Nouveau rebondissement dans la saga de la fusion Veolia-Suez. Le Parquet national financier (PNF) enquête, depuis mi-juin, sur un éventuel « trafic d’influence » autour de l’offre publique d’achat (OPA) de Veolia sur son rival. Une procédure qui fait suite à une plainte de plusieurs syndicats du groupe Suez, hostiles au projet de rachat depuis son annonce.

Ces derniers ont dénoncé dans un communiqué « l’appui d’interventions politiques bien en amont de l’annonce publique du projet », dans le but de faire aboutir le rapprochement entre les deux géants français. L’Union syndicale Suez avance également que « l’OPA hostile de Veolia envers Suez n’obéit à aucune logique économique ou industrielle, et aboutit à la destruction d’un des rares géants français à l’international », comparant la situation à une « nouvelle affaire Alstom ».

Dans leur plainte du 22 avril dernier, les syndicats soupçonnent Alexis Kohler, secrétaire général de l’Elysée, Antoine Frérot, PDG de Véolia, Jean-Pierre Clamadieu, président du conseil d’administration d’Engie, et Thierry Déau, PDG du fonds Meridiam, de s’être entendus sur la fusion des deux rivaux, a appris l’AFP de source judiciaire. Avec à l’appui, des réunions « impliquant le gouvernement » et « l’intervention directe d’Alexis Kohler en octobre 2020 auprès de représentants syndicaux » afin que Veolia rachète les parts (29,9%) détenues par Suez.

Un mois après la plainte, l’Union syndicale avait « décidé de mettre en demeure les sociétés Veolia, Engie, Meridiam et Suez de ne pas procéder à la destruction ou à l’altération des documents saisis le 26 novembre 2020 et actuellement sous séquestre », s’inquiétant de voir disparaître « des éléments de preuve déterminants permettant d’identifier avec plus de précision le rôle de chacun des acteurs ayant été impliqués » dans le rachat.

«On ne peut que se réjouir que la plainte des syndicats ait été prise au sérieux par le PNF qui ouvre une enquête. Cette enquête doit faire la lumière sur les collusions entre le monde politique et le monde des affaires. C’est malheureusement une spécificité française»,
a réagi dans les médias Me Jean-Baptiste Soufron, qui représente les syndicats à l’origine de la plainte avec Me Patrick Rizzo. Contactés par la rédaction, Suez n’a pas souhaité réagir, Veolia et Engie n’ont pas répondu dans le temps imparti à la publication de notre édition.

CREDIT PHOTO: LA GAZETTE DE LA DEFENSE