Amis lecteurs découvrant ce papier, sachez que tout peut s’arrêter au moindre faux pas. Depuis quelques semaines, la rédaction répète, inlassablement, qu’une ­qualification de Nanterre 92 pour les phases finales de Jeep Elite est toujours possible. Les semaines passent et cette idée semble devenir de moins en moins farfelue.

Avec deux nouveaux succès la semaine dernière, le premier à domicile face à Boulogne-Levallois dans un derby tendu faisant aimer à quiconque le sport (73-65), le second sur le parquet de Cholet dimanche soir (83-88), Nanterre est revenu à une seule petite victoire des 8 places qualificatives. Il reste trois rencontres en championnat. Faut-il vraiment être fou pour y croire ?

Plusieurs raisons expliquent ce revirement de situation. La première est sans doute la plus importante, car elle entraîne toutes les autres : le retour du public dans les stades. Depuis le 20 mai 2021, et le match face à Pau devant un palais des sports Maurice Thorez de nouveau bruyant, Nanterre a enchaîné six succès consécutifs.

Loin d’être une coïncidence, surtout pour l’entraîneur Pascal Donnadieu : « Ce 4e quart-temps face à Boulogne-Levallois, j’ai pris beaucoup de plaisir. J’ai retrouvé cette équipe qui me plaît depuis quelques semaines, et je vais tenir le même discours, c’est lié au retour du public, qui ne nous lâche jamais ».

Il est vrai que dans ce derby des Hauts-de-Seine, Nanterre n’a pas toujours été à son avantage. Menés de 11 points à la mi-temps (30-41), les coéquipiers de Chris Warren ne semblaient pas dans leur assiette. En plus du retour du public, des joueurs ont pris les choses en main dans cette fin de saison. Dans les moments importants, ils sont de ceux qui font la différence, prennent leurs responsabilités, et débloquent des situations difficiles.

L’un d’eux à 17 ans. Son nom : Victor Wembanyama. Il mesure 2 m 19, mais hors de question de ne le résumer qu’à un physique hors-norme. Agile ballon en main, et aux tirs, son aisance défensive met la pagaille dans les attaques adverses, qui n’osent plus tirer de loin, de peur que le gaillard ne contre leurs tentatives. Lors du derby, il a terminé la rencontre avec une évaluation à 15, la meilleure de tous les joueurs.

« Quand je suis arrivé, il était en minimes, alors de voir sa progression ça me fait très plaisir, confiait l’ancien joueur du Nanterre 92, Lahaou Konaté en conférence de presse. C’est une pépite, il a un grand avenir, mais il faut le protéger, et qu’il garde la tête sur les épaules ».

Deux autres joueurs tirent leur épingle du jeu. L’Américain ­Marcquise Reed est depuis quelques rencontres le dynamiteur de l’attaque. Meilleur intercepteur du championnat, il a enclenché le réveil de son équipe dans le 3e et 4e quart-temps contre Boulogne-Levallois. Dimanche soir, à Cholet, il a terminé meilleur marqueur du match avec 16 points.

L’expérimenté australien Brock Motum est aussi l’une des ­raisons du retour de Nanterre au ­premier plan. Arrivé il y a quelques ­semaines, il a changé le visage de l’équipe grâce à sa capacité à être bon dans tous les secteurs du jeu.

Nous aurions aussi pu vous parler de la solidarité qui émane de cette équipe, bien coachée par Pascal Donnadieu. De l’impact dans le discours d’un Isaïa Cordinier, des tirs à trois points de Chris Warren ou des guerriers Alpha Kapa et Brian Conklin. C’est tout un club qui devra répondre présent pour venir à bout de l’ASVEL, ce soir à 20 heures, et lors des deux derniers matchs contre le Mans et Monaco. Car c’est aussi ça le sport, le rêve peut s’arrêter plus vite qu’on ne le pense.

CRÉDIT PHOTO : HÉLÈNE BRASSEUR