea a annoncer le départ d’Yves Le Masne, directeur général du groupe. Philippe Carrier, jusqu’ici président non exécutif du conseil d’administration, a ainsi été nommé « président directeur-général de la société » avec effet immédiat.
Il a rencontré ce mardi Brigitte Bourguignon, ministre chargée de l’autonomie des personnes âgées, aux côtés de Jean-Christophe Romersi, directeur général pour la France du groupe privé d’Ehpad. Le gouvernement va d’ailleurs lancer une enquête administrative et financière, tandis que la ministre attend des explications face à des accusations d’une « gravité exceptionnelle ».

CREDIT PHOTO : ILLUSTRATION/LA GAZETTE DE LA DEFENSE

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