Sûr que l’issue de son procès lui sera favorable, le prévenu fanfaronnait dans les couloirs du tribunal. Il y promettait « du spectacle » à qui voulait bien l’entendre.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y en eut. Mais, pas tout à fait celui auquel il s’attendait. C’était le 1er septembre dernier, sur les coups de 17h00. Là débutait l’audience censée statuer sur une affaire de violences conjugales qui traînait depuis de longs mois.

Certes, comme il le savait, son ex-compagne appelée à la barre se mit à revenir sur toutes ses accusations. « Je me suis toujours posée en victime auprès de ma famille », déclarera-t-elle pour expliquer ses nombreuses plaintes déposées.

La faute de sa mère à qui elle voulait plaire et qui n’aurait jamais supporté son ex-compagnon, un caïd de son quartier. « Arrêtez ! Vous avez 35 ans. C’est fini maman ! », rejettera d’un revers de main la présidente du tribunal, remontée face aux explications farfelues et au désarmant déni de la victime.

« Ma fille ne m’a jamais vu me faire frapper », assurera-t-elle dans la foulée, contredisant le témoignage de son enfant, assurant l’avoir vue se faire tirer les cheveux et fracasser le visage à coups de poing. Pour justifier les photos de ses coquards, elle prétextera une bagarre de rue avec la maîtresse de son ex-conjoint. « Aujourd’hui, madame vient nous faire un sketch en disant qu’elle n’a pas peur de son ex-mari, que c’est de sa faute… », se désespérera le procureur. « Quand je mens, on me croit. Quand je dis la vérité, on ne me croit pas », s’agacera la mère de famille, sous emprise.

Le prévenu, lui, en dira le moins possible. Au vu du dossier, le tribunal semblait avoir déjà scellé son sort avant l’audience. « Bienvenue en enfer », « Je vais te régler en cinq minutes », « Reviens pas chez toi, je dors devant ta porte », « Sale traînée, je vais te fumer, te mettre à quatre pattes »… Des preuves versées au dossier attestent en effet du harcèlement et des insultes proférées par l’accusé à l’encontre de son ex-compagne, que ce fut par téléphone ou de visu. L’homme l’aura aussi forcée à avoir des rapports avec d’autres individus et l’incitera à se prostituer.

Dans une précédente enquête, il aura même été accusé d’avoir enlevé la jeune fille à l’aéroport à son retour d’Algérie, puis de l’avoir emmenée dans un Ibis pour la violer. « C’est un rituel, une coutume musulmane », arguera dans un P.V. la victime, prête à tout pour excuser son bourreau. Une affaire qui sera classée, mais néanmoins ressortie par le tribunal pour enfoncer encore un peu plus le prévenu. Une méthode « déloyale » pour son avocat, qui n’hésitera toutefois pas à démolir son client.

« Vous êtes une sale personne ! », lui lâchera-t-il, d’une voix roque. « Vous avez gardé madame sous votre botte. Vous pouvez raconter ce que vous voulez, l’affaire est entendue », reconnaîtra-t-il, conscient de l’exemplarité exigée dans ces affaires par « l’air du temps ». L’homme, qui se fera la malle pendant la suspension d’audience, sera condamné à trois ans, dont un avec sursis probatoire. Un mandat d’arrêt a été délivré contre lui.

CRÉDIT PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DÉFENSE