Introduire de l’humanité dans le monde des affaires, à première vue, cela ne coule pas de source. Mais c’est néanmoins ce qu’entend réaliser le master Humanités et management de l’université de Nanterre, dispensé au sein du pôle universitaire de Léonard de Vinci, à La Défense. Cette formation entend promouvoir un nouveau profil de manager, plus souple, plus réactif et surtout plus créatif, qui soit une vraie force d’innovation et de proposition au sein des entreprises, et faire émerger une nouvelle « business culture » en France, à vocation internationale.

« Former des étudiants très polyvalents avec une bonne culture générale, qui apprennent à parler écrire et penser, qui aient un esprit critique, et qui apportent du sens », précise Marcos Giadas Conde, directeur du master Humanités et management, rencontré par la Gazette il y a deux semaines. Créé en 2012, le master résulte de la conviction d’une poignée d’enseignants que des étudiants issus d’une formation littéraire ont quelque chose à apporter au monde de l’entreprise. Ça tombe bien, La Défense regorge de potentiels recruteurs.

« Je crois que les problèmes des entreprises ne sont pas d’ordre financier, mais sont liés à des difficultés d’échanger et de communiquer en interne ou avec les clients et les collaborateurs, estime Marcos Giadas Conde. Les thématiques de RPS, de souffrance au travail, de RSE, sont nombreuses, il y a un manque de sens dans les entreprises, et j’ai la faiblesse de croire que nos étudiants peuvent l’apporter ». Et d’ajouter : « Ce qui manque aux entreprises dès lors qu’on est dans l’immédiat et la vitesse ou les chiffres, c’est que au bout d’un moment on ne voit plus trop le côté éthique ».

Les diplômés de ce master ont vocation à assurer des fonctions managériales dans tout type de structure : PME, entreprises de taille intermédiaire, et grandes, voire très grandes entreprises. Ces organisations, les plus créatrices de valeur et d’emploi, sont particulièrement bien représentées dans l’environnement immédiat de la Défense.

« La Défense, permet d’acquérir une visibilité, et permet de nous plonger directement dans l’environnement de l’entreprise, souligne Marcos Giadas Conde. Nous avons des étudiants qui sont en stage ou en contrat professionnel dans certaines sociétés comme Total, Technip, ou encore Nexans ». Selon le responsable du master, il est important que les étudiants baignent dans cet environnement où les décisions sont prises. « Il y a une cohérence à être ici », commente-t-il.

Tous, issus de formation littéraire, continuent de suivre des cours de littérature, histoire, philosophie ou de science sociale dans leur tronc commun. « On s’aperçoit que les responsables RH sont sensibles au fait que les compétences disons, plus logistiques, s’apprennent sur trois ou six mois, mais que savoir écrire ou présenter un projet, nécessitent des années d’apprentissage, » commente le directeur du master.

Le master comprend quatre parcours : business development, management de projet et entreprenariat, digital management, marketing interculturel et management des ressources humaines en environnement numérique. « Les étudiants s’adaptent très facilement, affirme Marcos Giadas Conde. Au sein des entreprises, ils ne voient pas les choses de la même façon, par exemple ils vont utiliser la rhétorique de Cicérone pour faire le lien avec ce qui se passe aujourd’hui, ou s’interroger sur comment on comprend l’innovation en marketing, en lisant Au bonheur des dames de Zola ».