A peine entré dans le box des accusés, le prévenu doit déjà accuser le coup d’une première sentence. Le parquet a décidé de révoquer deux de ses sursis, accumulés ces derniers mois, notamment pour des menaces proférées contre un agent de la RATP. Avant même son jugement pour un délit routier, ­mercredi 12 mai, au ­Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre, le jeune homme sait donc qu’il risque au minimum un séjour en prison de treize mois.

Une menace de révocation, qui aurait dû agir sur lui comme une force de dissuasion. Au contraire, il n’aura pas hésité à enfourcher deux jours plus tôt la moto de grosse cylindrée d’un ami pour un rodéo sauvage en pleine rue, brisant ainsi la tranquillité du quartier Baconnets, à Antony. Les policiers, avertis de multiples rodéos urbains les jours qui ont précédé, sont sur place et repèrent le jeune homme non casqué. Ils filment alors ses dangereuses accrobaties, à l’heure de la sortie des écoles.

« Sur le moment, je n’y pensais pas, ma passion c’est la moto », raconte le prévenu, qui rentrait d’une après-midi sur un terrain de cross. « Vous auriez pu tuer quelqu’un, vous savez ? », tente de lui faire prendre conscience la présidente du tribunal. « Je sais qu’il y a des risques », lui rétorque-t-il tranquillement, avant de répondre par la négative à la question d’une des assesseurs sur son permis moto.

« Je comptais m’inscrire, mais je n’avais pas les moyens jusque-là », arguera-t-il. Ayant abandonné son bac en électrotechnique en classe de 1ère, le jeune homme n’a pas de vie professionnelle stable. « Maintenant, j’ai trouvé une formation et je vais commencer en septembre », promet-t-il, afin de contrebalancer son parcours scolaire calamiteux. « Désolé, mais en septembre, vous serez en maison d’arrêt », tacle la présidente du tribunal.

En dépit d’une précédente condamnation à cinq mois de prison ferme pour des faits identiques, le prévenu avait assuré durant sa garde à vue ne pas savoir que le rodéo urbain constituait un délit. « Quel dommage d’en arriver à 21 ans avec un casier aussi fourni, avec des stages par-ci par-là sans trouver sa voie », s’est désolée la procureure, avant de requérir six mois de prison ferme.

« Bien sûr, ce sont des faits désagréables pour les riverains », a admis son avocat, préférant tabler sur un stage de sensibilisation à la sécurité routière à l’hôpital de Garches connu pour soigner les accidentés de la route. Le tribunal optera lui pour la répression, en suivant à la lettre les réquisitions du parquet.

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