C’est le genre de soirée que le public de la Paris La Défense Arena aurait apprécié. Face au CA Brive samedi soir, qui n’avait de toute façon plus rien à jouer, le Racing 92 s’est fait plaisir. Une victoire 55 à 12, sept essais inscrits pour une démonstration offensive avant le début des phases finales du championnat, ce vendredi soir.

Le contexte était très simple : troisième avant le début de la dernière journée de Top 14, le Racing devait l’emporter face au CA Brive, avec au moins trois essais d’écart pour assurer les cinq points de la victoire bonifiée. Et ainsi espérer une qualification ­directe pour les demi-finales, en cas de contre-performance de La Rochelle ou de Toulouse, les deux premiers du classement.

Les ­Franciliens se sont rendus le match facile. Trois essais en 20 ­minutes, dont un doublé du talonneur Teddy Baubigny, puis une réalisation juste avant la mi-temps de Teddy Thomas. Le Racing s’offrait ainsi une avance confortable, et définitive (26-5).

L’enjeu ne se trouvait pas vraiment sur la pelouse synthétique de l’Arena. Tout au long de la rencontre, le staff francilien a gardé un œil sur les rencontres de La Rochelle et de Toulouse. En attendant de savoir à quelle sauce ils allaient être mangés, les coéquipiers du jeune demi de mêlée titulaire Nolann Le Garrec, auteur d’un essai et plutôt à l’aise dans la direction du jeu, ont continué à dérouler leur rugby. Le troisième ligne du Racing Antonie Claassen, qui mettra un terme à sa carrière en fin de saison, débutée en 2007 du côté de Brive, inscrivait le 7e et dernier essai de son équipe (52-12).

« On est lié à vie, disait de lui l’entraîneur Laurent Travers. En tant que joueur, il mérite le respect et en tant qu’homme, il n’y a pas plus honnête et droit ». Fait assez rare dans le rugby, le numéro 8 inscrivait d’ailleurs les derniers points du soir, sur une pénalité en face des poteaux (55-12).

Le Racing à la fête, devait patienter encore quelques minutes sur la pelouse et attendre la fin des rencontres de Toulouse et La Rochelle. C’est à Clermont que le suspense était total. Les Rochelais, récemment finalistes de la coupe d’Europe, récoltaient une dernière pénalité et décrochaient un point de bonus défensif (défaite de cinq points ou moins), synonyme pour eux de qualification directe pour les demi-finales.

Dans le même temps, le Stade Français sortait vainqueur d’un match irrespirable à Bayonne pour terminer 6e et se qualifier. Les choses sont parfois bien faites dans le sport. Vendredi soir à 20 h 45 à l’Arena, un derby départagera Franciliens et Parisiens. Savoureux. « C’est un peu l’adversaire qu’on espérait, s’enthousiasmait Boris Palu, qui jouait son 100e match sous les couleurs ciel et blanche. S’il y a un match que j’espère jouer, c’est celui-là. C’est le derby. »

Qui dit phases finales, dit forcément compteurs remis à zéro. Malgré l’avantage indéniable de jouer à domicile, même si à l’écriture de ces lignes l’interrogation demeure quant à l’autorisation du public dans le stade, le Racing sait qu’une rencontre face au Stade Français est synonyme de grand danger. Surtout que les ennemis parisiens restent sur une série de 6 victoires consécutives, et notamment un succès de prestige le 1er mai à cette même Paris la Défense Arena face aux coéquipiers de Finn Russell (29-35).

Qu’importe, avec 17 victoires sur l’ensemble de la saison (comme La Rochelle et Toulouse), et huit à l’extérieur, le Racing 92 a réalisé une saison régulière pleine. C’est avec le statut de favori qu’il tentera de décrocher son billet pour Lille, le week-end du 19 juin. « A nous d’assumer et de faire ce qu’il faut pour vivre une demi-finale à Lille », notait Laurent Travers.

Le hasard ne frappe jamais par hasard… Le centre international Gaël Fickou affrontera ses anciens coéquipiers, lui qui a changé de club en cours de saison et a anticipé son transfert, le 19 avril dernier. Pour le joueur, la situation paraît difficile à gérer. Lors de la défaite en championnat le 1er mai, Fickou n’avait pas disputé la rencontre. « Ce n’est pas du tout un accord entre les deux clubs, il n’y en a pas besoin, avait alors expliqué Laurent Travers. Que ce soit Gaël ou le Racing, on a une éthique sportive ».

Vendredi soir, l’ancien stadiste sera bien présent. Prêt à montrer que la décision de rejoindre le Racing en cours de saison, était la bonne. On l’espère tous.

CRÉDIT PHOTO : HÉLÈNE BRASSEUR