« Je reviens, je te bute ! ». Le 7 avril 2021, un jeune homme alcoolisé menace de mort un gérant de moto-école, après lui avoir fracassé une bouteille de bière sur le crâne. D’après la victime, ces violences feraient suite à un mauvais regard. L’agresseur, arrêté dix jours plus tard, comparaissait pour l’ensemble de ces faits devant le Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre, le 2 juin dernier.

« La victime a abondamment saigné, avant de chuter au sol », explique la présidente du tribunal à l’audience, avant de s’adresser au prévenu : « Le tout, pour un motif inexistant… ». Agacé par ce relaté des faits, l’homme, grand consommateur de bières, se dresse dans son box et tente de se victimiser : « Par rapport à votre vision des choses, cela peut paraître inexistant… Mais, il était très provocateur et agressif ».

Victime, d’après les experts du tribunal, d’un trouble neuro-psychique,
le prévenu aurait été en proie à un syndrome de persécution. Une pathologie, qui expliquerait sa tendance à inverser la charge de la culpabilité et à se placer en position d’offensé. « Si c’était encore légal, je l’aurais pris en duel, lâchera tout fier le prévenu, au débit de paroles difficile à suivre. C’est comme cela que j’aurais bouclé l’affaire, au pistolet ou à l’épée ».

Déçu de n’avoir réussi à impressionner le tribunal, le prévenu fait soudainement appel à son droit au silence, s’affale sur son siège et boude les bras croisés. C’est alors son casier judiciaire et l’expertise psychiatrique qui vont parler à sa place. Déjà condamné pour violences avec arme, l’homme comparait avec la circonstance aggravante de la récidive.

Traumatisé après l’incendie de la maison familiale, l’accusé aurait basculé dans l’alcool, et la drogue. Le tout, avant de partir en retraite spirituelle au Népal. « Je ne sais pas si monsieur s’occupe de sa spiritualité, mais ses confrontations avec la civilisation ne sont pas exceptionnelles », ironisera le procureur, qui requerra trois ans de prison dont 18 mois avec sursis.

« Monsieur a clairement un trouble neuro-psychique, plaidera l’avocat du prévenu. Son propre père parle de délires… Mais, il n’a qu’une seule mention sur son casier, il n’a donc pas l’habitude de régler ses problèmes par la violence ». Le tribunal le condamnera à 18 mois de prison dont six avec sursis, auxquels s’ajoutera la révocation de son précédent sursis de 4 mois. « Ok, ça marche ! Merci madame la juge », lancera le prévenu à l’énoncé du jugement, presque guilleret.

CRÉDIT PHOTO : LA GAZETTE DE LA DÉFENSE