Dans la cadre des célébrations de son vingtième anniversaire (voir page 4), l’église Notre-Dame de Pentecôte a accueilli une table ronde, le 7 octobre dernier, autour du travail à la Défense. Rapidement balayée, la question de la nécessité de cet espace de concentration de tours de bureaux en a toutefois amené d’autres. Comment repenser les espaces de travail et le lien social ? Comment le quartier peut redevenir attractif pour les jeunes cadres en quête de sens ? Comment lutter contre la peur du déclassement ou la dégradation de l’environnement ?

Car si les salariés et les consommateurs se sont réappropriés le quartier – sa fréquentation atteint deux tiers à trois quart de sa fréquentation habituelle – tous viendraient avec d’autres attentes qu’avant la crise sanitaire. « Ce que nous disent les salariés, c’est qu’ils souhaitent revenir travailler, mais pas de la même manière, a expliqué Pierre-Yves Guice, directeur général de Paris la Défense, organisme aménageur et gestionnaire du quartier d’affaires. Ils nous ont exprimé qu’ils leur manquaient des opportunités de sociabilisation, de confort et de bien-être ».

La végétalisation progressive, l’accent mis sur l’offre de restauration ou d’événementiel à la Défense sont censés palier le manque d’humanité du quartier « froid et minéral ». Mais, reste le problème de la quête de sens, exprimée par de nombreux salariés, qui doivent affronter la dépersonnalisation du flex office. « On a une situation d’injonctions contradictoires, souligne Pierre-Yves Guice. Déjà, avant la crise, les bureaux étaient occupés 60-70 % du temps. Donc, il y a une forme de rationalité à promouvoir ce type d’organisation ».

« Après, à la Défense, on est au royaume de ce que certains ont appelé les bullshit jobs (« les boulots à la con », Ndlr), occupés souvent par des jeunes, qui ont été les premiers à nous quitter pendant la crise. La contradiction, c’est comment je fais pour fidéliser cette population si en même temps le soir, je leur demande de ne pas laisser de photo du chien sur leur bureau ». La question du lien social fut aussi posée, alors que le télétravail réduit le nombre de jours de présence dans le quartier pour les salariés.

« Moi, je n’ai plus que deux ou trois soirées par semaine pour y faire du caritatif, de la musique, du sport…, confie Yvon Sevi, responsable RSE pour Société Générale. Pourtant, il y a du besoin, que ce soit à la Maison de l’amitié ou au Chaînon Manquant… Il faut s’interroger : qu’est-ce que je peux donner ? ».

CREDIT PHOTO : LA GAZETTE DE LA DEFENSE