Mardi 27 octobre, le tribunal de Nanterre jugeait un jeune homme de 26 ans, multirécidiviste et alcoolique,  qui a à deux reprises créé d’impressionnants accidents de la route à Antony, en septembre et juin derniers. Dans le box des accusés, il reconnaissait les faits qui lui étaient reprochés, et ils étaient particulièrement nombreux.

L’Antonien était ainsi poursuivi pour conduite en état d’ivresse en récidive, refus de se soumettre à un contrôle d’alcoolémie, conduite malgré une suspension de permis, délit de fuite, dégradation de biens et enfin prise du nom d’un tiers. La longue liste, énumérée par le président de séance, précède les débats et la description des faits. La multiplicité de ceux-ci rendra l’audience particulièrement dense.

« Mais même moi je ne comprends pas ce que je fais, soupire le prévenu dans le box. Les voitures, elles sont à moi, elles ne sont même pas volées et je les crame. » Car c’est bien cela, entre autres, qui est reproché au jeune homme. À deux reprises, le 25 juin et le 14 septembre, il a en effet provoqué un accident de la route alors qu’il était ivre au volant avant d’incendier sa voiture. En juin, il a même pris la fuite. En septembre, il n’a pas fui, mais l’incendie de sa voiture a endommagé un autre véhicule, du mobilier urbain et le mur d’un immeuble. En plus, le jeune homme a refusé de se soumettre à un test d’alcoolémie et, bien qu’il le nie, s’est fait passer pour son frère.

« C’est du grand n’importe quoi. Et dangereux en plus », lâche le procureur, qui n’a pas mâché ses mots lors de l’audience, d’autant plus que le jeune homme a commis ces délits alors qu’il était sous le coup d’un sursis mise à l’épreuve. « J’étais énormément alcoolisé, assume le prévenu pour expliquer ses agissements. J’étais mort bourré. J’ai tiré le frein à main et j’ai cartonné. »

L’alcoolisme du jeune homme est aussi discuté. Il ne semble ainsi pas tout à fait conscient de sa maladie. « Je bois tous les jours », avoue-t-il avant d’assurer n’avoir « jamais eu de problème avec l’alcool ». Le procureur et son avocat semblent pourtant être d’accord sur un point : le prévenu doit être suivi sur le plan médical. « C’est quelqu’un qui a un problème véritable avec l’alcool où même d’addiction en règle générale », concède ainsi son défenseur en rappelant qu’il a aussi vaincu une addiction au cannabis.

Assumant la plupart des faits qui lui sont reprochés, le jeune homme ne semble pourtant pas se rendre compte de la gravité de ceux-ci. « Il a fait courir à son frère le risque d’être condamné, s’emporte par exemple le procureur. Comment peut-on se regarder dans la glace après ça. » Mais, le président de séance tente aussi de le faire réaliser, en évoquant l’incendie s’étant propagé, en septembre. « Vous auriez pu mettre le feu à cet immeuble, lui rappelle-t-il. Il aurait pu y avoir des victimes ».

Le jeune récidiviste ne peut que baisser la tête. Suivi par une association et un agent de Service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip), il a déjà un casier bien rempli. En plus de condamnations pour des conduites en état d’ivresse ou sous l’emprise de stupéfiants, et des refus de se soumettre aux tests de stupéfiants et d’alcoolémie, il a été condamné pour recel, trafic de drogue ou vol. Au total, le jeune homme a été condamné à 19 reprises, auparavant.

Ce récidivisme pose question lors de l’audience. « Le Spip est là pour voir ce que vous faites, lui rappelle le président. Si vous ne vous soignez même pas, qu’est ce que vous faites ? » Le jeune homme, sans emploi, ne sait quoi répondre. Sorti de prison il y a plus de huit mois, la pandémie mondiale ne l’a pas aidé, mais cette longue période d’inactivité ne semble pas jouer en sa faveur non plus.

Finalement, le procureur requiert au total 22 mois de prison, comprenant une condamnation globale, celle pour les faits de prise du nom d’un tiers et une révocation d’un sursis précédent. Après la suspension d’audience, le jeune homme est finalement condamné. Il écope au total de 18 mois de prison avec mandat de dépôt, comprenant la révocation de son précédent sursis mise à l’épreuve. Il devra aussi indemniser les victimes s’étant portées partie civile. 

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE