Créé il y a environ deux ans par Clément Duhart, ancien chercheur français au Media Lab du MIT (Massachusetts Institute of Technology, USA), le centre d’innovation du Pôle Léonard de Vinci (DVIC) propose à 25 étudiants de master de se former à l’innovation, la recherche et l’industrialisation par la pratique. Répartis en groupes de recherche, ceux-ci travaillent sur les technologies de demain, qu’il s’agisse d’inventer des plastiques biodégradables à base d’algues ou de crevettes, de la peau artificielle, des tissus connectés, comme de travailler sur nos perceptions sensorielles ou certaines phases récupératrices de notre sommeil.

La structure se veut transversale et accueille autant des élèves de l’école de management du pôle (EMLV) que de l’ESILV (école d’ingénieur) mais aussi de l’IIM (école du digital). Le rapport de mixité est d’environ 75 % d’ingénieurs pour 25 % de designers numériques. Les superviseurs encouragent l’inversion des rôles de chacun au cours des projets pour favoriser le développement de compétences. Le fonctionnement, la composition comme la hiérarchie sont largement inspirés des modèles anglo-saxons.

« Le DVIC, c’est un lieu d’expérimentation., qui vise à porter une vision du futur souhaitable, savoir ce que l’on souhaite pour l’humain, et pour rendre la technologie pérenne dans le temps, décrit le fondateur du centre Clément Duhart. Les PI (principals investigators) développent cette vision et se font aider par des thésards, 3 ou 4, eux-mêmes accompagnés par des étudiants de master, eux-mêmes accompagnés par des étudiants de 3ème année ». La hiérarchie se veut la plus plate possible et la communication entre les membres la plus fluide qui soit.

Pas question de profiter du futur campus du PULV, qui devrait ouvrir d’ici la rentrée 2024, pour augmenter à outrance la capacité du centre d’innovation. « On va avoir à peu près la même taille mais on l’aura aménagé nous-mêmes, confirme le fondateur du DVIC. On aura une autre dynamique et un autre mode de fonctionnement, même si on n’a pas vocation à grossir. Car à partir du moment où l’anonymat va arriver, on va perdre notre fonctionnement et ses avantages ».

Le nombre d’étudiants admis l’an prochain devrait tout de même doubler par rapport à cette année, grâce à l’arrivée d’une PI, en provenance des États-Unis, et de trois thésards.
Le centre tente donc de passer un nouveau cap et veut se faire connaître des acteurs du milieu. « On a officiellement ouvert il y a deux ans mais, on connaît une croissance exponentielle. J’étais seul à la base, maintenant on a plusieurs thésards, une PI qui arrive en septembre prochain… Cela démultiplie les projets. Malgré cela, on est plus connu à Boston (USA) ou au MIT qu’à l’Université des Sciences et Lettres de Paris », regrette Clément Duhart.

Le centre met en avant son budget conséquent, au total 900 000 euros, et ses très nombreux équipements mis à disposition (ferme de calculs, laboratoire de biologie en cours de certification de niveau 2, machines de fabrication de circuits imprimés, ateliers d’usinage…) pour se distinguer et tirer son épingle du jeu. Il espère aussi lancer prochainement une phase de brevetage de ses découvertes, après cette période de simples publications scientifiques.

Parmi les projets les plus aboutis, figurent Alfred, un robot téléguidé au seul moyen de la main de son maître ou un projet d’essaims de drones, rendus capables de circuler dans les airs en évitant toute collision. Beaucoup de ces trouvailles méritent encore de l’implication pour atteindre un fonctionnement optimal, si tant est que le projet soit de pousser l’innovation jusqu’à sa commercialisation. « Juridiquement, les technologies appartiennent aux étudiants et à l’école. Mais notre fonction n’est pas de retenir ces technologies, mais plutôt de pousser nos étudiants à créer des startups », explique Clément Duhart.

« On n’est pas un fonds d’investissement, on est là pour les accompagner. On exerce un droit de regard pour que les choses se passent bien entre les étudiants, sur le modèle de tri-parties du MIT, où il y a les auteurs, les étudiants réalisateurs et le labo. Celui-ci a vocation à garder des parts, juste le temps du lancement, pour faire des arbitrages ». Pour l’heure, seuls des objets basiques ont été produits et vendus (photophores, Kapla mous pour l’éveil des enfants…). Mais, on nous promet des robots sur roues doués d’une IA perfectionnée ou un tissu connecté qui intéresserait déjà les fédérations de judo et de karaté. Un peu de patience…

CREDIT PHOTO : LA GAZETTE DE LA DEFENSE