« Il mettra Courbevoie à trois arrêts de Londres et de Bruxelles », plaisante à moitié le maire courbevoisien Jacques Kossowski (LR) ce matin du mercredi 28 novembre, dans la tente dressée pour l’occasion au sein même du chantier de préparation du puits Robespierre, situé avenue Gambetta. En ce jour de baptême du tunnelier devant creuser de Courbevoie à la gare Saint-Lazare, les places étaient chères, seules 200 personnes pouvant être accueillies dans l’enceinte du chantier pour raison de sécurité.

A ce stade, le chantier de l’extension du RER E à l’Ouest, ou projet Eole, est en effet toujours dans les délais depuis son lancement. Le RER est donc censé être mis en service à Nanterre en 2022, puis jusqu’à Mantes-la-Jolie (Yvelines) en 2024. Il sera alors possible de gagner directement la vallée de Seine yvelinoise depuis et vers la Défense, tandis que la section parisienne viendra doubler un RER A complètement saturé.

L’ensemble du chantier d’Eole représente un investissement de 3,8 milliards d’euros. Il est partagé entre l’Etat et les collectivités locales franciliennes, conseil régional en tête, suivi des conseils départementaux des Hauts-de-Seine, des Yvelines, ainsi que de la mairie de Paris. A sa mise en service complète, la ligne E devrait transporter 650 000 voyageurs par jour (contre 400 000 aujourd’hui, Ndlr), et faire circuler 22 trains par heure à 120 km/h dans chaque sens au niveau de sa portion centrale.

L’extension du RER E à l’Ouest est toujours dans les délais depuis son lancement. Le RER est donc censé être mis en service à Nanterre en 2022, puis jusqu’à Mantes-la-Jolie (Yvelines) en 2024.

Mais avant de lancer le tunnelier à l’assaut des sous-sols franciliens pour un trajet de 6 km de Courbevoie jusqu’à la future station de la porte Maillot, puis jusqu’à la gare Saint-Lazare, il fallait, comme le veut la tradition, le baptiser, en l’occurrence en la présence de la ministre des transports, Elisabeth Borne. L’énorme engin de 1 800 tonnes pour 11,5 m de diamètre et 90 m de long est arrivé en pièces détachées, il est monté depuis août dernier par les techniciens du spécialiste allemand Herrenknecht, à l’abri des regards pour gêner le moins possible les riverains.

Désormais en cours d’implantation à plus de 30 m sous terre, il commencera à creuser vers Paris d’ici quelques semaines. Il progressera alors d’environ 10 m par jour, jusqu’à 15 m si les conditions sont favorables. Les déblais, eux, seront acheminés directement par la « conduite de marinage », une bande de convoyage qui traverse en hauteur Courbevoie jusqu’aux berges de Seine. Ils sont ensuite versés dans des barges permettant leur évacuation sans camions.

La gigantesque machine s’appelle maintenant Virginie, du prénom de l’assistante de Xavier Gruz, le directeur du projet Eole. « C’est impressionnant », témoigne Virginie Blivet Tribet, qui travaille sur Eole depuis une décennie. « J’ai intégré le projet au tout début, on était deux », rappelle la trentenaire de l’époque qui vit le lancement du débat public (ils sont maintenant 150 à travailler directement pour le projet Eole, Ndlr).

Le tunnelier s’appelle Virginie, du prénom de l’assistante de Xavier Gruz, le directeur du projet Eole. « C’est impressionnant », témoigne Virginie Blivet Tribet, qui travaille sur Eole depuis une décennie.

« Le tunnelier est un symbole très fort », indique lors des discours précédant ce baptême Alain Krakovitch, directeur général de Transilien à la SNCF. « Le plus important dans ce projet est le fait qu’il va d’abord délester le RER A, ligne la plus empruntée et la plus saturée d’Europe », met-il en avant en évoquant un délestage de 15 %, mais aussi de 10 % concernant le RER B. Il poursuit par la redondance apportée par la ligne : « Vingt-six lignes ferrées seront en interconnexion avec Eole […], il sera possible, en cas de perturbations, d’avoir des solutions multiples, des plans B. »

Chez les élus présents, le sourire est de mise ce mercredi matin… notamment chez ceux dont l’institution finance cette extension du RER E. « Cette ligne a le grand avantage d’être bien gérée, elle respecte ses délais et ses échéances financières, fait noter d’emblée Patrick Devedjian (LR), président du conseil départemental des Hauts-de-Seine, qui apporte 150 millions d’euros à Eole. Ce n’est pas si fréquent que ça, il me paraît donc important de le dire : c’est appréciable que ça fonctionne normalement et convenablement. »

Le tunnelier commencera à creuser vers Paris d’ici quelques semaines. A plus de 30 m sous terre, il progressera alors d’environ 10 m par jour, jusqu’à 15 m si les conditions sont favorables.

Si « la Défense est bien desservie », le président du Département rappelle que « cette desserte est encore insuffisante, elle est en tout cas aujourd’hui à saturation ». Face à la ministre des transports, il offre son analyse : « La ligne A a beaucoup souffert faute d’investissement de la RATP. » Plus positivement, il compte sur le RER E pour rapprocher encore plus les Yvelines des Hauts-de-Seine (il a entamé depuis quelques années un processus de fusion des deux départements, Ndlr), mais aussi pour favoriser le développement du quartier nanterrien des Groues : « La ligne E va apporter au développement de ce quartier quelque chose de très significatif et de très important. »

Aux satisfecits départementaux altoséquanais et yvelinois, la présidente du conseil régional, Valérie Pécresse (LR), précise tout de même que le coût initial était passé de 3,3 à 3,8 milliards d’euros avant le lancement du chantier. Mais elle avait tout de même signé le financement régional, augmenté de 800 millions d’euros à 1,3 milliard d’euros : « C’était une infrastructure absolument cruciale, il fallait la lancer dès mon arrivée, avant même d’avoir la certitude que ça se ferait dans de bonnes conditions, car je savais que c’était vital pour désaturer le RER. »

L’élue rappelle cependant que « la période des travaux va être très difficile » pour les usagers des transports en commun pour lesquels l’énorme chantier en cours n’est pas toujours sans conséquences. Elle évoque d’ailleurs le seul accident majeur du chantier Eole, lorsqu’en octobre 2017, une entreprise chargée du chantier a heurté le tunnel du RER A lors d’un sondage effectué porte Maillot. L’inondation du tunnel ayant suivi avait engendré plusieurs jours d’interruption de circulation, le temps de colmater la brèche.

« Je demande à l’Etat qu’on puisse voter un plan préventif d’indemnisation pour les aléas de chantier, pour permettre d’indemniser les voyageurs au cas où il y aurait un gros bug, a donc lancé Valérie Pécresse à la ministre des transports. Ça rassurerait les voyageurs et ça permettrait d’avoir une soupape de sécurité. »

Les déblais, eux, seront acheminés directement par la « conduite de marinage », une bande de convoyage qui traverse en hauteur Courbevoie jusqu’aux berges de Seine.

Si la ministre n’a pas relevé la proposition de la présidente du conseil régional, elle n’a pas manqué d’évoquer le mouvement des gilets jaunes, très peu présent dans les Hauts-de-Seine. « On entend tous les jours le désarroi et la colère de nos concitoyens dans les territoires ruraux, nous devons l’entendre », lâche Elisabeth Borne en préambule. Elle revient cependant rapidement aux Franciliens, assurant Valérie Pécresse de son soutien : « En Île-de-France, il y a 8,5 millions de voyageurs chaque jour, et 21 % de trafic en plus en 10 ans. »

Enfin, côté Yvelines, le président du conseil départemental Pierre Bédier (LR), dont la collectivité investit 250 millions d’euros, n’a pas caché ses espoirs. « Eole justifie cette importante contribution pour faire que les Yvelines duales ne soient plus duales », souhaite l’élu qui compte sur le RER E pour revitaliser « la vallée de Seine en situation post-industrielle », et que ses habitants « rejoignent cette qualité de vie du reste des Yvelines ».