Sa meilleure avocate a été sa victime. Un homme de 27 ans a été condamné à de la prison ferme mardi 3 mars dernier, par le tribunal de Nanterre. Accusé de violences conjugales, de violences et de conduite sans permis, il avait pourtant été défendu par sa compagne, sa victime. Mais le témoignage accablant d’une voisine, elle aussi blessée durant les faits, a bien plus convaincu le tribunal.

Dans la nuit du 28 au 29 février, l’homme a en effet été surpris alors qu’il était violent envers sa compagne, sur un parking à proximité de l’université à Nanterre. La voisine, témoin de la scène, a réagi et a aussi été blessée et agressée par l’homme, passablement ivre, alors qu’il tentait de fuir en voiture.

« C’est à cause de moi, je l’ai mordu », assure la jeune femme assise sur le banc des victimes. Dans la nuit du 28 au 29 février, une femme l’a aperçue alors qu’elle était violentée par son compagnon, sur un parking près de l’université. « Elle a vu une jeune femme avec le visage plein de sang et un homme la frapper avec une portière de voiture à plusieurs reprises », lui fait pourtant remarquer le président de séance en citant l’audition de la témoin.

Cette dernière, absente le 3 mars, s’est vue prescrire quatre jours d’incapacité totale de travail (ITT) après avoir aussi été blessée par le prévenu, alors qu’elle tentait de protéger l’autre victime. Pourtant, au tribunal de Nanterre, la compagne du suspect nie avoir été « frappée, mordue, giflée et bousculée » ce soir-là. Le prévenu dans le box des accusés ne dit pas un mot, expliquant ne pas comprendre les questions. Il s’exprime pourtant en bon français.

Sa compagne, de son côté, s’évertue à le défendre, trouve des explications à tous les faits qui lui sont reprochés, et explique qu’ils attendent un enfant. « Il y avait du sang parce que j’ai saigné du nez », confie-t-elle par exemple au tribunal. « Mais, un autre témoin a entendu des cris », lui rétorque le magistrat. « C’est vrai que l’on s’est accroché alors, il y a certainement eu du bruit », assure-t-elle, minimisant constamment les faits pour lesquels un médecin lui a pourtant prescrit quatre jours d’ITT.

Si elle nie les faits, le 3 mars dernier face au tribunal de Nanterre, il n’en a pas été de même lors de son audition par la police, ce qui laisse les magistrats perplexes. Même le prévenu « a reconnu les violences » ce jour-là, souligne le procureur. L’homme a en effet été bien plus bavard, précisant qu’il avait « bu un litre de vodka » juste avant les faits. Pour justifier sa violence, « il a expliqué que sa femme le poussait à bout », poursuit le ministère public.

L’homme de 27 ans est aussi poursuivi pour conduite en état d’ivresse. Lorsque la voisine tentait de protéger la victime et prenait son sac à main posé dans la voiture, l’homme a démarré sa voiture. La voisine a alors dû sauter de l’automobile en marche, cet acte entraînant de nombreuses blessures s’ajoutant aux coups qu’elle avait déjà reçus. Là encore, la compagne du prévenu le jure : « Je ne l’ai pas vu porter de coups à cette dame. (…) Il n’a pas conduit, nous étions sur un parking ».

Sans surprise, la jeune femme refuse de se porter partie civile et de demander des dommages-intérêts alors que le procureur requiert huit mois de prison ferme contre son compagnon. Quelques instants après, et pour « protéger les victimes », le tribunal le condamne finalement à dix mois de prison ferme. « Donc en fait, c’est moi la victime et pas elle », lâche le prévenu avant d’être menotté.

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

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