Tout commence le 3 mai dernier, avant 22 heures quand la police est dépêchée au sud de l’esplanade de la Défense, pour porter secours à un sans domicile fixe éméché, allongé la tête en sang devant le restaurant Bioburger de l’espace Oxygen. L’homme dit avoir été attaqué à coups de couteau et de bouteilles par un groupe de sans-abris qui ne lui est pas inconnu.

Après leur méfait, les assaillants auraient fui par la station de métro. Une description sommaire de leur physique suffit à une patrouille pour les repérer peu après. Les policiers tombent alors sur deux hommes et deux femmes, dont une, petite-amie de l’autre, ayant assisté à l’altercation sans y prendre part.

Déférés au tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre mercredi 5 mai dernier, les trois compères accusés de violences aggravées vont pouvoir compter sur la vidéo-surveillance pour faire valoir une autre version des faits. Car, c’est en vérité la victime qui a déclenché l’altercation sanglante en provoquant le groupe d’amis et en donnant un coup de pied à la jeune prévenue.

De là, s’en suivirent, dans une certaine confusion un échange de claques et des jets de bouteilles, avant l’avènement du point culminant de la rixe : un coup de couteau suisse porté à la gorge de la victime par la jeune femme de 34 ans. Une estocade potentiellement fatale, dont la dangerosité a continué d’échapper à la prévenue durant l’audience.

« S’il était mort, cela n’aurait été qu’un accident », minimisera-t-elle, avant d’expliquer ses liens tumultueux avec son agresseur. « Un jour, on était dans un parking. Il avait essayé de me toucher, alors on l’a banni de la Défense ». La victime aura, elle, avancé un motif de bagarre bien plus vénal : le vol d’un bijou depuis porté disparu.

Largement alcoolisés – « tout le monde avait à peu près 1,10 gramme », se désolera la présidente du tribunal – les protagonistes n’hériteront pas tous du même sort. « On s’étonne que monsieur D. n’ait pas été mis en cause », regrettera l’avocate des deux hommes dans le box, accusant la victime d’avoir arraché les dreadlocks de l’un et jeté l’autre du haut d’un escalator.

Une stratégie payante, les deux seront relaxés. Ayant usé d’une arme blanche pour se défendre, six mois de prison assortis d’un sursis probatoire de deux ans, ont en revanche été infligés à la jeune femme, aux gros problèmes d’alcool et au casier mentionnant déjà une condamnation pour violences aggravées.

CREDIT PHOTO : ILLUSTRATION/LA GAZETTE DE LA DEFENSE