Un homme de 34 ans était dans le box des accusés, mercredi 21 octobre, d’une salle d’audience du tribunal de Nanterre. Quelques jours plus tôt, le jeudi 15 octobre au petit matin, il avait croisé la route de la police à Bagneux. Ivre au volant, une patrouille lui avait sommé de s’arrêter, ce qu’il avait tout d’abord fait. Mais, il avait finalement fuit le contrôle, bousculant un policier avec sa voiture et en blessant très légèrement un autre. Un des policiers, évidemment effrayé, avait même sorti son arme de service sans pour autant s’en servir.

« Vers 3 h du matin, j’ai cru que je n’étais pas si ivre que ça », assure le trentenaire dans le box. S’il reconnaît les faits et regrette son geste, il reste pourtant vague dans ses explications. « J’ai été con, tout simplement », poursuit le jeune homme dont le casier judiciaire regorge de condamnations pour des faits de conduite en état d’ivresse.

Une semaine plus tôt, des policiers de Bagneux le surprennent au volant d’une voiture de location haut de gamme. L’homme roule alors à très faible allure sur l’avenue Albert Petit, ce qui alerte les policiers. Ils lui ordonnent de se garer pour procéder à un contrôle. Très rapidement, ils se rendent bien compte que l’homme au volant est ivre, mais ils n’ont pas le temps de le soumettre à l’éthylotest : l’homme prend la fuite.

Là, il percute un policier alors qu’un autre est traîné sur deux mètres. Les deux ne sont cependant blessés que légèrement, « grâce à la faible vitesse à laquelle il allait », assure son avocate « J’ai paniqué », s’excuse encore le prévenu en regardant les deux policiers présents en face de lui. Les policiers ne le poursuivent pas, choqués par ce qu’il vient d’arriver.

Mais le lendemain, la presse, Le Parisien par exemple, se fait l’écho de ce délit de fuite. La sœur du prévenu, au courant du délit, le prévient et lui conseille très fortement de se rendre. « J’avais déjà prévu d’aller au commissariat, assure-t-il cependant. Tout le lendemain, j’ai cogité. J’étais dépassé, j’ai vu des tweets ». Le trentenaire, habitant Bagneux, se rend finalement vendredi 16 octobre, le lendemain de la publication des articles.

En effet, l’affaire a fait du bruit. Bien pire, elle aurait poussé d’autres personnes à faire la même chose, dans un contexte de forte tension et de défiance envers les forces de l’ordre, assure le procureur. « Je me rappelle que dans les jours suivants, sur le plan national, des automobilistes ont comme lui, tenté d’échapper à des contrôles avec parfois des résultats dramatiques », souligne-t-il lors des réquisitions.

Un jour plus tôt, un délit similaire était ainsi survenu à Savigny-sur-Orge (Essonne). Un homme, contrôlé en pleine nuit, avait pris la fuite en percutant un policier avant de lui rouler dessus. Comme l’expliquait alors Le Parisien, les agressions de policiers semblaient visiblement se succéder et se ressembler en Ile-de-France en seulement quelques jours.

« On ne peut pas ignorer la vigueur de cette scène », estime aussi le ministère public en requérant 18 mois de prison dont 12 de sursis probatoire contre le prévenu en plus d’une obligation de travail et de soins pour ses problèmes d’alcool. « Il a compris la gravité des faits », plaide de son côté son avocate. D’ailleurs, elle se range à l’avis du procureur concernant l’obligation de soin : « Toutes ses condamnations sont en rapport avec l’alcool », ne peut-elle que constater.

Mais, elle souligne aussi la manière dont l’enquête a été menée : « Il n’y a eu aucune confrontation, aucun examen de caméra de vidéosurveillance, aucun certificat médical pour les policiers blessés et seulement le témoignage de leurs collègues ». Même si son client reconnaît les faits depuis qu’il s’est lui même rendu, « les droits fondamentaux du gardé à vue n’ont pas été respectés », estime-t-elle en ajoutant que l’accusation de violences volontaires ne tient pas, selon elle.

L’avocate des parties civiles est, elle, extrêmement brève et se contente de rappeler la gravité des faits tout en demandant 2 400 euros de dommages au total pour ses deux clients. Finalement, le tribunal condamne l’homme à un an de sursis probatoire durant deux ans et une obligation de soin. Le tribunal ordonne aussi la suspension du permis de conduire du prévenu pour une durée de huit mois. Il devra en plus dédommager les deux victimes à hauteur de 1 400 euros au total. 

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE