La tête en sang, une femme court se réfugier chez une de ses voisines. Elle vient de vomir, après s’être fait agressée par son ex-mari, en pleine rue. Celui-ci, furieux à son encontre, lui aurait asséné plusieurs coups de poing en plein visage, la faisant chuter. Puis il aurait encore laissé éclater sa colère en la frappant au sol. Quelques jours après ces violences, commises le 9 mai 2021 à Clamart, l’homme se rendra de lui-même au commissariat pour y être entendu par les services de police. La victime, qui récoltera une ITT de 10 jours, sera elle aussi auditionnée.

D’après elle, son ex-compagnon aurait attendu dans le hall de son immeuble qu’elle descende faire les courses. C’est alors qu’il s’en serait pris à elle, la traitant de « pute », lui réclamant de « fermer sa gueule » et de remettre son voile correctement. Sortie dans la rue, la victime aurait subi coups de poing et coups de coude, avant qu’une bande de jeunes de la cité viennent mettre fin au carnage.

L’homme, déféré devant le Tribunal de grande instance de Nanterre le 30 juin dernier, y apportera sa version des faits. « Je ne lui ai donné qu’un coup… peut-être deux, déclarera sans grande précision le prévenu. Après, des jeunes nous ont séparés ». L’accusé, au casier vierge, vit dans un hôtel depuis sa séparation avec la mère de ses enfants. Cette dernière ne respecterait pas les modalités de la convention signée au moment de son divorce et qui attribue deux week-ends par mois de garde au père.

« Elle refuse toute communication avec moi, se plaindra l’accusé, à qui la victime aurait demandé de venir chez elle par l’intermédiaire d’une nièce. À chaque fois, je passe deux heures dans les bouchons pour aller chercher chez elle les enfants et au final, elle refuse de me les donner ». Le prévenu baisse alors la tête dans le box. Sa voix vire aux aigus. « Mais, je regrette (ce que j’ai fait) parce que cela fait du mal à tout le monde », se lamentera-t-il.

Après que le président du ­tribunal lui ait fait la leçon quant à la marche à suivre en cas de non-respect de la convention, celui-ci tente d’éclaircir le déroulé des faits. « Est-ce que vous l’avez frappée au sol ? », questionnera-t-il. « Non, elle a dû se blesser avec l’épingle de son voile en tombant », lui rétorquera le prévenu, en guise d’explication aux blessures de la victime.

« Reste que quand quelqu’un tombe, cela peut être fatal et alors là, c’est la cour d’assises », rappellera le magistrat, tachant de faire prendre conscience à l’accusé de la dangerosité de son comportement. Le reconnaissance partielle des violences qui lui sont reprochées appuiera les réquisitions du ministère public, portées à 8 mois de prison avec sursis et une interdiction de contact avec la victime.

L’avocat de la défense insistera sur l’exaspération d’un père n’ayant pas pu voir ses enfants depuis des semaines. « Madame ne respecte aucune des modalités de la convention. Elle pense que depuis qu’elle est divorcée, elle a un droit absolu sur les enfants », accusera-t-il, avant de souligner que cela « ne justifie pas les violences ».

Sa plaidoirie visera surtout à demander la requalification des faits reprochés. En effet, le parquet a jugé bon de poursuivre le prévenu pour violences devant mineurs de moins de 15 ans, car les enfants auraient vu l’agression de leur mère par une fenêtre. Or, rien n’attestera formellement cette thèse. Un point de détail pas anodin, car susceptible de faire passer la peine maximale encourue de cinq à sept ans. Le tribunal, après avoir ­requalifié les faits, condamnera l’homme à six mois avec sursis, assortis d’un stage sur les violences conjugales.

CRÉDIT PHOTO : LA GAZETTE DE LA DÉFENSE