Veolia avait vu rouge à l’annonce, par le tribunal judiciaire de Paris, de la suspension de son OPA sur Suez, le 9 octobre dernier. L’entreprise et Engie, à l’origine de la mise en vente de 29,9 % des parts de l’ex-Lyonnaise des Eaux, avaient fait appel de la décision. L’audience s’est d’ores et déjà tenue, le 5 novembre dernier, mais la décision du tribunal ne devait être rendue que le 19 novembre. 

Pour rappel, la suspension de l’opération de rachat n’était que temporaire, et ne sera valable que tant que « les CSE concernés n’auront pas été informés et consultés sur les décisions déjà prises et annoncées publiquement », ainsi que l’expliquaient les juges dans leur ordonnance. Si la décision devait être confirmée, cela ralentirait de plusieurs semaines l’acquisition définitive dès près de 30 % du capital de Suez, par son concurrent français. 

Dans le cas contraire, Veolia pourrait continuer d’avancer ses pions. « Veolia s’engage à déposer une offre publique d’acquisition au prix de 18 euros par action pour l’ensemble du capital de Suez », rappelait l’entreprise dans un communiqué le 3 novembre dernier. Un prix susceptible de rassurer les éventuels acheteurs de filiales de Suez, appelés à se manifester après le rachat total de l’entreprise. 

Mais, avant de l’envisager, il lui faudrait déjà obtenir l’accord du conseil d’administration de Suez, qui continue de clamer que la seule OPA sur ses 30 % de capital est « hostile ». « Il n’y a pas de risque sur l’emploi, c’est un épouvantail qui ne tient pas debout », a tenté de rassurer, le 10 octobre dernier, Antoine Frérot, PDG de Veolia, face à la commission sénatoriale qui auditionne depuis octobre les protagonistes de l’affaire. 

Selon Antoine Frérot, l’offre de Veolia a même été salvatrice et a permis d’éviter la perte d’un fleuron national. « Notre grand concurrent chinois, l’entreprise Beijing group s’était manifestée auprès d’Engie », a-t-il ainsi assuré. Une telle issue, jamais relayée dans la presse, a beaucoup interrogé les syndicats de salariés. « Comment monsieur Frérot a-t-il eu connaissance de cette information ? », questionnait dans un communiqué, le 13 novembre dernier, la CGT Suez Eau, qui continue de dénoncer l’engagement a minima pris par Antoine Frérot, de préserver l’emploi jusqu’en 2023.