Un homme de 43 ans a été condamné à une peine de prison ferme pour trafic de stupéfiants mardi 29 octobre dernier par le Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre. Le père de famille a crié son innocence durant toute l’audience, mais le procès-verbal des policiers qui l’ont surveillé durant plusieurs heures à un point de trafic connu de Nanterre a convaincu le tribunal.

« Il y a un réel doute dans ce dossier, notamment au sujet de la vente de stupéfiants », a plaidé l’avocate de la défense pour demander une relaxe. Divers points sèment en effet le doute dans cette affaire. Le 24 octobre dernier, l’homme a été arrêté après deux heures de surveillance par des policiers. Il avait erré, « en position d’attente » selon les agents, sur un parking nanterrien connu pour être un lieu de trafic de drogue. Il avait, toujours d’après les policiers, rencontré furtivement deux personnes avec qui il avait « échangé des choses sombres contre des billets ».

« Comment peuvent-ils être aussi précis », s’agace l’avocate de la défense qui souligne que les faits ont été observés « à la lumière de réverbères ». Le père de famille a sur lui cinq billets de dix euros. « J’ai retiré cet argent il y a quelques temps », explique-t-il aux policiers lors de sa garde à vue. En effet, l’expertise de ses relevés bancaires démontre que la somme a été retirée la veille à un distributeur. Une perquisition menée à son domicile, un petit appartement rue Jules Guesde à Nanterre, qu’il partage avec sa mère malade et sa fille de 16 ans, ne donne rien non plus.

Les policiers y trouvent par ailleurs 510 g de poudre blanche. Qui s’avère être du talc. La somme de 1 600 euros en liquide est découverte : l’analyse des relevés bancaires de l’oncle du prévenu révèle que l’argent lui appartient. En outre, les agents n’ont pas découvert de trace de drogue sur le père de famille lors de son arrestation.

Pourtant, et les policiers sont formels, il est vu en train de faire d’étranges échanges avec des inconnus. À quelques mètres de là où il se trouvait sur le parking aérien, sous une camionnette blanche, une plaquette de 96 g de cannabis et 46 grammes de cocaïne sont découverts. L’homme se serait d’ailleurs penché sous cette camionnette pour en retirer « une chose sombre » lors des transactions dont il est accusé. « On n’y a pas découvert ses empreintes », souligne son avocate.

« J’ai juste discuté avec des connaissances », assure le quadragénaire, qui a déjà été surpris sur les lieux cet été, en possession de cannabis et de MDMA cette fois. « Je suis consommateur, confie-t-il. C’est pour ça que j’étais là-bas. » Mais la présidente lui fait remarquer qu’il n’a pas eu un « comportement de consommateur » en restant « tout seul deux ou trois heures sur ce parking ».

Déjà condamné pour une affaire de stupéfiants en 2017, il est sorti de semi-liberté en mai dernier. Il assure avoir été victime d’une erreur judiciaire et souligné le fait qu’il n’avait été en possession « que de cannabis ». Le procureur entre alors dans une rare colère et accuse le prévenu de mentir. « Il y avait aussi de la cocaïne, lui lance-t-il. Monsieur a une mémoire à retardement. »

Échaudé par le « mensonge » du prévenu, le procureur se montre dur dans ses réquisitions, assénant au père de famille que « les policiers n’ont aucun intérêt à mentir ». Considérant ses antécédents, son casier judiciaire présentant déjà cinq condamnations dans des histoires de drogues diverses, le ministère public requiert trois ans de prison ferme ainsi qu’une obligation de soin et de travailler.

Malgré la plaidoirie de l’avocate de la défense, qui demande la relaxe et soulève les points d’ombre qui subsistent dans le dossier, le tribunal déclare le prévenu coupable. Le père de famille doit purger 20 mois de prison dont dix avec sursis. « C’est à la fois une peine qui sanctionne, mais aussi qui accompagne », estime la présidente de séance. Celui qui a aussitôt partagé son souhait de « faire appel » reçoit aussi une obligation de soin et de travail.

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE