Elle serre son mouchoir, comme un grigri réconfortant. Son masque chirurgical dissimule à peine son émotion et laisse entrevoir ses yeux humides. L’une des quatre victimes d’un fraudeur du RER B, qui comparaissait au tribunal de Nanterre le 27 octobre dernier, est encore toute retournée de son agression de la veille. Elle, et trois de ses collègues contrôleuses RATP présentes à l’audience, avaient alors dû faire face, à Bourg-la-Reine, à cet homme de nationalité mauritanienne bien décidé à ne pas payer son titre de transport.

Il était presque 7 heures du matin, le 26 octobre, quand ce resquilleur est identifié dans une rame qui le conduisait à son travail. Conciliantes, les agentes à bord ne lui infligent pas d’amende, mais réclament au moins qu’il s’acquitte des 2,10 euros que coûte un billet. « Je n’ai pas que cela à faire ! », s’agacera l’énergumène, qui se montrera vite violent et insultant. Sur une vidéo publiée par un passager sur Twitter, on peut même voir le prévenu saisir une des contrôleuses par la tête et la repousser brutalement.

Il faudra tirer la sonnette d’alarme et immobiliser le train en gare pour en faire sortir le contrevenant, toujours aussi enragé. « Je baise ta mère, sale pute, lâchera-t-il à une agente du PC sécurité où les contrôleuses tenteront de le maintenir jusqu’à l’arrivée de la police. Je préfère aller en prison plutôt qu’on me manque de respect ». Trois autres employées de la RATP essuieront coups et jurons avant son interpellation par les forces de l’ordre. À en croire les agents de sécurité masculins présents sur place, l’individu n’aura été virulent qu’avec les jeunes femmes, de plus petit gabarit.

Un bel exemple du « courage des lâches », résumera l’avocat des parties civiles. Les quatre victimes écoperont d’ITT (interruptions temporaires de travail, Ndlr) allant de 2 à 7 jours, pour des violences notamment subies « au cours d’une scène qu’on pourrait qualifier d’unique », aux dires de la présidente du tribunal. Car au-delà des « coups de patates » revendiqués par le prévenu à l’audience « pour se défendre », celui-ci frappera également des agentes avec son manteau, brandi comme un fouet. Une scène, là encore filmée. Son avocate plaidera la cause d’un homme « pressé d’aller travailler », à qui on aurait dû mettre « une amende et puis voilà ».

Le prévenu, qui accueillera le jugement avec un sourire imbécile, écopera de 12 mois de prison avec sursis et d’un stage de citoyenneté.

CREDIT PHOTO: LA GAZETTE DE LA DEFENSE