Les amateurs de basket le savent, l’édition 2020-2021 de Jeep Elite a été bousculée par le contexte sanitaire. De ce fait, les matchs s’enchaînent, parfois trois dans la semaine, pour rattraper le retard accumulé. Tout est donc possible, surtout pour Nanterre qui n’a toujours pas dit adieu aux phases finales, mais n’est pas non plus assuré de jouer dans l’élite la saison prochaine.

Après la large défaite, somme toute logique, contre le leader Monaco lundi 17 mai (90-67), nul besoin de préciser qu’une victoire était impérative, deux jours plus tard, contre Pau-Lacq-Orthez, concurrent direct pour le maintien. Dans la salle ­Maurice Thorez, de nouveau autorisée à accueillir du public, les joueurs de Pascal Donnadieu se sont sublimés pour décrocher un succès crucial (115-77).

« Avant toute chose, débuta l’entraîneur Pascal Donnadieu en conférence de presse d’après-match, nous avions oublié les sensations de jouer devant notre public, et c’est quelque chose d’énorme. Quelle joie immense. La présence de nos supporters a été un élément crucial de notre grosse prestation du jour. » Il y avait en effet 750 spectateurs jeudi 20 mai, le public étant à nouveau accepté avec une jauge limitée à 800 spectateurs.

Après plus de six mois sans public, le bruit des tambours, bongos et autres « clapper » nous avaient presque manqué. L’ambiance atypique d’un match de basket a vite repris ses droits. Il a surtout permis à ­Nanterre de débuter la rencontre, en menant très rapidement 9 à 0 puis 31 à 17 à la fin du premier quart-temps.

Pascal Donnadieu avait prévenu ses troupes avant le match. « J’ai très peu parlé de basket, nous raconte-t-il en conférence de presse. J’ai surtout insisté sur l’état d’esprit. Si j’ai senti cette année un groupe parfois passif, sans qu’ils ne soient de mauvais garçons, ils ont été ce soir très impliqués, agressifs, conquérants. » Dans le deuxième quart-temps, les Nanterriens ont poursuivi sur un rythme d’enfer. Portés par l’entrée de Johnny Berhanemeskel, les locaux menaient à la mi-temps 59-40. Un confortable matelas au tableau d’affichage.

Seul petit hic du soir, la légère baisse de régime dans le troisième quart-temps, qui voyait les visiteurs revenir à 11 points. «Je l’ai trouvé interminable, confiait Pascal Donnadieu. Il faut avoir la faculté de ne pas se relâcher et c’est à ce moment que j’ai trouvé les joueurs très sérieux ».

Si la performance collective est à saluer, un joueur représente particulièrement la magnifique rencontre du Nanterre 92. Il s’agit ni plus ni moins du capitaine, suppléant pour les Jeux Olympiques de Tokyo cet été avec l’équipe de France, Isaïa Cordinier.

Rendez-vous compte, l’arrière français a réalisé un triple-double impressionnant avec 20 points inscrits, 12 passes décisives et 11 rebonds. Une performance rare dans le monde du basket. Alors qu’il traversait pourtant une saison plus difficile qu’à l’accoutumée, Isaïa Cordinier a rappelé à tout le monde qu’il possédait un talent qui pourrait lui permettre de jouer en NBA. « Je sors d’une période difficile ces derniers mois et je veux juste remercier mes coéquipiers et le staff, réagissait l’intéressé en conférence de presse. Ils ont toujours eu confiance en moi, savaient de quoi j’étais capable et aujourd’hui ça a payé. Je sais que l’équipe a besoin que je sois bon pour se donner les meilleures chances de gagner des matchs. Ils m’ont poussé. »

La performance majuscule de ­Cordinier, mais aussi l’expérience de l’Australien Brock Motum (21 points, 9/13 aux tirs) et le bon match de Alpha Kaba ont fait sombrer Pau-Lacq-Orthez, qui s’est définitivement écroulé dans le quatrième et dernier quart-temps. A six minutes du terme, le meneur de jeu Chris Warren enchaînait trois paniers à trois points de suite, et enflammait les spectateurs du palais des sports Maurice Thorez. Les dernières minutes n’étaient plus qu’une formalité, pour une victoire finale 115 à 77.

« J’ai fait mes petits calculs, résumait Pascal Donnadieu, et j’ai considéré qu’avec 13 victoires, le maintien était définitif et acquis. Raisonnablement, avec 12, ça doit passer. On a 11 victoires, il faudra aller en chercher deux autres. » Deux jours après le succès contre Pau, samedi 22 mai, les Nanterriens ont fait un pas de plus vers le maintien en enchaînant un deuxième succès consécutif sur le parquet de Roanne (66-77).

Face à une équipe qui retrouvait elle aussi son public, les Nanterriens ont été en difficulté dans le premier quart-temps (22-10 pour Roanne). L’entraîneur de Nanterre l’avait prédit deux jours plus tôt en conférence de presse : « Contre Roanne, ça sera un autre contexte, ils retrouveront eux aussi leur public. Je pense que sur la fin de championnat, cela aura une réelle importance. » Les Nanterriens ont pourtant trouvé des solutions pour revenir dans la rencontre. L’une d’elle se nomme Marcquise Reed.

Face à son ancien club, l’arrière a remis son équipe dans le sens de la marche (15 points), également soutenu par Isaïa Cordinier et Brock Motum. Le troisième quart-temps, maîtrisé de bout en bout, a permis au Nanterre 92 de s’assurer une fin de match paisible. Ce douzième succès en championnat sent bon le maintien pour l’équipe de Pascal Donnadieu. La dynamique actuelle pourrait-elle permettre de revoir les ambitions à la hausse ?

« J’ai la fâcheuse tendance de toujours regarder au-dessus, répondait le capitaine Isaïa Cordinier après le match à domicile contre Pau. Il faut prendre des victoires contre des concurrents pour le maintien, et après si on fait le job, on pourra regarder vers le haut du classement. » Prochaines étapes les matches contre Orléans et Le Mans, devant un public à n’en pas douter au rendez-vous.

CRÉDIT PHOTO : HÉLÊNE BRASSEUR