Dans le cadre du projet Eole, prolongement du RER E à l’Ouest, d’importants travaux ont été entamés il y a plusieurs années pour construire deux nouvelles gares dans les Hauts-de-Seine, l’une à la Défense, sous le Cnit, l’autre à Nanterre dans le futur quartier des Groues. Comme tous les chantiers, les deux ont été stoppés brutalement au début du confinement.

Quelques semaines plus tard, dès le mois d’avril, les travaux ont pu reprendre. L’activité sur le chantier est montée en puissance durant tout l’été pour retrouver un rythme normal, malgré les mesures sanitaires prises pour éviter la propagation du coronavirus. À Nanterre-La Folie, la reprise des travaux a notamment permis de maintenir le calendrier et de passer une grande étape au début du mois de septembre. Celle du passage du génie civil au ferroviaire, présentée lors d’une visite de chantier, vendredi 11 septembre.

À la Défense, les travaux de la future gare située sous le Cnit ont également repris en avril permettant d’avancer et d’éviter une prise de retard trop importante. Même chose pour les tunnels creusés pour relier la gare parisienne Hausmann Saint-Lazare et Nanterre. Les deux gares, l’une souterraine, l’autre au coeur du futur quartier des Groues, devraient être terminées en 2021 avant une mise en service prévue pour la fin de l’année 2022. A l’occasion de la visite de chantier, les porteurs du projet, élus comme entreprises, ont rappelé son importance pour le département et les avancées qui permettront à d’autres grands projets du Grand Paris Express de voir le jour.

« Ce chantier, c’est aussi un symbole de résilience en cette période de crise sanitaire, note le PDG de SNCF Réseau, Luc Lallemand. Résilience dans un cadre qui est la bataille du temps ».

« Nous sommes à une échéance symbolique qui est le passage des travaux publics et de génie civil aux travaux ferroviaires avec les grandes techniques ferroviaires qui sont occupés à se déployer », annonce fièrement Luc Lallemand, PDG de SNCF Réseau lors de la visite de chantier de la future gare Nanterre-La Folie du vendredi 11 septembre.

« L’arrivée des rails à Nanterre marque l’avancée de la future ligne E du RER et de l’une de ses trois nouvelles gares, indique le dossier de presse de la visite. Désormais, dans le secteur de Nanterre, on entre dans les travaux de caténaires, signalisation ferroviaire, aiguillage, connexions aux futures installations de maintenance, préparation de l’arrivée des futurs trains RER NG ».

Lors de la visite de chantier, Xavier Gruz, directeur du projet Eole, rappelle qu’il y aura dans cette gare « six voies et quatre quais » qui pourront accueillir jusqu’à 22 trains par heure à la mise en service. Une gare totalement ouverte sur la ville avec son entrée à travers « un grand porche imbriqué chez Vinci (projet Archipel, futur siège de Vinci à Nanterre) » permettant qu’elle soit « la plus connectée à la ville possible ».

« Il y a quelques chiffres spectaculaires. Ce génie civil, il s’est déroulé sur la séquence 2017-2020, rappelle Luc Lallemand. Pour la séquence que nous abordons, qu’est la séquence 2020-2022, c’est 28 kilomètres de voies déployés, 47 000 traverses, 240 kilomètres de câbles, jusqu’à 300 personnes qui sont mobilisées pour un total de 3 000 sur le projet, 262 millions d’euros pour cette gare et pour les ouvrages annexes ».

Dans cette gare, il faudra attendre l’an prochain pour que soit « finalisé tout l’aspect architectural », indique la direction du projet lors de la visite. Entre 2021 et 2022, de nombreux essais auront lieu avant la mise en service. Pour tenir les délais, Xavier Gruz rappelle que « toutes les entreprises travaillent à plein régime ».

Le chantier a effectivement dû être mis en pause pendant plusieurs semaines comme les autres chantiers du projet. « Ce chantier, c’est aussi un symbole de résilience en cette période de crise sanitaire, note le PDG de SNCF Réseau. Résilience dans un cadre qui est la bataille du temps ». Arrêté le 16 mars, il a repris seulement entre mi-avril et début mai en s’adaptant aux mesures sanitaires et au retard pris.

À la Défense, comme à Nanterre-La Folie, « la reprise a été progressive et les adaptations se sont faites, chantier par chantier, en fonction des travaux et de leur configuration », explique la direction du projet Eole quelques jours après la visite. Désormais, les personnes présentes sur le chantier doivent passer par un « accueil mis en place avec la remise de masques chirurgicaux et de gels hydroalcooliques ». Les mesures obligatoires sont fréquemment reprécisées et « des nouveaux cheminements d’accès aux différentes zones » ont été mis en place pour favoriser la distanciation sociale.

« Même en plein confinement, on réfléchissait déjà à savoir comment on perdrait le moins de temps possible », souligne Luc Lallemand. « Notre priorité a été la reprise des chantiers en toute sécurité sanitaire. Le projet Eole a été un des premiers à reprendre notamment sur la partie de la nouvelle infrastructure. Ensuite, il a fallu maintenir les programmations des travaux d’été : c’était un impératif », insiste la direction du projet Eole.

Le passage au ferroviaire à Nanterre a finalement été une réussite. Du côté de la Défense, « le génie civil des tunnels en monotube est terminé, les excavations sous le Cnit sont en cours (40% fait), ainsi que la réalisation de la partie souterraine de la gare vers Nanterre et le génie civil des bitubes » ,résume la direction d’Eole.

D’autres échéances sont à venir dans cette gare construite sous le quartier d’affaires. « Une fois le terrassement du volume « cathédrale » de la gare suffisamment avancé, ce sont les structures internes des locaux de la future gare qui pourront commencer, pour ensuite permettre la réalisation des travaux d’équipements techniques et architecturaux des locaux et des espaces voyageurs », annonce la direction d’Eole.

Des travaux dans les tunnels qui permettront de relier en souterrain Nanterre à la gare Saint-Lazare, la direction du projet Eole indique : « Nous réalisons le tunnel en deux méthodes : un peu plus de 6 km avec un tunnelier qui pour le projet Eole se nomme Virginie, le plus gros tunnelier d’IDF avec ses 11 mètres de diamètre. Il creuse entre Courbevoie et Haussmann Saint-Lazare, un tunnel monotube. Il est actuellement à la Porte Maillot à mi-chemin de son parcours ».

De l’autre côté, le tunnel entre Courbevoie et Nanterre est creusé avec la deuxième méthode, celle dite classique. Sur les deux kilomètres, les voies seront posées à partir de Nanterre au début de l’année 2021, une fois le génie civil terminé.

« Grâce à la mobilisation de tous, nous avons réalisé 100% de ces travaux d’été. Maintenant que nous avons pu reprendre en mode quasi-nominal tous les chantiers, nous réalisons une étude de l’impact de la crise afin d’être en mesure d’analyser l’impact global de la Covid », rassure la direction du projet Eole.

« À ce stade, la mise en service est prévue décembre 2022, nous sommes en attente des résultats de l’analyse des impacts de la crise sanitaire et du confinement entre mars et cet été », précise tout de même la direction du projet Eole qui reste confiante.

« À terme, le prolongement du RER présente trois intérêts majeurs pour le département des Hauts-de-Seine notamment », note Pierre-Christophe Baguet, premier vice-président des Hauts-de-Seine, présent lors de la visite de chantiers. À la Défense, le premier vice-président tout comme Valérie Pécresse (Libres!, présidente de la Région Ile-de-France et d’Ile-de-France Mobilités, Ndlr) soulignent son importance pour désaturer et décharger le RER A, le métro mais également les RER B et D dans Paris.

Le RER E offrira également une nouvelle offre de transports selon Pierre-Christophe Baguet pour « faire le lien entre le quartier d’affaires et des points importants de la vie économique avec lesquels il communique aujourd’hui assez mal », citant notamment le Porte-Maillot ou encore la Gare du Nord. L’avantage du lien plus fluide avec le département voisin des Yvelines est également pointé du doigt.

Du côté de la Défense, « Le génie civil des tunnels en monotube est terminé, les excavations sous le Cnit sont en cours, (40% fait) ainsi que la réalisation de la partie souterraine de la gare vers Nanterre et le génie civil des bitubes » résume la direction du projet Eole.

À Nanterre, le projet Eole s’inscrit dans un projet d’ampleur, celui de la construction du nouveau quartier des Groues. La gare est ainsi vue comme une opportunité, « le principal levier de désenclavement du nouveau quartier des Groues », souligne le vice-président. Pour Xavier Gruz, « quand la gare Eole ouvrira, le quartier sera déjà vivant ». Un quartier rénové dans un secteur en expansion qui devrait, selon le nouveau préfet des Hauts-de-Seine Laurent Hottiaux, accueillir « près de 12 000 habitants et près de 12 000 emplois à un horizon souhaité qui est celui de 2030 ».

En terme de transports, les infrastructures créées pour le passage du RER E permettront d’accueillir d’ici 2030, la ligne de métro 15 Ouest, l’une des lignes du projet Grand Paris Express. Pour Isabelle Rivière, directrice des relations territoriales à la Société du Grand Paris, présente lors de la visite du chantier ce chantier est « une histoire commune biphasée ».

De préciser à ce sujet : « Tout d’abord avec le prolongement d’Eole dont nous célébrons le passage ce matin du génie civil au ferroviaire. Viendra ensuite, la 15 Ouest en interconnexion à la Défense et ici même à Nanterre avec une gare du Grand Paris Express qui accueillera également la ligne 18 prolongée, depuis Versailles Chantier ».

Mise à jour du jeudi 24 septembre 2020 :

Dans la version précédente de notre article, une erreur a été faite sur le nom du directeur du projet Eole Xavier Gruz. L’erreur a été corrigé, la rédaction présente ses excuses aux personnes concernées et aux lecteurs.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE