Il a dû s’en mordre les doigts. Le 29 septembre dernier, un livreur colissimo effectue un arrêt minute pour déposer un paquet à Rueil-Malmaison. Sauf que cet imprudent laisse les clés sur le contact et la porte conducteur ouverte. De quoi soumettre à la tentation deux jeunes qui en profitent pour lui faucher sa camionnette remplie de précieux colis.

« Il s’est tout juste rendu compte du vol de son véhicule, et qu’un homme de type africain avait pris le volant. Il n’a en revanche pas vu le passager », expliquera à la lecture du dossier la présidente de séance, à l’audience du duo de voyous. Car tous deux seront rapidement arrêtés et déférés devant le tribunal de Nanterre le 1er octobre dernier. Et ce, grâce au traceur dont le véhicule est équipé et qui permettra aux policiers de pourchasser les malfaiteurs.

« J’ai pas encore le permis, quand j’ai vu le véhicule… C’était un coup de folie. J’ai entraîné mon ami avec moi », plaidera l’un des accusés, cherchant à dédouaner son acolyte reconnu par le livreur. « Vous avez dit à monsieur de venir avec vous et du haut de ses 29 ans, il avait un discernement tellement aboli qu’il n’a su vous dire non ?! », ironisera la présidente du tribunal.

Le procureur ira de son explication au cours de l’audience, afin d’éclaircir le mobile du délit: « Les vols de véhicules chargés de colis sont récurrents dans les Hauts-de-Seine. Voilà un vol d’opportunité qu’on vous présente de manière humoristique : “Je voulais m’essayer à la conduite mais comme je ne suis pas doué, j’ai donné le volant à monsieur S”. Je n’en crois pas un traitre mot ! »

Monsieur S., qui portait des gants le jour du vol. Un indice de préméditation aux yeux du procureur, d’autant que les bornages téléphoniques laissaient entendre que les deux compères auraient filé le conducteur, avant de taper au moment opportun. « Ce n’est pas vrai, on n’a même pas touché les cartons », arguera monsieur S. « La faute à l’arrivée de la police, oui ! », cinglera le procureur.

Les deux jeunes écoperont d’un an de réclusion, sans mandat de dépôt. « Ce fut une décision âprement discutée », glissera la présidente aux prévenus, pour leur faire prendre conscience de la fleur qu’elle leur a fait. Ils repartiront libres et laisseront éclater leur joie dans les couloirs. « Bon, ce n’est peut-être pas la meilleure des réactions mais.. c’est humain », se consolera la magistrate. Son coup de semonce n’aura pas fait long feu.

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