Afin de s’abriter du froid, trois sans domicile fixe ont fracassé à coup de marteau et de barre de fer un mur de parpaings, érigé quelques jours plus tôt à l’entrée d’une maison pour la préserver de tout squatteur. Un trou pas plus large qu’un homme leur a permis de se faufiler à l’intérieur. La bâtisse ainsi éventrée est une dépendance abandonnée de la clinique Lambert, à la Garenne-Colombes. Les faits se sont déroulés le 15 novembre dernier. Bien que les contrevenants aient pensé à détériorer les caméras de surveillance, installées sur la façade, la société de sécurité derrière le dispositif a tout de même été avertie de l’effraction et a prévenu la police.

Les trois individus ont été arrêtés peu après leur forfaiture. L’un d’eux, mineur, écopera d’un rappel à la loi. Un de ses camarades a lui aussi tenté d’être jugé par un tribunal des enfants, plus coulant, mais sans succès. Sur la base de deux examens osseux, il a été reconnu comme jeune majeur et déféré devant le tribunal de Nanterre le surlendemain des faits. « J’ai dit que j’étais mineur parce que je voulais être pris en charge [par l’aide sociale à l’enfance] », avouera le prévenu dans le box, aidé d’une interprète.

Ce clandestin algérien, souffrant de troubles psychiatriques et de problèmes d’anxiété, vivait jusqu’alors dans une voiture. Mais son propriétaire finira par l’en chasser. « Vous êtes arrivé il y a deux mois via l’Espagne, en TGV, résumera de son parcours le président du tribunal à son audience. Vous vivez de ventes de cigarettes à la sauvette, des gens vous donnent des vêtements, vous n’avez ni papiers, ni couverture sociale… ».

Son arrestation pour effraction dans une maison d’habitation sera l’occasion pour la préfecture de lui intimer l’obligation de quitter le territoire français, via une OQTF délivrée pendant sa garde-à-vue. Son arrestation permettra aussi aux enquêteurs de faire le rapprochement entre lui et le suspect d’un vol de vêtements au Décathlon du Cnit ; voleur ayant réussi à s’échapper du commissariat de Puteaux quelques jours avant.

« Comment avez-vous donc réussi à vous évader ? », interrogera le président du tribunal, interloqué. « J’ai retiré les menottes, qui n’étaient pas trop serrées et j’ai profité que des pompiers s’affairaient sur un gardé-à-vue pour sortir tranquillement par la porte de service », lui répondra le prévenu, connu des services de police sous sept alias différents.

La plaidoirie de son avocate, qui insistera sur sa détresse sociale, n’attendrira pas le tribunal, qui calquera son jugement sur les réquisitions du ministère public. Le prévenu écopera de trois mois de prison avec sursis pour l’évasion et trois autres mois avec sursis pour l’ensemble des autres chefs d’inculpation.

CREDIT PHOTO: LA GAZETTE DE LA DEFENSE