Le 13 septembre dernier, des policiers contrôlent dans une rue de Clichy les occupants d’une Clio, autour de laquelle un attroupement suspect s’est formé. Au pied du siège passager, sont retrouvés une lame de 15 centimètres et des sachets de congélation, pouvant être utilisés pour confectionner des doses individuelles de cocaïne. L’attirail retrouvé sur le passager est tout aussi intéressant : une petite balance et des sachets contenant la très chère poudre blanche.

Leur détenteur pensait sûrement les avoir bien dissimulés, en les disposant dans une bonbonne en plastique noir, glissée dans son caleçon. Seulement, cette coquille remplie de drogue lui fera une excroissance suffisamment proéminente dans son survêtement pour que les policiers la remarquent.

« Vous leur dites alors que vous avez de grosses testicules, mais les policiers notent que vous tremblez, que vous êtes nerveux », relatera la présidente du tribunal à l’audience du trafiquant, le 6 octobre dernier, au tribunal de Nanterre. Cette explication improbable et le comportement du suspect ne faisant illusion, celui-ci sera fouillé puis interpellé et placé en garde à vue.

La perquisition effectuée à son domicile ne donnera rien, sinon qu’il semble avoir déjà stocké de la cocaïne chez lui – le chien renifleur désignant aux policiers une boite cachée dans la commode de sa chambre. Des conversations « troublantes » seront aussi dénichées dans son téléphone portable. L’étude approfondie de sa téléphonie, laissera aussi à penser que le suspect s’adonne à une activité de transport de drogue dans l’ouest parisien.

« Qu’est-ce que vous faisiez avec des sachets de cocaïne et une petite balance sur vous ? », questionnera la présidente de séance. « J’avais vu de ma fenêtre quelqu’un mettre un sac dans un buisson, racontera le prévenu. Je pensais que c’était du shit. Je pensais juste en consommer ». Une explication peu convaincante aux yeux du tribunal. « Alors vous, vous trouvez de la cocaïne dans un buisson et vous la prenez ?!, feindra de s’étonner la magistrate. Vous connaissez le milieu, vous savez que c’est dangereux de voler de la cocaïne aux trafiquants ?! ».

Ce à quoi le prévenu reconnaîtra seulement jouer les intermédiaires, entre les consommateurs et les vendeurs, une sorte d’indicateur de bons plans. « Oui, bien sûr ! Vous n’êtes tellement pas trafiquant de drogue que vous avez déjà été condamné pour cela… », s’agacera la présidente du tribunal, pour qui l’accusé prend les juges pour des idiots. Les révélations sur le prévenu se poursuivent au gré du procès et apparaissent de plus en plus déconcertantes.

Le rapport de son juge d’application des peines, plutôt défavorable, révélera ainsi une baisse constante de son implication dans sa réinsertion, au fil de ses multiples condamnations pour rébellion, vol aggravé, violences, dégradation, extorsion… Il se trouvait d’ailleurs sous bracelet électronique au moment des faits. Une anecdote plus marquante viendra parachever le portrait de ce jeune homme, semblant totalement inconscient de l’anormalité de son comportement.

Détenu dans une précédente affaire, il aura réclamé une remise de peine afin de pouvoir se rendre en vacances à Marbella (cité côtière espagnole) avec ses amis. Un séjour à 2 000 euros. « C’est vous dire la connerie de mon client !», cinglera son avocate, pendant une plaidoirie aux allures de réquisitoire contre l’accusé. «Il fait partie de la génération 2000, c’est un sale gosse, mais qu’est-ce qu’on en fait ?! Je me questionne sur l’intérêt de la détention pour un jeune aussi bête que cela ». Le tribunal ira dans le sens des réquisitions du procureur et le condamnera à 8 mois de prison ferme.

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