Un homme a été condamné à une peine de prison ferme par le tribunal de Nanterre, mercredi 11 mars dernier. S’il comparaissait libre, son ami co-accusé était lui dans le box après avoir passé un mois en détention provisoire. Le 9 février dernier, le premier des deux hommes avait assisté sans réagir à une scène de violences conjugales perpétrée par son ami.

La victime, mariée religieusement avec l’agresseur et mère de ses deux enfants, n’était pas présente à l’audience car traumatisée par les faits. À la suite de près de 40 coups, elle s’était vue prescrire dix jours d’incapacité totale de travail (ITT). Aux policiers, elle avait indiqué avoir demandé de l’aide à l’ami de son époux, qui assistait stoïque à la scène. Ce dernier, surnommé « le furet », n’a rien fait.

« À un moment, elle vous a pris la main pour vous demander de la protéger », constate la présidente de séance en lisant les déclarations faites par la victime aux policiers. L’homme, surnommé « le furet », n’a pourtant rien fait. Celui qui comparait libre lâche simplement qu’il « ne souhaite pas répondre ».

« Ça s’est passé vite », se justifie-t-il face à l’insistance de la magistrate. Mais, la juge doute fortement que les violences aient été si rapides. La victime, mère de deux enfants et fraîchement séparée de son compagnon, a été victime de 38 coups, dont neuf au visage. Une touffe de cheveux lui a aussi été arrachée à tel point que le médecin qui l’a examinée a noté une plaie sur son cuir chevelu.

Du bout des lèvres, il affirme finalement avoir « un petit peu » essayé de lui venir en aide alors que son mari s’acharnait sur elle. À aucun moment, il n’exprime d’excuses ou dénonce l’acte violent de son ami, présent dans le box des accusés. Il feint aussi souvent des trous de mémoire quand au déroulé exact des faits, qui se sont produits chez la victime. « Au travail aussi on me dit souvent que je suis tête en l’air », ironise-t-il même. La sortie n’est pas vraiment du goût du tribunal.

De son côté, le mari violent est plus coopératif. Lui qui est aussi poursuivit pour une première salve de violences survenues la veille des faits, reconnaît être « parti en furie » et avoir « pété les plombs » en apprenant que son ex-compagne parlait à un autre homme. Parfois, il admet tout de même ne pas se souvenir exactement des coups assenés à la victime.

« Dans cet état de furie, il est en effet possible qu’il ne se souvienne plus », admet le procureur. La victime, elle, est très choquée. Défigurée après avoir été rouée de coups, elle ne se souvient pas non plus des violences commises après lesquelles elle s’est réveillée « le visage en sang dans une cage d’escaliers », rappelle son avocate. Cette dernière assure d’ailleurs que les blessures de sa cliente présentent « un risque de séquelles ».

« Elle a aussi extrêmement peur, c’est la raison pour laquelle elle est absente aujourd’hui », poursuit l’avocate en dénonçant de très récentes menaces à son encontre par SMS de la part d’un proche du père de ses enfants. Si ses souvenirs sont flous, elle est par contre catégorique sur la présence du « furet » sur les lieux. « Ce qui l’a énormément traumatisée, c’est aussi son comportement, dénonce l’avocate de l’inaction du prévenu. Elle a vécu ça comme une deuxième violence ».

Le procureur estime de son côté que « l’irréparable aurait pu être commis très facilement ». Il se montre particulièrement dur avec le mari violent en requérant 30 mois de prison ferme et le retrait de son autorité parentale. Concernant « le furet », il demande au tribunal de le condamner à huit mois de prison pour n’avoir pas protégé la jeune femme lors de son passage à tabac.

Après une longue plaidoirie enflammée de l’avocat du mari violent, c’est finalement au tour du « furet » de dire quelques mots pour sa défense, comme il n’est pas défendu par un avocat. « Huit mois c’est trop long. Je vais perdre mon travail et je suis en CDI », explique-t-il simplement. « Ça, c’est votre problème », lui lâche la présidente de séance, excédée par son attitude. Il ne dira rien de plus.

Finalement, le mari violent est condamné à 36 mois de prison dont 12 avec sursis et à une obligation de soin et une obligation d’indemniser la victime avec qui il n’aura plus le droit d’entrer en contact. Il écope aussi d’une interdiction de port d’arme durant cinq ans. Le « furet » est de son côté condamné à huit mois de prison ferme, la peine pourra peut-être être aménagée. Le tribunal le déclare par ailleurs responsable des faits à hauteur de 20 %.

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.