Le deuxième tour des élections départementales dans les Hauts-de-Seine n’aura été qu’une confirmation des tendances du premier tour, tout comme le deuxième tour des élections régionales en Ile-de-France (voir notre encadré ci-dessous). Une nouvelle fois, l’abstention est venue jouer les troubles fêtes, inquiétant fortement les candidats pour l’avenir.

Mais, cela n’aura pas empêché les conseillers départementaux sortants de conserver leur place comme sur les cantons de Courbevoie-2, de Nanterre-1 et Nanterre-2 et ainsi de permettre à la majorité départementale sortante, menée par Georges Siffredi (LR), de confirmer sa position. Dans certaines villes et certains cantons, les élections et l’entre-deux-tours auront tout de même été perturbées par des incivilités et des ­attaques que ce soit sur les affiches électorales ou sur les permanences de campagne.

À Courbevoie et Puteaux, deux binômes s’affrontaient dimanche lors des élections départementales. Le premier, arrivé en tête lors du premier tour constitué de Marie-Pierre Limoge (UDI), première adjointe au maire à Courbevoie et Vincent Franchi (LR), premier adjoint au maire de Puteaux et conseiller départemental sortant du canton Courbevoie-2. Face à eux, le binôme de la République en marche du conseiller municipal de Puteaux Christophe Hautbourg et Élodie Lacassagne.

Ce sont bien les deux conseillers sortants qui ont finalement remporté la partie avec 62,06 % des voix face au binôme Lrem qui a récolté 37,94 % des voix. Lundi matin, au lendemain de l’élection, la conseillère réélue Marie-Pierre Limoge se réjouissait d’un tel résultat : « C’est la confirmation du premier tour, on est content, on est très content même ».

« Une belle victoire » pour la ­majorité départementale dans ce canton selon Marie-Pierre Limoge. De son côté, Christophe Hautbourg relativise face aux résultats : « On se présente à une élection pour la gagner donc nécessairement quand vous ne la gagnez pas, il y a évidemment une part de déception. Pour autant, c’est aussi une victoire. Une première victoire qui était d’être au second tour et une seconde victoire compte-tenu du score puisqu’on multiplie par deux notre nombre de voix par rapport au premier tour ».

Sur le canton de Nanterre-2 ­regroupant une partie de Nanterre et la ville de Suresnes, c’est également la majorité départementale qui a conservé sa place. Le binôme formé par Camille Bedin, conseillère municipale de ­Nanterre et ­Guilaume Boudy, maire de Suresnes est arrivé en tête avec 64,26 % des voix face au binôme Lrem de Mélanie Blanchetot et Pascal Gentil.

« Une victoire n’est jamais attendue tant que ce n’est pas fait, déclarait ainsi la conseillère départementale sortante Camille Bedin. On était très heureux d’avoir gagné évidemment, mais de notre côté à Nanterre, on se réjouit des bons scores qu’on a fait sur l’ensemble de la ­commune puisque moi, je fais 52 % sur la partie nanterrienne
du ­canton ».

Exception pour les trois villes du quartier d’affaires de la Défense, si c’est bien le binôme sortant qui a été réélu, lui n’appartient pas à la majorité départementale. Les candidats Marie-Hélène Decis-Lartigau et Christophe Ribault n’ont pas réussi avec 37,08 % des voix à devancer le maire de Nanterre Patrick Jarry et son adjointe Laureen Genthon qui eux ont cumulé 62,92 % des voix.

« Sur l’autre partie de la commune, Christophe et Hélène de mon équipe font un très bon score de 37 %. On est en train de faire le cumul, mais cela doit nous placer à presque 45 % pour l’opposition municipale sur l’ensemble de la ville », réagissait ainsi Camille Bedin des résultats du deuxième canton de Nanterre.

Pour Christophe Ribault, les résultats du premier tour et la qualification pour le deuxième tour avaient été une belle surprise. « Au second tour, on fait 37%, c’est mieux que le binôme qui s’était présenté il y a 5 ans sous l’étiquette Nanterre Ensemble. Surtout, ça consolide notre socle à Nanterre, on est dans une stratégie à moyen long terme », raconte-t-il pointant tout de même du doigt « la forme de dissidence » au sein du groupe d’opposition municipal qui a ainsi envoyé deux binômes pour les élections.

Patrick Jarry et Laureen ­Genthon conserveront donc leur place dans l’opposition départementale rejoint par de nouveaux binômes notamment après les victoires de deux binômes qui ont renversé la majorité départementale à Chatillon et sur le canton de Colombes-1. Sur les 46 sièges du conseil départemental, ce sont finalement 38 sièges qui reviendront à la majorité départementale.

« L’important, c’est que l’on conserve cette majorité très nette et qu’on puisse poursuivre la politique que l’on a menée, avec nos trois priorités : soit maintenir une politique d’innovation sociale et de solidarité, continuer de renforcer l’attractivité de notre territoire et mener une politique en faveur de la culture et l’éducation », insiste Camille Bedin.

Un sentiment partagé par ­Marie-Pierre Limoge qui évoque de « très beaux résultats » partout dans le département pour maintenir « une majorité départementale bien ­confortée ». Prochainement, le conseil départemental devrait élire son nouveau président.

La majorité sortante ayant été réélue tout porte à croire que son actuel président Georges Siffredi, réélu sur son canton de Châtenay-Malabry soit lui aussi conforté dans sa position pour ce nouveau mandat de sept ans. Face à cette question, Camille Bedin confirme : « Il a été remarquable depuis la disparition de Patrick Devedjian, que je regrette énormément ce matin. Il a fait un super travail, donc oui ».

Quelques ombres au tableau auront quand même rendu ces élections particulières. L’abstention, toujours l’abstention. Au niveau départemental, les chiffres ont à nouveau atteint des niveaux élevés. Sur le canton de Courbevoie-2, l’abstention s’élève à 60,58 %, sur le canton de Nanterre-1 à 71,69 % et enfin sur Nanterre-2 à 68,08 % des électeurs inscrits ne se sont pas rendus dans les bureaux de vote.

Pour Marie-Pierre Limoge, l’abstention représente : « Un sujet à creuser du rapport des Français à l’élection et à leur personnel politique. C’est dommage, parce que là, ça concernait des élus locaux qui sont quand même des élus de proximité, que les gens connaissent, mais il y a quelque chose à faire c’est clair ».

Son adversaire des élections Christophe Hautbourg regrette que les électeurs ne se soient pas déplacés dimanche pour choisir les nouveaux conseillers départementaux. « Cette abstention a été confirmée, c’est un vrai sujet, un vrai problème, c’est-à-dire qu’on a un binôme élu avec à peine 20 % des inscrits. Alors, ils peuvent expliquer qu’ils ont fait 60 %, que c’est extraordinaire, mais la réalité, malheureusement est bien différente, bien moins éclatante qu’il n’y paraît ».

Christophe Ribault regrette également cette abstention toujours présente et surtout chez les plus jeunes. « C’est malheureux et c’est la mauvaise nouvelle de cette élection, cette abstention massive et notamment chez les jeunes. C’est inquiétant, parce que je crois qu’il n’y a même pas un ou deux jeunes sur 10 qui sont allés voter ».

L’entre-deux-tours aura été intense pour tous les candidats aux départementales. Sur le canton de Courbevoie-2, les réveils ont même été difficiles samedi et dimanche matin, quand les candidats de la ­République en marche ont découvert leurs affiches de campagne taguées à Puteaux. « Je déplore les incidents de fin de campagne qui ont vu nos affiches totalement taguées deux soirs de suite […] avec des tags, nos visages peints en noir, nos noms peints en noir sur tous les panneaux électoraux de la ville », raconte Christophe Hautbourg.

Le conseiller municipal de Puteaux regrettant « la non-réaction » de la part de la Mairie qui aurait selon lui pu faire preuve d ‘un « peu de solidarité républicaine face à de tels agissements ». Les deux candidats ont ainsi porté plainte à deux reprises pour dénoncer ces faits. Et ils n’auront pas été les seuls à être victimes de violences durant la campagne.

À Nanterre, Christophe Ribault dénonce des attaques ­durant la campagne. « Marie-Hélène, pour sa première campagne a découvert le côté violent d’une campagne électorale. Violent au sens des mots sur la toile, dégradation d’affiches, jusqu’à quand même deux impacts de balles dans la vitrine de notre permanence ». Une enquête est en cours pour déterminer ce qu’il s’est passé à la permanence du binôme, mais le candidat regrette de tels agissements : « C’est à la fois grave, parce que je trouve que la démocratie est quelque chose d’important, mais je ne veux pas en faire des caisses, parce que ça ne représente pas la mentalité générale des gens à Nanterre non plus ».

Régionales : Valérie Pécresse réélue face aux candidats réunis de gauche

L’alliance de la gauche et des écologistes pour faire tomber la présidente sortante de la Région Ile-de-France Valérie Pécresse (Libres!) n’aura pas suffi. Valérie Pécresse a été réélue dimanche 27 juin avec 45,92 % des voix, devant la liste commune de Julien Bayou (EELV), Audrey Pulvar PS) et Clémentine Autain (LFI) qui ont récolté 33,68 % des voix. Derrière eux, le candidat du Rassemblement National Jordan Bardella (10,79%), et Laurent Saint-Martin, candidat de la majorité présidentielle (Lrem, 9,62%). Les électeurs de Courbevoie et Puteaux ont confirmé les résultats du premier tour, plaçant en tête la présidente sortante à nouveau.

À Nanterre, la tendance était inverse, c’est la liste de Julien Bayou, Audrey Pulvar et Clémentine Autain qui est arrivée en tête avec 47,30 % des voix, Valérie Pécresse n’obtenant que 33,6 % des voix. Dans les trois villes, l’abstention aura une nouvelle fois, comme au niveau national, été très forte. À Nanterre, seulement 26,59 % des électeurs inscrits sont allés voter.

Durant la conférence de presse suivant l’annonce des résultats Valérie Pécresse a déclaré : « Plus que jamais je veux continuer à amplifier mon combat pour mes convictions, mais aussi pour les valeurs de la République, de toutes mes forces ». Au sein du conseil régional, Valérie Pécresse conservera donc sa majorité tout comme lors de son précédent mandat où sur les 209 sièges, 121 étaient pour la majorité, 66 pour l’opposition de gauche et 22 pour l’opposition d’extrême-droite.

CRÉDIT PHOTO : LA GAZETTE DE LA DÉFENSE