Lors du conseil de quartier du Parc Nord, organisé à Nanterre jeudi 27 juin, la RATP, accompagnée par l’agence de développement territorial des Hauts-de-Seine, est venue présenter les résultats de ses analyses d’émission de particules fines réalisées près des grilles d’aération du RER A. Situées non loin de la gare Nanterre – préfecture, rue Salvador Allende, elles avaient fait l’objet d’une enquête de franceinfo en décembre dernier.

Ces mesures montrent une diminution très forte de la pollution aux particules fines à mesure de l’éloignement des bouches de ventilation. Ces grilles de la discorde, de 18 m de long pour 4 m de large, émettent, selon des habitants de la résidence Central park située en face, de la pollution vers leur immeuble. Les riverains présents se sont toutefois montrés très circonspects face à la méthodologie de l’entreprise ferroviaire, donc aux résultats de ses analyses, faites hors de l’heure de pointe et sans tenir compte du sens du vent.

Face à cette bronca, la mairie de Nanterre, qui avait demandé ces analyses auprès de la RATP, a promis d’en exiger de nouvelles, cette fois-ci à l’heure de pointe. La municipalité devrait également demander d’autres mesures portant sur les grilles d’aération situées au pied de l’immeuble One, à deux pas de la Paris La Défense Arena. La RATP, elle, ne compte pas étendre ce dispositif exceptionnel d’analyse d’émission des particules fines à l’ensemble des bouches de ventilation du RER A.

« On constate des mesures élevées à la sortie immédiate des grilles, toutefois, il y ensuite une décroissance […] avec des mesures encore plus faibles qu’à Paris », affirme la responsable de la RATP.

Ce soir-là dans la salle municipale, une quinzaine de riverains, en majorité des habitants de la résidence Central park, qui jouxte les grilles de ventilation litigieuses, attendent la RATP de pied ferme. La régie des transports en commun parisiens « n’a aucun engagement réglementaire si ce n’est auprès de son personnel RATP », précise sa responsable en introduction de son intervention, faite car « il nous semblait important de présenter ces résultats rassurants ».

Suite à une alerte d’un internaute via un dispositif participatif de signalement de pollutions, franceinfo s’était rendu sur place le 18 décembre dernier. Ces larges grilles de ventilation du RER de la gare Nanterre – préfecture sont situées non loin d’une crèche et en face des 450 logements de la résidence Central park. Grâce à un capteur de pollution mobile, le journaliste de la radio avait pu constater que la grille d’aération émettait une concentration « de 109 μg/m3 pour les PM10, bien au-delà du seuil d’alerte […] fixé par la préfecture ».

Ces « PM10 et PM2.5 », acronymes désignant des particules fines d’un diamètre respectivement inférieur à 10 et à 2,5 micromètres, sont ainsi au cœur des inquiétudes des habitants de Central park craignant pour leur santé. Ces particules fines sont notamment issues du freinage des métros et RER, et évacuées par les grilles de ventilation (elles sont également produites par la circulation automobile, Ndlr). Elles entrent profondément dans les alvéoles pulmonaires et peuvent donc entraîner des difficultés respiratoires.

À en croire les analyses de la régie de transports présentées au conseil de quartier ce jeudi soir, les inquiétudes des habitants du quartier seraient infondées. Elles avaient été demandées par la mairie de Nanterre, la RATP a procédé à cinq mesures, faites à l’heure du déjeuner, juste au-dessus des grilles, et à quatre endroits proches pour en mesurer la dispersion dans l’air.

Selon la RATP, les résultats confirment les explications fournies par l’entreprise suite à la publication de l’enquête de franceinfo. « On constate des mesures élevées à la sortie immédiate des grilles, toutefois, il y ensuite une décroissance très forte à quelques mètres, avec des mesures encore plus faibles qu’à Paris », affirme la responsable de la régie devant les riverains présents de ces mesures prises simultanément de 11 h 20 à 12 h 20, un jour non précisé.

Sur les résultats d’analyse projetés aux riverains, les mesures proches de la grille d’aération sont effectivement très au-dessus de la moyenne journalière de 80 µg/m3 constituant le « seuil d’alerte » fixé par la préfecture. Pour les PM10, le minimum est ainsi de 125 µg/m³, le maximum de 258 µg/m³ et la moyenne de 151 µg/m³. Pour les PM2,5, le minimum est de 117 µg/m³, le maximum de 242 µg/m³ et la moyenne de 141 µg/m³.

En revanche, les capteurs situés au niveau de la résidence Central Park montrent des pollutions beaucoup plus faibles. Pour les PM10, le minimum est ainsi de 32 µg/m³, le maximum de 39 µg/m³ et la moyenne de 35 µg/m³. Pour les PM2,5, le minimum est ainsi de 31 µg/m³, le maximum de 38 µg/m³ et la moyenne de 34 µg/m³.

Ce soir-là, le conseiller municipal référent du quartier Parc Nord et membre de la majorité municipale, Bruno Chanut, se réjouit de la pollution limitée analysée par ces mesures. La mairie «  se réjouit de la réactivité de la RATP », indique-t-il ainsi aux habitants. Pourtant, dans la salle du quartier des Terrasses, les objections fusent.

« C’est un fait : il faudrait qu’un acteur indépendant fasse les mesures pour éviter tout conflit d’intérêts », commente ainsi Nicolas, qui habite la résidence. « Nous nous intéressons à la qualité de l’air depuis 20 ans et nous savons ce que valent nos mesures », répond la responsable de la RATP à ce riverain.

« Pourquoi avoir fait des mesures à midi et pas en heure de pointe ?, tempête un autre habitant de la résidence. Ça n’a aucun sens. » Selon l’entreprise de transports en commun, l’heure de la prise des mesures importerait peu, car la pollution issue du freinage des rames de RER ne changerait pas selon le nombre d’usagers présents. « On a un trafic important toute la journée », complète la responsable de la RATP du surcroît de RER en heure de pointe.

« C’est lorsque le vent nous vient de face qu’on ressent la pollution », poursuit le riverain aux cheveux blancs des mesures effectuées, selon lui sans tenir compte de l’orientation du vent, tançant la « méthodologie peu rigoureuse » de la RATP. Cette dernière défend ses analyses et assure avoir pris en compte le sens du vent lors de ses mesures, sans convaincre.

Dans la salle ce soir-là, un habitant de l’immeuble One, devant la Paris La Défense Arena, se plaint de la présence de grilles d’aération du RER à quelques mètres de sa résidence.

D’autres habitants de l’immeuble se sont montrés plus silencieux lors de la séance, mais pointent des éléments surprenants après la fin de la réunion. Leurs témoignages expliquent probablement le scepticisme général des présents face aux analyses présentées par la RATP. « Je ne suis pas convaincue : quand j’ouvre mes fenêtres, je vois des scories, témoigne ainsi une habitante du dixième étage du Central park. J’ai un parquet blanc : il y a constamment des petits points noirs qui apparaissent. »

« Mes fenêtres, c’est du pétrole, je dois prendre du produit WC pour nettoyer, c’est noir et graisseux, je sais pas si c’est lié mais ce n’est pas normal », s’inquiète de son côté Hélène, habitante du septième étage. « On n’est pas allé faire du porte-à-porte », avait reconnu plus tôt la RATP, qui a « souhaité aller vite pour présenter ces résultats rapidement », commente sa responsable de l’absence de mesures dans les appartements.

La question de la pollution aux particules fines issue des grilles d’aération des métros et RER pourrait d’ailleurs largement dépasser celle de la rue Salvador Allende. Dans la salle ce soir-là, un habitant de l’immeuble One, devant la Paris La Défense Arena, se plaint ainsi de la présence de grilles d’aération du RER à quelques mètres de sa résidence.

Interrogée, la RATP a précisé qu’elle ne pourra pas procéder à ces mesures pour les 342 grilles d’aération que compte le RER A. Face aux demandes insistantes des riverains du conseil de quartier, le conseiller municipal Bruno Chanut a toutefois promis que la mairie saisirait l’entreprise ferroviaire pour qu’elle procède à de nouvelles mesures au niveau des grilles de la résidence Central park et de la résidence One, et cette fois-ci, en heure de  pointe.