C’est la tour des premières fois. À sa livraison en 1963, la tour Esso constitue le premier bâtiment de bureaux de France ! Il permettra à la compagnie pétrolière américaine de faire travailler la totalité de ses 1550 employés répartis dans différents sièges à Paris et en banlieue dans un seul et même endroit.

Un lieu concentrant toutes les modernités d’alors, dont un des premiers self-services du pays, une salle de cinéma, un salon de repos et une myriade de calculateurs informatiques nécessitant un espace entièrement climatisé pour les y stocker. Plus funeste, la tour de 11 étages sera aussi le premier édifice du quartier d’affaires à disparaître, dans les années 1990, au moment de sa démolition.

Rasée, elle laissera place à un autre collectionneur de record, le plus grand bâtiment de bureaux d’Europe, Cœur Défense, avec ses deux tours et ses 185 000 mètres carrés de surfaces de bureaux. « L’ancien immeuble [Esso] est démonté en 1995 pour laisser petit à petit place à un édifice pétri d’éléments esthétiques avant-gardistes des années 1920 – façades bichromiques et corps d’immeubles en rotondes », raconte sur son site internet Paris la Défense, organisme public aménageur du quartier d’affaires, qui occupe d’ailleurs un des étages de cet ensemble inauguré en 2001.

Tant d’années et de constructions séparent les deux clichés que la Gazette vous propose cette semaine qu’il est difficile d’imaginer qu’ils furent pris au même endroit. Seul point de repère encore visible de nos jours, la tour Initiale, une des premières édifiées à la Défense (voir notre édition du 29 septembre), qui trône à l’arrière plan des deux photographies. Le cliché d’époque laisse largement entrevoir les excavations réalisées à la fin des années 1960 dans le cadre du creusement des tunnels du RER A.

Avant la livraison de la station de la Défense, le quartier d’affaires, à ses balbutiements, était épisodiquement desservi par une gare située derrière le Cnit (voir notre édition du 22 septembre). Un enclavement ne posant qu’un problème encore mineur à l’époque pour les salariés d’Esso Standard, à l’heure de l’automobile et du tout pétrole !

CREDIT PHOTO EPOQUE: CD92 / ARCHIVES DEPARTEMENTALES DES HAUTS-DE-SEINE

CREDIT PHOTO RECENTE: LA GAZETTE DE LA DEFENSE