« Sale pute, je regarde bien ton ­visage, je vais niquer ta race quand je sors ». Le 12 avril 2021, un détenu de la prison de Nanterre insulte et menace allègrement une gardienne, avant de lui cracher dessus. Qu’avait-elle fait pour subir un tel sort ? Quelques instants plus tôt, elle avait signifié au prisonnier qu’il ne s’agissait pas de son jour de douche et qu’il devrait attendre le lendemain pour s’abluer.

Un rappel au règlement qui reste en travers de la gorge du détenu, qui avait déjà pris en grippe la surveillante auparavant. Ayant stoppé sa scolarité en 4e, sachant lire mais pas écrire, ce SDF d’une cinquantaine d’années s’en prend alors à l’agent, dans une prose d’une agressivité qui détone avec le regard de cocker timide qu’il arborait au procès. Car incarcéré depuis 2020 en maison d’arrêt, il avait été déféré, le 10 juin dernier devant le Tribunal de Grande instance de Nanterre (TGI), pour répondre de ses actes.

« Vous considériez que la douche était un droit qu’on vous retirait ? », tente de comprendre le président du tribunal en début d’audience. « Je me suis laissé emporter, reconnaît le prévenu. Mais cette surveillante ne m’aime pas ». À l’en croire, par deux fois, la gardienne lui aurait sucré son accès aux douches, alors qu’il peut en bénéficier de six par semaine.

« Elle ne faisait qu’appliquer les consignes, affirmera la procureure, écartant l’hypothèse d’une mesquinerie de la part de la fonctionnaire. En pleine crise sanitaire de surcroit, un crachat en pleine figure est considéré comme une violence physique et pas seulement psychique ». Le prévenu assure de son côté lui avoir crachoté sur la poitrine. Une nuance, qui ne change rien à la qualification du méfait et pour lequel, en plus des menaces, le ministère public requerra 4 mois de prison ferme.

« À mon sens, la sanction disciplinaire est bien suffisante », insistera l’avocat du prévenu, rappelant ainsi que pour son comportement, le détenu avait déjà été puni d’un mois à l’isolement et de suppressions de réductions de peine. En outre, il a aussi perdu le poste qu’il occupait en cuisine. « Il m’a dit qu’il était un peu à cran, parce qu’il avait appris récemment le décès de sa sœur, indiquera son avocat. Alors, il a explosé ».

Une « explosion » qui lui vaudra deux mois de prison supplémentaires et une obligation d’indemniser la victime à hauteur de 500 euros.

CRÉDIT PHOTO : LA GAZETTE DE LA DÉFENSE