Le fonds d’investissement français Ardian, sollicité par Suez pour racheter 29,9 % de ses parts détenues par Engie, et ainsi contre l’OPA de Veolia sur son capital, a renoncé lundi à déposer une offre. « Ardian, fidèle aux principes de négociations non hostiles, a décidé de ne pas déposer d’offre pour laisser le temps aux discussions en cours », a indiqué le fonds dans un communiqué du 5 octobre, à quelques heures de la réunion du conseil d’administration d’Engie, qui pourrait entériner la vente de ses parts au dernier acheteur en lice, Veolia.

Dans un communiqué publié dans la foulée, le groupe Suez a confirmé être « en ligne avec la décision d’Ardian de ne pas remettre d’offre au conseil d’Engie ». Il y dit regretter « la précipitation du conseil d’Engie de vouloir décider sans analyse et sans discussion et dialogue préalables d’une offre alternative » et précise que «  le conseil d’administration de Suez confirme qu’il mettra en œuvre tous les moyens à sa disposition pour éviter une prise de contrôle rampante ou un contrôle de fait ».

Le dernier obstacle officiellement mis en avant par Engie à l’opération de rachat était son possible caractère « hostile ». En clair, est-ce que Veolia allait engager un coup de force après la cession des parts d’Engie pour obtenir le leadership au sein de Suez ? Une voie que l’entreprise, qui avait entamé des discussions avec son concurrent au début du mois, a assuré dans un communiqué en date du 4 octobre ne pas vouloir prendre : « Toute offre publique d’achat sur le solde du capital de Suez nécessitera donc un accueil favorable préalable du conseil d’administration de Suez ».

Une promesse faite en échange d’un rétropédalage sur la mise sous protection d’une fondation de la division Eau de Suez ; une stratégie pensée pour compliquer son rachat et qualifiée de « coup fourré » par Antoine Frérot, PDG de Veolia.

Le groupe leader mondial de la gestion de l’eau et des déchets, avait relevé, il y a quelques jours, son offre de rachat des 29,9 % des parts d’Engie dans Suez à 3,4 milliards de dollars, soit 500 millions de plus que son offre du 30 août dernier. À titre symbolique, les salariés de Suez mobilisés contre l’OPA avaient manifesté mardi 29 septembre dernier en lançant au pied du siège d’Engie à la Défense, 3 milliards d’euros en petites coupures.