Les conduites en état d’ivresse avec délit de fuite étaient à l’honneur au Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre mercredi 9 octobre. Deux jeunes hommes ont ainsi été jugés tour à tour pour des faits similaires dans une même salle d’audience. À quelques heures d’intervalle, ils ont dû faire face à une présidente de séance particulièrement remontée vis-à-vis des faits qui leurs étaient reprochés.

Tous deux ont finalement écopé de peines de prison ferme, dix mois et un an respectivement, à l’issue de l’audience. S’ils ne semblaient pas avoir conscience de la gravité des faits, la présidente de séance leur a fait comprendre qu’ils n’avaient pas seulement risqué leur vie mais aussi celle des autres.

« Est-ce que vous considérez qu’une décision de justice ne vaut rien ? », lance la juge à un homme de 24 ans à la barre. Interpellé ivre au volant une première fois en juin à Montrouge, il est à nouveau contrôlé alcoolisé en août. Par une « chance extraordinaire », selon la magistrate, il n’est pas incarcéré. Pourtant, et malgré son contrôle judiciaire, il est à nouveau interpellé à Montrouge, au volant d’un scooter sans casque et toujours ivre. Cette fois-ci, il est placé en détention provisoire.
Pas une circonstance atténuante

« Je croyais que je n’avais simplement pas le droit de conduire mon scooter », se défend le jeune homme, déjà condamné à 16 reprises, majoritairement pour des refus d’obtempérer et du trafic de stupéfiants, parfois à grande échelle. A cette justification, il ajoute que l’alcool lui avait fait faire ce « coup de folie ». La magistrate lui fait alors remarquer que « l’ivresse n’est pas une circonstance atténuante en droit français ».

Un autre prévenu âgé de 29 ans a aussi dû faire face au courroux de la magistrate. Arrêté « en pleine nuit » dans les rues de Colombes en septembre dernier, il n’est pas titulaire du permis de conduire et a « presque 2 g dans le sang », explique la magistrate. En plus de ces éléments qui l’accablent, les policiers présents ce soir-là assurent qu’il « refuse immédiatement le contrôle et prend la fuite ».

C’en est trop pour la magistrate, révoltée par son « inconscience ». Elle évoque alors une affaire, jugée il y a peu de temps à Nanterre. « Un jeune couple à bord d’une voiture rentrait chez eux après un dîner chez un parent vers 2 h du matin, ils venaient de se marier. Ils ont croisé la route de quelqu’un comme vous, ivre, raconte-t-elle. Il y a eu un choc très violent, une des voitures a été pliée et il y a eu beaucoup d’éclats de métal. La femme en a reçu un dans l’utérus. Elle ne pourra jamais avoir d’enfant. A la barre elle était ravagée. »

Le récit glaçant de la présidente de séance touche le public comme le prévenu, déjà condamné à 15 reprises, majoritairement pour des faits de vol. Après un silence pesant, il souffle, penaud, et, la tête baissée : « Je n’avais pas vu ça comme ça ». Titulaire du code de la route et père d’un petit garçon, il devra attendre pour en obtenir sa garde comme il le souhaite.

Il est finalement condamné à 10 mois de prison et une interdiction d’avoir un véhicule pendant un an. L’autre prévenu qui « ne comprend pas les interdictions de son contrôle judiciaire », d’après le procureur, voit son permis suspendu pendant un an en plus d’une peine de prison pendant toute cette période.

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RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.