Sur les coups de deux heures du matin, le 2 novembre dernier, des policiers repèrent sur les caméras de vidéo-surveillance d’Asnières-sur-Seine un homme dès plus excité au beau milieu de la chaussée, en train de hurler et de faire de grands gestes. Arrivée sur place, une patrouille de policiers municipaux découvre cet individu en train de simuler un combat de boxe et de donner un grand coup de pied dans une moto stationnée sur le bas côté.

Un des policiers s’approche alors de lui et réclame qu’il se calme. « Sale noir, qu’est-ce-que tu vas faire ?! », lui rétorque l’énergumène, avant de le menacer de mort. « Je vais te rafaler à la kalash », lui lance-t-il alors, tout en mimant le geste. Interpellé pour être amené au commissariat, l’homme continue de proférer des propos désagréables à bord du véhicule de police, en ciblant particulièrement le seul policier
noir de peau de la patrouille.

Déféré devant le tribunal de Nanterre, le 3 novembre dernier, l’individu niera avoir proféré des insultes à caractère raciste et avoir menacé de mort les forces de l’ordre. Selon ses dires, les policiers auraient « inventé » ces propos et falsifié les procès-verbaux. C’est même lui qui serait, en fait, la victime de cette histoire : « À aucun moment, j’ai traité le policier de “sale noir” ! C’est juste qu’il y avait une bande de noirs qui voulaient me faire la peau pour [leur avoir refusé] une cigarette ! Ils m’ont traité de sale arabe, ils m’ont couru après et voulaient me voler mes baskets. Alors [quand j’ai aperçu le policier] je lui ai dit : ces noirs, je vais les rafaler ! ».

Sa version ne convaincra pas la procureure à l’audience, qui soulignera les 33 mentions au casier judiciaire du prévenu, dont un grand nombre relèvent de l’outrage et de la rébellion vis-à-vis d’une personne dépositaire de l’autorité publique. « Monsieur a, semble-t-il, un problème de positionnement par rapport à l’autorité », notera le ministère public, qui requerra deux mois de prison ferme.

L’avocate du prévenu jugera la version de son client crédible et récusera le caractère raciste des insultes. « Vous comprenez, mon client ne fréquente pas les milieux mondains où on parle pudiquement “d’hommes subsahariens” ! », clamera-t-elle, sans ironie. Le tribunal ira au-delà des réquisitions de la procureure et lui infligera trois mois de prison avec mandat de dépôt.

CREDIT PHOTO: LA GAZETTE DE LA DEFENSE