Avant de franchir les portes du 22 rue du Clos Lucé, à Courbevoie, impossible d’imaginer
la présence de cuves à vin, ici, en plein cœur de la ZAC des Groues. Pourtant, c’est dans cet ancien local municipal qu’Antoine et son père Fady ont choisi de s’installer pour réaliser leur rêve : se lancer dans la vinification urbaine. Mais chez les Sfeir, c’est le fils qui transmet sa passion au paternel. Arrivé au bout de son master commerce des vins il y a cinq ans, Antoine rédige son mémoire sur la gestion urbaine du vin, et notamment sur la renaissance du vin parisien. C’est le déclic : Fady quitte l’informatique, et se lance avec son fils dans le projet de leur vie.

Aujourd’hui, la start-up Le Pif à Papa produit son vin naturel aux pieds des tours de La Défense, à partir de raisins récoltés dans la Loire, auprès de vignerons partageant le même souci de la qualité du produit et de la protection de l’environnement. La dernière nouveauté en date ? Les ateliers du Pif, une invitation à plonger dans les secrets de production du vin francilien. Ainsi, tous les mardis à partir de 18 h, une dizaine de curieux se laisse guider entre les cuves, au gré d’un programme imaginé de bout en bout par Fady et Antoine Sfeir. Au début de celui-ci, chaque participant est invité à raconter une anecdote, un souvenir lié au vin, avant que les deux vignerons Courbevoisiens ne posent un peu de contexte avant d’entamer la visite : d’où vient le vin ? Comment travaille-t-on la vigne ? Qu’est-ce qu’un cépage ?

Une fois les présentations faites, on fait le tour du chai, en suivant le processus de vinification opéré par les deux hôtes. Livraison, presse hydraulique, mise en cuve, fermentation… Tout y passe, toujours avec une volonté de transparence vis-à-vis du produit. « On a envie d’expliquer notre façon de faire au client, raconte Antoine Sfeir. C’est aussi pour cela qu’on passe presque uniquement par la vente directe. On veut que l’information passe clairement, c’est important quand on produit un vin avec uniquement des choses propres, sans additif ».

Une fois le tour du propriétaire terminé, il est temps de passer à la dégustation. Le Chenin de Maman, le Rosé de Mamie et le Gamay de Papy se succèdent, entre autres vins franciliens et accompagnés de fromages locaux. « Le vin c’est aussi de l’humain, de l’échange, ajoute Antoine Sfeir. On commence par ces ateliers, qui permettent de faire découvrir notre gamme, puis on ajoutera des ateliers d’assemblage, avec des exercices plus poussés en termes d’œnologie ».

L’idée d’accueillir des concerts dans leurs locaux taraude également l’esprit des Sfeir.
« On s’est régalé, mais au-delà de ça, c’est l’énergie qui les anime qui est super », s’enthousiasme même un participant, heureux vainqueur d’une bouteille de vin rouge après avoir remporté le quiz de fin. Cet amour du goût et des bons produits, on le retrouve à quelques kilomètres de là, dans le centre-ville de Nanterre. Exit les raisins, place au houblon : c’est de la bière artisanale que propose l’équipe de la brasserie Nemeto. Philippe Converset, Fabrice Huger, Olivier D’Ancona et François Soliva ont investi l’ancienne grange à blé de la rue Silvy au mois de juillet, et produisent désormais leur bière dans leur propre local.

« On a tous choisi de se reconvertir autour de ce qui nous lie : bien manger, et travailler de bons produits, sourit Philippe Converset, ancien ingénieur informatique. Notre but était d’avoir un produit dont on est fier ». « C’est intéressant de faire découvrir ce monde de la bière artisanale à ceux qui ne connaissent pas », enchérit François Soliva.

S’il y a bien une volonté qui guide ces quatre compères, c’est celle de donner vie à un produit 100 % local : céréales françaises, production nanterrienne et distribution en circuit court forgent l’identité de la bière Nemeto. « On vend en direct aux particuliers, aux bars, aux épiceries et aux cavistes, explique Philippe Converset. Les gens sont assez demandeurs pour qu’on se permette de vivre uniquement avec des partenariats locaux. Depuis quelque temps, il y a un marché du goût qui se redéveloppe en France, et la bière retrouve ses lettres de noblesse. La bière artisanale, c’est un peu comme un bon vin, ça se déguste et ça s’apprécie ».

Cette philosophie correspond également à leur envie de participer, à leur échelle, au respect de l’environnement. Un souhait qui se traduit dans une gamme 100 % bio, et une politique « zéro gaspillage ». « Habituellement, les brasseries jettent les résidus du brassage, des céréales qui ont donné tout leur amidon qu’on appelle les drêches, raconte Philippe Converset. Nous, on a un partenariat avec La ferme du bonheur, qui les récupère pour nourrir leurs cochons. Il nous arrive également de les recycler pour faire des crackers. C’est utile, hyperlocal et on s’en débarrasse : tout le monde est content ».

La gamme Nemeto est aujourd’hui composée de quatre variétés de bières : blonde, blanche, brune et IPA (Indian pale ale). Six autres recettes déjà établies viendront garnir la sélection dans les prochains mois. L’objectif ? Proposer six bières régulières, sans compter les productions saisonnières. Une bière au miel pourrait justement pointer le bout de son nez, de quoi lutter contre l’arrivée du froid hivernal.

Infos pratiques

Les Ateliers du Pif se déroulent les mardis de 18 h à 20 h 30, au 22 rue du Clos Lucé à Courbevoie. L’inscription est obligatoire, en envoyant un mail à fady@pifapapa.fr. La brasserie Nemeto, située au 4 rue Silvy à Nanterre, ouvre ses portes en semaine de 10 h à 18 h. Avant, peut-être, de proposer des ateliers de brassage et même des privatisations.

CREDIT PHOTO 1: LA GAZETTE DE LA DEFENSE

CREDIT PHOTO 2: NEMETO