Mardi 16 novembre, une vingtaine d’habitants du quartier d’affaires se sont retrouvés pour une réunion de présentation du projet de rénovation des Miroirs. L’ensemble immobilier, construit dans les années 80, et depuis de nombreuses années progressivement vidé de ses occupants, va faire peau neuve. D’ici la fin de l’année 2025, il devrait laisser place au projet Odyssey, un nouvel ensemble immobilier constitué de trois immeubles aux programmations mixtes.

Au centre de cet ensemble, une place qui n’est plus qu’une zone de passage entre les passerelles de l’Iris et Louis Blanc, entre la dalle du quartier d’affaires et la ville de Courbevoie. L’un des objectifs de ce nouveau projet sera donc de donner à la place centrale un nouvel usage, un point central qui reliera les immeubles entre eux, ouvert sur l’extérieur pour devenir un espace de vie et d’échanges à part entière pour les habitants, les salariés, les riverains et les gens de passage.

Les tours Miroirs, l’un des complexes immobiliers du quartier d’affaires, ont été construites au début des années 80 et imaginées par l’architecte Henri La Fonta. Lors de la réunion publique du mardi 16 novembre, les porteurs du projet sont revenus sur l’origine du projet Odyssey avec l’acquisition progressive des immeubles. Pour Primonial Reim, société de gestion d’actifs, tout a commencé avec l’acquisition de l’immeuble AB, ancien siège de Saint Gobain, en 2016. Par la suite, les porteurs du projet ont acquis l’immeuble C, qui avait déjà fait l’objet d’une légère restructuration, puis l’immeuble D qui accueillit la Société Générale.

« On a eu cette opportunité de remembrer cet ensemble immobilier, chose qui n’avait jamais été faite puisqu’il y avait trois propriétaires distincts historiquement », explique Maxence Lafaille, en charge du projet Odyssey pour la société de gestion Primonial Reim. Après l’acquisition d’AB, puis de C, l’idée a germé de ne pas simplement réhabiliter ces immeubles. « On s’est dit : ‘‘Peut-être qu’en discutant avec Paris la Défense, pourquoi ne pas faire un projet de requalification global des abords et de ce quartier’’. C’est comme cela qu’on s’est retrouvé à acheter le bâtiment D ».

L’ensemble Les Miroirs est situé dans le quartier Alsace, à proximité du parc Diderot, l’un des poumons verts de Courbevoie. Du périmètre du projet, Maxence Lafaille indique qu’il « restera le même », mais le projet s’occupera également des abords du complexe. « Le projet va rayonner au-delà de son propre périmètre puisqu’il va permettre des aménagements autour du projet lui-même, que l’aménageur va réaliser en accompagnement du projet », précise Antoine Habilla, fondateur et CEO d’Orfeo Développement.

Durant la soirée, les porteurs du projet et architectes vont présenter la programmation des immeubles qui seront construits. « En terme de programmation, on est très ambitieux, et clairement, on a un client, nous, Primonial qui est très ouvert, très ambitieux, qui est très innovant également, indique Antoine Habilla. On sera le premier projet à la Défense, à notre connaissance en tout cas, à être ouvert en termes de programmation puisqu’on rassemble énormément d’usages ».

L’immeuble anciennement appelé AB, désormais O, proposera une programmation mixte mêlant commerces en pied d’immeuble, étages de bureaux et hôtel sur les derniers niveaux. De plus, un rooftop sera ouvert à tous et pourra accueillir « près de 1 000 personnes ». De cette programmation, Antoine Habilla explique : « Plus on va monter dans la tour haut, plus on va être accessible au public ».

Selon l’architecte Jean-Luc Crochon, de l’agence Cro&Co cela permettra de « mélanger les populations, les générations, faire en sorte que ces immeubles vivent plus longtemps que le cycle de bureaux de 8 h à 18 h ». Un jardin partagé est également prévu en haut de cette tour et sera accessible à tous. L’immeuble D, imaginé par CroMe Studio, regroupera des cafés ou espaces de restauration sur trois niveaux, des logements et des bureaux. Plus bas que ces deux voisins, il sera innovant. « La tour D, elle, c’est une véritable innovation programmatique, […] elle est réversible », explique le fondateur d’Orfeo. L’architecte Nayla Mecataff d’ajouter : « Il est vraiment conçu pour être aussi bien de l’hébergement que du bureau ».

Les plateaux qui seront construits pourront, sans difficultés, passer d’espaces de bureaux à des espaces de logements. « Quand on dit qu’on est réversible ça veut dire que si on a besoin de plus de logements, on peut très bien augmenter les mètres carrés dans le même immeuble d’hébergements par rapport à un état de base que l’on pense être le marché aujourd’hui. Si dans 10 ans, on a besoin de plus d’hébergements, et bien on pourra monter la quote-part d’hébergements dans cet immeuble ». Une grande flexibilité pour les « preneurs » qui sera également accompagnée d’une « terrasse partagée par tous les utilisateurs » et de loggias ouvertes sur l’extérieur.

Dernier bâtiment, l’immeuble C, qui sera la « figure de proue de la parcelle », avec des courbes particulières et des balcons permettant aux salariés de cette tour de bureaux, de « sortir absolument partout avec la lumière naturelle et à l’air libre » grâce à des balcons « à tous les étages et autour de chaque plateau ». Concernant les aires de livraison et les parkings, les porteurs de projet tentent de rassurer les habitants qui s’inquiètent de la présence quotidienne de camions dans les rues à proximité. Ces aménagements ont été prévus en sous-sol. Pour Jean-Luc Crochon, cela permettra de conserver le côté « noble » des façades.

« On n’aura pas à avoir de sortie de parking, pas d’aires de livraison, des camions en attente au pied des immeubles, tout ça va se passer à l’intérieur de l’îlot ». Durant la réunion, les porteurs du projet pointent du doigt les faiblesses de ce complexe souvent appelé par les urbanistes, selon Antoine Habilla, « une forteresse ». « On a fabriqué […] un projet, qui, de concert avec Paris la Défense, […] devait avoir pour ambition [de] transformer […] et de régler […] des problèmes qui existent dans le quartier ».

Parmi ces problèmes, les difficultés qui peuvent être rencontrées par les habitués du quartier pour relier le niveau de la dalle au niveau d’origine de la Ville et le manque d’ouverture de ce complexe. Cela devrait donc changer avec le projet Odyssey avec la création d’une nouvelle place. « On a trois immeubles qui vont surtout former une place, il y a un quatrième élément dans ce triptyque, c’est la place […] D’un commun accord avec l’aménageur […], il était acquis que cette place devait revenir sur le niveau du terrain
naturel », indique Antoine Habilla.

« On va ramener du passage, du flux et de la vie au niveau du bas et du sol naturel de l’immeuble », explique Maxence Lafaille. Pour créer cette place, elle a été imaginée en « interaction avec l’environnement », précise Jean-Luc Crochon. « Tous le public pourra accéder à toutes les façades, où on retrouve plus de 5 800 m² de fonctions ouvertes sur l’extérieur, ça va [être] des commerces, des cafés, des business centers ».

Cette place sera donc un espace ouvert à tous et non plus réservé aux occupants des tours, avec deux escaliers disposés en Y pour rejoindre d’un côté le parc Diderot et le boulevard circulaire. Pour faciliter l’accès, des ascenseurs seront disposés sur chaque nouvelle faille. « Ils sont pris dans l’emprise du bâtiment et vont permettre de monter d’un niveau à l’autre de manière mécanique », précise Nayla Mecataff.

La place permettra de créer un lien horizontal avec la place Zaha Hadid, fraichement livrée, au pied de la tour Alto. « C’est une véritable extension horizontale au niveau du piéton, qui va ouvrir le projet Odyssey et donc qui va amener au niveau du piéton des vues et des perspectives à travers les Miroirs […] des vrais transparences urbaines à travers cet îlot. Cette continuité piétonne va permettre d’amener l’espace public au cœur d’une parcelle privée », raconte Jean-Luc Crochon.

Les travaux de curage et désamiantage ont d’ores et déjà débuté dans les différents immeubles et se poursuivront jusqu’en septembre 2022. Le nouveau programme immobilier devrait être livré selon les premières estimations des porteurs du projet, à la fin de l’année 2025.

Les étapes du projet

Depuis 2016 :
Acquisition progressive des
différents immeubles
Depuis deux ans :
Préparation des OAP et lancement des études
Jusqu’en septembre 2022 :
Curage et désamiantage des immeubles AB-C-D
Mars 2022 à mars 2023 :
Démolition
Mars 2023 à fin 2025 :
Construction et aménagements
Fin 2025 :
Livraison prévisionnelle

CREDITS PHOTOS: LA GAZETTE DE LA DEFENSE