La station RER Nanterre-préfecture a été choisie afin de servir de test des équipements à destination des personnes déficientes sensorielles, dans le cadre du programme Equisens de la RATP. Doté d’un budget de 30 millions d’euros, il vise à améliorer l’éclairage, l’acoustique, la signalétique et l’information dans les espaces. L’expérimentation actuelle comprend la mise en place de balises sonores, de bandes d’éveil et de vigilance en haut des escaliers, de bandes d’interception sur les quais, de nez de marche refaits, et de mains courantes (rampes, Ndlr) rallongées.

Intégré dans le programme quinquennal d’investissement signé avec le Île-de-France Mobilités, organisme satellite de la Région chargé des transports, Equisens concerne à terme les 302 stations de métro et les 65 gares RER. Il fait également partie de la politique accessibilité du groupe RATP : depuis la loi de 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, l’entreprise de transports publics a l’obligation de rendre accessibles ses équipements à tous les types de handicap.

« Le projet Equisens est né pour être une réponse à un autre type de handicap que physique, précise Marie-Christine Raoult, responsable de la mission accessibilité à la RATP, contactée par La Gazette il y a deux semaines. Le handicap sensoriel inclut le handicap visuel, auditif, psychique, et parfois aussi dans notre manière de traiter, le handicap mental. » Elle précise par ailleurs que les lignes de bus sont prévues pour accueillir les personnes handicapées moteur, réponse déjà donnée lors des régulières interpellations des associations déplorant le manque de stations de métro accessibles.

La RATP a fait appel à neuf associations pour confectionner des parcours dans quatre stations expérimentales : Nanterre-préfecture, Reuilly-Diderot, Château de Vincennes et Olympiades.

En 2013, l’entreprise de transport a fait appel à neuf associations travaillant avec les personnes connaissant des déficiences sensorielles pour confectionner des parcours dans quatre stations expérimentales, de sorte à obtenir un premier diagnostic : Nanterre préfecture, Reuilly-Diderot, Château de Vincennes et Olympiades.

« La gare de Nanterre préfecture a été choisie pour tester les équipements de la première partie du projet, qui est Equisens démonstration, indique la responsable de la mission accessibilité à la RATP. C’est un lieu qui n’est pas trop chargé, et il y a suffisamment d’espace pour pouvoir mettre en place les équipements, et ensuite amener des personnes qui ont un handicap sensoriel dans cet espace pour vérifier qu’ils correspondent bien à leurs besoins. »

Depuis 2016, Equisens en est à sa deuxième étape, et se nomme désormais Equisens généralisation. « Tous les équipements mis en place dans le cadre du démonstrateur ont été, ou vont être enlevés et remplacés par des produits définis et conçus dans le cadre d’Equisens généralisation », affirme Marie-Christine Raoult. Après avoir été testés et évalués, des dispositifs visuels, sonores et tactiles vont ainsi équiper l’ensemble des espaces publics de la RATP. Ils apporteront une aide en termes de repérage des différents services, de sécurisation des cheminements et d’accès à l’information.

Le projet qui doit s’étendre jusqu’en 2021 contient trois lots, mais le troisième n’est « pas encore prévu ». Le premier lot consiste à mettre aux normes les escaliers fixes, les nez de marches, les bandes d’éveil à la vigilance en haut de chaque escalier, et des bandes d’interception au droit de chaque borne d’appel de quai.

« Sur les aménagements des nez de marche, les gens sont contents, ça aide significativement les malvoyants pour savoir où marcher », souligne Alain Fabre,
vice-président de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) d’Île-de-France.

Le second lot y est toujours en cours de démonstration, il comprend le rallongement de mains courantes des escaliers, et la mise en place de balises sonores pour l’aide au repérage. « Les études sont en cours et devraient être finies courant 2019, précise la responsable de la mission accessibilité à la RATP. Tout devrait être fini en 2021. »

« Ça avance depuis quelques années, c’est un bon point, souligne Alain Fabre, vice-président de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) d’Île-de-France. Sur les aménagements des nez de marche, les gens sont contents, ça aide significativement les malvoyants pour savoir où marcher. » D’après ce responsable, ce qu’il faut mettre en place en priorité, c’est que la première et la dernière contre-marche (la partie verticale de la marche d’un escalier, Ndlr) soient « contrastées ».

« Concernant les bornes d’appels sur les quais, elles sont accessibles aux personnes en fauteuil roulant, et ça fonctionne déjà bien avec le RER A notamment, poursuit-il. Il y a du progrès avec les balises sonores au niveau du métro et la ligne 1, et beaucoup de personnes avec différents handicaps sont satisfaits. »

Alain Fabre émet tout de même un petit bémol : « Pour ce qui est du rallongement des bandes de mains courantes, toutes les stations ne sont pas encore équipées, et on espère que le budget sera là. » Le représentant félicite tout de même leur mise en place à la station Nanterre-préfecture, ainsi que celle de l’éclairage des escalators.

« C’est important, il y a de l’avancement », rappelle-t-il. « Nous avons visité la station de Nanterre-préfecture avec notamment la commission d’accessibilité de la RATP (qui regroupe les 9 associations, Ndlr) et on est plutôt satisfait », déclare Alain Fabre. Celui-ci soulève néanmoins le manque de repères au niveau des couloirs de correspondances de la station : «  Il n’est pas facile pour les malvoyants de se situer entre le RER A et la ligne L, ça manque encore de visibilité », confie-t-il, tout en précisant que la remarque a été adressée à la RATP.

Handicap psychique :
sensibilisation des agents sur le RER A et la ligne 1

« LA RATP possède un programme d’action de sensibilisation de nos personnels d’accueil, pour l’accueil des voyageurs aux besoin spécifiques », annonce Marie-Christine Raoult, responsable de la mission accessibilité de l’entreprise de transports. Ce programme contient trois niveaux : « L’obtention du label S3A de l’association Adapei, symbole d’accueil, d’accompagnement et d’accessibilité, c’est une démarche qu’on a lancé il y a trois ans, et permet de former nos agents à l’accueil de personnes handicapées mentales. »

Deuxièmement, en partenariat avec le centre régional du tourisme, la RATP a décidé de sensibiliser son personnel d’accueil aux personnes avec un handicap sensoriel et psychique, à l’aide de formateurs relais. « On montre ce que c’est que d’être une personne aveugle, ou avec un handicap auditif à nos agents », souligne Marie-Christine Raoult. Enfin, la RATP a obtenu la labellisation Cap’hendéo de la ligne 1 du métro en 2018, qui certifie un accueil des personnes en situation de handicap mental, psychique, visuel ou auditif.

La RATP assure être le premier opérateur de transport public à obtenir cette certification. Ce label permet, via la formation des 300 agents de station de la ligne 1 et l’adaptation des équipements, un meilleur accueil des personnes en situation de handicap à chaque étape du voyage, de la prise d’information en amont à la réalisation du trajet. « Dans la foulée, la ligne A du RER est partie sur cette démarche pour essayer d’obtenir ce label, annonce Marie-Christine Raoult. Cela permettrait de compléter les équipements, parce que l’accompagnement de nos agents est primordial. »

« Globalement, ça va dans le bon sens, il est important de former les agents, pour toutes sortes de situations, et la démarche du RER A de demander le label Cap’hendeo est une très bonne chose, souligne Alain Fabre, vice-président de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) d’Île-de-France. Il faut que les agents puissent aider et diriger l’ensemble des usagers, y compris les personnes aux déficiences sensorielles et cognitives. »