Un quadragénaire était jugé par le tribunal de Nanterre, mercredi 9 septembre dernier, pour des faits d’outrage mais aussi de violences sur des policiers de Saint-Cloud. Vers 5 h du matin, le 26 mai dernier, et alors qu’il était ivre, il avait insulté une patrouille de police avant de leur foncer dessus en voiture à deux reprises.

Un des policiers, se sentant en danger, avait même ouvert le feu sur la voiture pour tenter d’arrêter l’homme. Il avait finalement pu être arrêté à quelques mètres du lieu de l’agression après s’être encastré dans un feu tricolore. À la barre mercredi 9 septembre, l’homme expliquait ne pas se souvenir des faits et s’excusait platement auprès des policiers.

« Jusqu’à présent, vous étiez plutôt un honnête homme », constate la présidente de séance. En effet, l’homme à la barre n’a jamais eu affaire à la justice ou à la police auparavant. D’un ton calme, il explique être marié et père de trois enfants, dont un en situation de handicap. Chauffeur Uber, il travaille de nuit et se relaie avec sa femme pour s’occuper de leur famille, et particulièrement de l’enfant souffrant de problèmes au cœur qui ne peut pas rester seul.

« Je suis VTC, les policiers nous sauvent souvent avec les délinquants la nuit. Je n’ai aucun problème avec eux, assure l’homme qui n’arrive pas à expliquer ses gestes. J’ai fait une faute. » Cette nuit de mai à bord de sa voiture, il insulte une patrouille de police qu’il croise, à proximité du commissariat de Saint-Cloud. Les forces de l’ordre lui intiment donc l’ordre de s’arrêter et tentent de procéder à un contrôle d’identité.

Passablement ivre et après s’être arrêté, le père de famille refuse pourtant d’obtempérer. Une policière utilise du gaz lacrymogène dans l’habitacle de la voiture, sans résultat. L’homme braque son véhicule une première fois en direction des policiers, l’un d’entre eux tire alors sur la voiture avec son arme de service. Loin de s’arrêter, le chauffard braque à nouveau avant de tenter de prendre la fuite. Il finit cependant sa course à quelques mètres de là, son véhicule encastré dans un feu tricolore.

« Ils n’ont dû leur vie qu’à leur présence d’esprit et leur réactivité », assure l’avocat des policiers qui n’ont pas été blessés lors de l’agression du 26 mai dernier. « Il n’y a pas de blessure physique, mais une blessure de l’âme, indique-t-il aussi en évoquant le travail parfois difficile des forces de l’ordre. Les policiers ont servi d’exutoire ».

Dans l’attente de son procès, l’homme s’est vu confisquer sa voiture « fracassée » pour laquelle il a un crédit mais aussi son permis de conduire et d’autres pièces d’identité qui se trouvaient à l’intérieur. « Il a ruiné son avenir professionnel en quelques minutes », constate de son côté l’avocat des policiers. En effet, le père de famille a dû s’inscrire à Pôle Emploi et dans plusieurs agences d’intérim afin de trouver des missions de nuit. Comme son avocate, il demande la clémence et espère récupérer son permis de conduire à l’issue de l’audience.

« Ce sont des faits extrêmement graves, il n’y a pas de mots assez forts », tranche de son côté la procureure avant de requérir 18 mois de prison avec sursis, 2 000 euros de dommages-intérêts par victime et la confiscation des scellés, dont font partie la voiture et le permis de conduire. L’avocate du prévenu souligne de son côté la bonne foi de son client qui s’est soumis sans problème aux prises de sang et aux rendez-vous médicaux exigés par le tribunal à la suite de cette agression en état d’ivresse.

Elle soulève aussi un point primordial pour son client, même peut-être plus que la restitution des scellés : l’inscription ou non de la condamnation sur le casier judiciaire B2. En effet, un casier B2 non vierge ne permet pas à son propriétaire d’exercer certains métiers, comme chauffeur VTC. L’enjeu est donc très important pour le père de famille qui désire se réinsérer, ce dont le tribunal ne semble pas douter.

Finalement, l’homme est condamné à une peine « symboliquement forte », selon la présidente, mais lui permettant de se réinsérer. En plus de 3 600 euros de dommages-intérêts, le père de famille écope d’une peine de 18 mois de prison avec sursis. La condamnation ne sera pas inscrite à son casier B2 et les scellés lui seront rendus : « un sacré avertissement », lui lance la présidente.

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE