Chaque jour, matin et soir, aux heures de pointes, des milliers de voyageurs empruntent les couloirs de la gare de la Défense, entre le RER A et le Tram 2, entre le métro et les transiliens de la ligne L et de la ligne U. Certains montent, d’autres descendent des rames. Une saturation des quais et plus particulièrement de ceux du tramway T2 qui inquiètent de plus en plus les associations d’usagers. Même inquiétude pour la station Esplanade de la Défense, empruntée par ceux qui travaillent dans les tours proches de la Seine.

Pour répondre aux nouveaux enjeux comme l’arrivée du projet Eole (prolongement du RER E à l’Ouest, passant par la Défense, Ndlr) et à la construction du nouveau siège de l’entreprise pétrolière Total, cinq institutions ont décidé de lancer et de se répartir les tâches en prenant en charge les diverses études à mener dans ces gares très fréquentées.

Coût total de cette opération, plus de 13 millions d’euros. Un montant important pour financer ces projets et qui devrait l’être par le conseil régional des Hauts-de-Seine, la RATP, la SNCF, l’établissement public aménageur et gestionnaire du quartier d’affaires Paris La Défense, ainsi qu’Ile-de-France Mobilités, (IDFM, organisme satellite de la Région Ile-de-France en charge des transports, Ndlr).

Vendredi 15 novembre, vers 8 h 30, les voyageurs sont nombreux sur le quai de la station La Défense-Grande Arche à attendre de pouvoir prendre le tram 2 direction Porte de Versailles ou Pont de Bezons. Ils seront tout aussi nombreux à descendre des rames pour rejoindre les tours du quartier d’affaires ou attraper une correspondance. Rapidement, le quai est bondé, alors qu’un train arrive toutes les quatre minutes.

« Aux heures de pointes, nous sommes à chaque fois déployés sur le quai avec mes collègues pour faciliter la descente et la montée » raconte un chef d’équipe de l’axe vers Porte de Versailles.

Une quinzaine d’agents de la RATP sont présents sur les quais et mobilisés pour aider à la descente et à la montée dans les trains. « Aux heures de pointes, nous sommes à chaque fois déployés sur le quai avec mes collègues pour faciliter la descente et la montée raconte un chef d’équipe de l’axe vers Porte de Versailles. Un temps de stationnement plus long est en place à la Défense pour que les gens aient le temps de monter et descendre sans se bousculer ».

Ce jour-là, la régulation opérée par les agents semble fonctionner. Les voyageurs patientent et écoutent les conseils des agents pour monter et descendre en toute sérénité et emprunter les passages souterrains. Les points de congestion étant alors situés davantage sur les escaliers menant aux lignes L et U, au Métro 1 et au RER A. Sur les autres quais de transports de la Défense, la situation est quasiment similaire.

« Plus le temps passe, plus il y a des sujets qui deviennent urgents », réagit Marc Pélissier, président de la Fédération nationale des usagers des transports (Fnaut) d’Ile-de-France au lancement des études sur ces pôles importants de transports. De la station Esplanade de la Défense également concernés par ces études, Marc Pélissier explique de la situation actuelle : « La station Esplanade est déjà limite et on construit encore des tours autour […] L’unique quai est saturé ».

Pour réaliser ces études et entamer une démarche autour des gares de la Défense, le conseil régional des Hauts-de-Seine, la SNCF, la RATP, Paris La Défense et Ile-de-France Mobilités se sont donc mis d’accord sur une répartition des études. Le montant total de la facture s’élève pour l’instant à plus de 13,3 millions d’euros. L’objectif, réussir à élaborer un schéma directeur avec « une vision commune pour apporter des réponses aux dysfonctionnements actuels du pôle et préparer l’avenir ».

Des études demandées par le gouvernement et qui devraient être pilotées par la direction régionale et interrégionale de l’équipement et de l’aménagement d’Ile-de-France (DRIEA) comme le précise la convention de financement relative aux études préliminaires constitutives du « schéma directeur des mobilités » et des premiers avant-projets (AVP). Le périmètre d’étude a été découpé en deux, précise le document : « deux pôles d’échanges dont l’un majeur (Coeur transport) et une station de métro à proximité de la Seine (Esplanade) ».

Le convention détaille ensuite les différentes études et le coût de chacune d’entres elles. Le Département devrait par exemple prendre en charge les études préparatoires et d’avant-projet de la gare routière ou encore le diagnostic du pôle pour un coût de 2,6 millions d’euros. Paris La Défense sera en charge des études sur l’accessibilité pour les véhicules, piétons ou encore cyclistes.

La SNCF, devrait mener des études sur les gares transiliennes, et Ile-de-France Mobilités pour pour prendre en charge des opérations transverses pour 750 000 euros. Du côté de la RATP, plus de 5 350 000 euros d’études sont prévus pour les quais du tramway 2 et pour la « désaturation station M1 Grande Arche ».

« On n’a pas été associé à cette réflexion-là, où il y a déjà plein de monde, regrette Marc Pélissier de la Fnaut étant tout de même un peu rassuré par l’initiative. Mais sur le principe, on trouve bien que le sujet soit enfin mis sur la table ». Des études avaient été précédemment menées « mais qui n’avaient pas abouti à des choix » raconte-t-il.

Marc Pélissier, président de la Fnaut explique de la situation actuelle : « La station Esplanade est déjà limite et on construit encore des tours autour […] L’unique quai est saturé ».

Une grosse inquiétude persiste tout de même chez les usagers, l’arrivée du RER E à la Défense en 2022, (projet Eole, Ndlr). Un effet boule de neige pourrait avoir lieu, avec un flux de voyageurs de plus en plus important sur chaque ligne desservie par la Défense. « On sait que déjà rien que l’arrivée d’Eole va créer des sujets supplémentaires de saturation » souligne le président de la Fnaut.

De l’analyse de la situation actuelle sur les quais du Tram 2, la convention détaille : « La demande augmente régulièrement sur le tramway T2 et s’approche d’un besoin métro. […] D’autres voies doivent être explorées pour répondre à la demande et assurer un bon fonctionnement à la Défense ». La convention précise qu’une augmentation du trafic ne pourrait pas être mise en place. En parallèle, une étude de faisabilité devrait être menée pour étudier la possibilité de créer une nouvelle station de Tramway T2.

L’objectif de cette étude est de « répondre à la congestion actuelle et à l’augmentation du trafic attendue, liée à la mise en service d’Eole (+90 % à moyen terme) et de la ligne M15 Ouest ». Pour le président de la fédération d’usagers, aucun changement n’est réellement imaginé à ce stade « sur la station de la ligne 1, sur les quais transiliens ni sur les gares routières. Or Eole va logiquement ajouter du monde dans ces correspondances avec tout ces lignes donc ça devient un sujet quand même assez délicat ».

Concernant le pôle nommé par la convention Esplanade, Marc Pélissier aborde un autre élément qui pourrait venir saturer encore plus les quais, la construction de la Tour The Link, futur siège social de la société pétrolière Total. Sur le dossier, le président de la fédération félicite le préfet qui s’est emparé du sujet. « La question se pose depuis longtemps mais le sujet est vraiment à l’étude depuis que le préfet a dit « je ne donne pas le permis de construire si on ne lance pas une étude sur le sujet » » rappelle-t-il.

En attendant la réalisation des études qui pourraient prendre plusieurs mois voire un an ou deux ans, Marc Pélissier s’inquiète espérant « ne pas arriver aux limites de ce qui est gérable ». Avec l’arrivée d’Eole mais aussi ces nouvelles constructions, le président de la Fnaut Ile-de-France regrette que les aménageurs « ne se préoccupent pas toujours des conséquences sur les flux ».