Vous êtes le nouveau président de Nanterre 92 après le départ de votre père Jean Donnadieu. Ce choix était-il décidé de longue date ?

C’était prévu depuis très longtemps. […] Ce n’est pas une révolution, c’est une continuité. Il y quand même le passage de témoin qui, pour Jean, était symbolique.

La principale force de Nanterre est-ce justement ce côté familial du club ?

C’est la stabilité qui fait la différence. Bien sûr que ça aide, notamment lors des périodes difficiles.[…] Après, nous ne sommes pas les seuls à travailler au club, nous avons des collègues de qualité qui ne sont pas tous de la famille Donnadieu, bien heureusement. La réalité est qu’historiquement, nous sommes là depuis le début, quand le club était encore en niveau départemental, qu’il n’y avait pas de salariés. On a construit le club. Ce n’est pas comme si mon père l’avait racheté il y a trois ans et m’avait parachuté président. Même si c’est toujours particulier d’être le « fils de », je n’ai aucun problème en interne, car je suis là depuis le début. Je suis licencié depuis 1982, j’ai joué, j’ai entraîné.

Cette saison a été difficile sportivement, mais aussi avec le Covid-19 qui a frappé l’ensemble du club…

Ça a été une saison très, très dure, avec des moments extrêmement difficiles à vivre. Sur tous les plans. Le Covid a été réel pour nous, parce qu’il a touché toute l’équipe et le staff. Durant cette période, je me souviens que si Philippe Da Silva (l’entraîneur assistant, Ndlr) n’avait pas eu un test négatif, c’est moi qui aurait dû coacher… Bref, les matchs à huis clos, les incertitudes financières à un moment donné, il en a découlé une saison sportive irrégulière et on est très content d’avoir sacrément bien fini.

Avez-vous eu peur de la ­relégation ?

Bien sûr. Évidemment. Celui qui n’a pas eu peur… franchement. On a eu peur et c’est cette peur qui nous a fait travailler, réagir. Parce qu’au final, si nous avions gagné le match au Mans, nous serions qualifiés pour les phases finales aujourd’hui.

Des regrets en fin de saison ?

Oui et non. Oui, car nous sommes tous des compétiteurs, mais non car il faut relativiser. On était tellement mal que si on nous avait dit qu’on raterait les playoffs à une victoire près, on aurait signé tout de suite.

Victor Wembanyama a annoncé son départ. Quelle est votre réaction ?

C’est une déception. On ne s’y attendait pas vraiment pour être honnête parce qu’on lui avait proposé un ­projet extrêmement ambitieux, presque sans limite. On a tout fait pour le garder encore un an. Mais, il a pris sa décision, il faut la respecter. Ça ne nous empêche pas de garder une affection toute particulière pour ce garçon, que j’ai même entraîné en catégorie poussin lorsqu’il est arrivé au club.

Certains supporters regrettent son manque de reconnaissance…

En étant honnête, je pense que la meilleure chose pour lui aurait été de rester encore un an. On a fait un travail colossal pour mettre en place tous les intervenants autour de lui pour gérer ses études, le basket. On a tout géré et l’année où il passe professionnel, où c’est beaucoup plus simple pour lui de ne se consacrer qu’au jeu, il part… […] On gardera en tête tous les bons souvenirs avec lui.

Allez-vous le laisser partir dans un club concurrent du championnat s’il décide de rester en France ?

On n’a pas le choix. Il y avait une clause dans son contrat qui avait été mise en place par ses agents il y a deux ans. C’est son choix, il faut le respecter. C’est la vie du sport de haut niveau.

Faut-il s’attendre à un grand renouvellement de l’effectif ?

Il y aura un renouvellement. C’est le lot de pas mal d’équipes de basket. Sur une équipe de dix joueurs, entre ceux qui ont performé, mais qui ont des propositions que nous ne pouvons pas refuser, et ceux qu’on ne souhaite pas garder, ça va vite.

L’Australien Brock Motum, sera-t-il Nanterrien à la reprise ?

Brock, non. Son niveau de salaire est trop élevé, on ne peut pas s’aligner. On est déjà content de l’avoir eu quelques mois, ça a été une merveilleuse expérience. Il a remercié le club, a été surpris du niveau de professionnalisme de nos structures. Ce sont des retours agréables pour nous. Vraiment, ça s’est très bien passé.

Des pistes pour le recrutement ?

On en est qu’au début, donc c’est un peu tôt pour des annonces. Nous souhaitons avoir un recrutement cohérent et de qualité. On ne s’est pas fixé de règles : jeune, vieux, français, étranger. On veut surtout que Pascal et son staff aient des joueurs qui correspondent à l’identité du club.

Quelles sont vos ambitions pour la saison prochaine ?

Viser les playoffs et comme d’habitude, commencer la saison avec humilité parce que la concurrence est rude. Il faut engranger des victoires pour se rassurer vis-à-vis du maintien et après disputer les phases finales.

Si vous ne deviez retenir qu’un ­moment cette saison, quel serait-il ?

La soirée contre Monaco (remporté 86-79, Ndlr), car il y avait une ambiance incroyable, on avait l’impression que la salle était pleine. Tous les joueurs étaient heureux, même ceux avec qui ça a été un peu plus difficile. On avait aussi organisé des moments avec nos partenaires et l’ambiance était superbe.

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour la suite ?

De montrer que le club est toujours ambitieux et reste le même. En fait, il faut nous souhaiter de vivre le plus de soirées possibles comme celle contre Monaco.

CRÉDIT PHOTO : NANTERRE 92