Alors que la nation rendait un hommage national mérité à Jean-Paul Belmondo aux Invalides, se tenait au même moment et à quelques kilomètres de là, au tribunal de Nanterre, le procès du cambriolage de la maison d’un de ses neveux et petit-fils du sculpteur et médailleur Paul Belmondo.

Parmi les objets dérobés, des œuvres du père de l’acteur mais aussi 57 Napoléon or d’une valeur de près de 20 000 euros. 100 000 euros en liquide auraient aussi été volés, bien qu’aucune preuve de l’existence d’un tel magot n’ait été produite devant le tribunal par la partie civile.

Le méfait se serait produit en 2020, alors que le propriétaire de la maison était en vacances. La date précise du cambriolage n’est pas connue, mais estimée entre le 6 août et le 2 septembre. Deux suspects seront traduits devant le tribunal de Nanterre le 9 septembre dernier. L’un, le regard noir, survêtement à l’effigie du PSG est un polytoxicomane clandestin originaire de Tunisie. Ayant des « compétences » pour ouvrir portes et fenêtres, c’est lui qui aurait forcé le volet métallique avant de briser un carreau du pavillon de la victime, à Châtillon.

Le deuxième, le propriétaire d’une société de transport, une sorte d’homme à tout faire, qui reconnaît des activités de transport et de déménagement non déclarées, était suspecté d’avoir commandité l’affaire.

Brocanteur à ces heures perdues, il avait les moyens d’écouler la marchandise. Si le premier prévenu a été confondu par son ADN, retrouvé sur des mégots et des canettes de bières, le second a été dénoncé par le briseur de vitres au cours de ses auditions. Un troisième homme manquait en revanche à l’appel.

Lui qui se serait joint au duo pour commettre ce forfait avait également laissé son ADN sur les lieux. Connu des services de police, il avait pu être identifié mais faisant l’objet d’une procédure d’interdiction de territoire français, ce dernier avait, aux dires du ministère public à l’audience, probablement déjà quitté le territoire. « J’ai néanmoins renouvelé sa fiche de recherche, dès fois qu’il réapparaisse, afin de pouvoir le juger un jour dans cette affaire », a signalé la procureure au procès.

Assisté d’une interprète, le premier prévenu a confirmé son rôle dans cette entreprise délictuelle : « Je confirme avoir ouvert le pavillon et à la demande de (mon voisin dans le box) », soutiendra-t-il au président du tribunal, ajoutant avoir été payé quelques centaines d’euros pour ce « travail ». Une déclaration qui agacera volontiers son acolyte sur le banc des prévenus, lui qui niera son implication de bout en bout.

À charge contre lui, des bornages téléphoniques attestant qu’il se trouvait à proximité, dans un rayon d’un kilomètre autour du pavillon à des heures parfois très tardives sur la période du cambriolage. S’ajoute à cela, l’achat en liquide, peu après le casse, d’une camionnette de livraison d’une valeur de 7 900 euros.

Enfin, les deux hommes se connaissent plus ou moins, selon la version de l’un ou de l’autre. « Oui, je le connais, reconnaîtra le second suspect, chauve à la carrure certaine. On a déjà bu des cafés ensemble du côté des puces de Montreuil. Mais, je ne lui ai jamais donné d’argent ! ».

« On ne voit pas pourquoi il aurait intérêt à mentir, car cela ne va pas arranger ses affaires pénales », remarquera le président du tribunal, pour lui donner le change. « D’autant qu’on ne lui a rien promis, pas de diminution de peines », renchérira peu après la procureure, avant de souligner : « Bien sûr, la seule accusation d’un coprévenu n’est pas suffisante pour condamner quelqu’un. Sauf si des éléments viennent corroborer ces informations ! ». Des éléments qu’elles listera mais qui ne suffiront pas pour incriminer le second prévenu, qui obtiendra la relaxe.

Le tribunal a peut-être considéré que la dénonciation de l’autre accusé était calomnieuse : le commanditaire présumé s’étant querellé avec lui quelques temps plus tôt pour des questions d’argent. De l’argent qui lui aurait permis de satisfaire sa dépendance au crack et à la cocaïne. L’avocate de ce dernier cherchera à défendre un homme qui aurait été victime d’un « abus de faiblesse » de la part du commanditaire du vol, eu égard à ses addictions.

La clémence réclamée par son conseil ne sera pas entendue du tribunal, qui optera pour une peine de neuf mois avec maintien en détention, assortie d’une interdiction de territoire de cinq ans. Malgré son absence de solvabilité évidente, l’homme sera condamné à verser à la victime 45 000 euros de dommages et intérêts, ainsi que 7 000 euros au titre du préjudice moral.

CRÉDIT PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DÉFENSE